Le dilemme du tunnel dans Atlas Shrugged

Selon moi, un des passages les plus marquant d'Atlas Shrugged, c'est le dilemme du tunnel. Je vais tenter de l'abstraire[1]. Je ne sais pas comment formaliser exactement ce dilemme en un jeu formel. Ce n'est d'ailleurs pas le but ici. J'espère garder les détails important et uniquement cela[2]. Une fois présenté, je tenterai de partager de maigre réflexion que ça m'inspire.

Notes

[1] J'avais tenté de le décrire en détail. Il est inutile de suivre ce lien pour comprendre le billet actuel

[2] il a été très dur pour moi de savoir exactement ce qui était important ou non.

Le jeu

On parle d'ici d'un jeux à n+2 joueurs. Dans l'histoire, je crois que n était environ 300. Un des joueurs est un politicien influent. Un autre est le mécanicien du train. Les n autres joueurs sont des passagers. Un des buts implicites de chaque personnages et de ne pas mourir (et que sa famille reste vivante aussi). Un but plus explicite est d'arrivé à la destination du train le plus rapidement possible.

La situation est la suivante: le train peut rouler, mais cela tuerait la totalité des gens à bord du train avec une certitude quasi-absolu. Le mécanicien est le seul au courant. Il tente de prévenir le politicien influent, qui refuse d'écouter.

Les coups possibles

Le politicien

Le politicien joue le premier tour. Il a deux choix. Attendre, ce qui le fera arriver très en retard et probablement perdre une élection. Ou bien donner l'ordre de rouler. Selon lui, cela lui permettra d'arriver à l'heure et d'avoir ses chances d'être élu. Selon le mécanicien, il décédera.

Le politicien a le pouvoir de faire condamner le mécanicien à mort si celui-ci semble avoir désobéï. Dans le livre de Rand, le politicien étant un imbécile. Par nature, tous les politiciens le sont, les gens inteligents sont des industriels. Donc, il refuse d'écouter et donne l'ordre de rouler, sans quoi le mécanicien sera condamné à mort.

Le mécanicien

Le mécanicien a plusieurs solution. Il peut refuser de rouler. Auxquels cas il y a n+1 personnes vivante. Tout le monde sauf lui. Lui sera condamné à mort.

Il peut aussi s'enfuire sans démarrer la machine. Il verra alors sa famille condamné à sa place.

Il peut accepter de rouler et tuer tous les gens dans le train. S'il reste dans le train qui roule, il meurt avec eux. Sa famille recevra une pension.

Il peut descendre du train une fois celui-ci lancé. S'il se fait passer pour mort sa famille aussi aura une pension. Il devra vivre en cachette. Mais aura quand même de meilleur chance de survie que s'il est condamné.

Avant de mettre le train en marche, il peut prévenir autant de passager qu'il veut. Ceux qui écouteront et descendront du train seront sauvé.

Les passagers

Si le train reste sur place, les passagers n'ont aucun choix à faire. Dans le cas où le train part et où ils ont été prévenu du risque, chaque passager à deux choix. Mentir et déclarer que le train a redémarré sans eux. Faire croire qu'ils sont vivant «par hasard», car le train est parti sans eux. Ou bien dire la vérité à la compagnie de chemin de fer. Qu'on les a prévenu, et que le mécanicien savait totalement qu'il allait tuer tous les passager du train.

Implicitement, on peut supposer que le premier passager qui trahit peu espérer une récompense. Cette information permet de rejeter la faute sur le mécanicien, au lieu que ça soit sur la compagnie. Dans ce cas, le mécanicien - ou s'il n'est pas trouvé sa famille - sera condamnée à mort.

Le mécanicien s'attend à ce que n'importe quel passager sauvé le dénonce[1].

Conclusion

Le mécanicien de Rand prend donc la décision de faire rouler le train, condamnant à mort la personne qui l'a explicitement menacé de le faire éxecuter, ainsi que les n autres personnes qui risquait fortement de le faire executer en représaille de la mort du politicien.

S'il n'y avait pas la décision initiale et absurde du politicien, alors j'aurai probablement considéré qu'il était du devoir du mécanicien de se sacrifier pour sauver 300 vies[2]

D'ailleurs, selon

l'auteur, le mécanicien serait près à le faire en cas de danger imprévisible, inhérent au travail manuel. Mais il refuse car le danger est prévisible, et donc que ses contraintes éthiques sont différentes.

La différence, il me semble, vient qu'un autre joueur peut changer son choix. Le politicien peut décider de sauver non seulement lui-même et les n passagers. Mais aussi le mécanicien et sa famille. Cette diffèrence fait que selon moi, l'action du mécanicien est justifiée.

Et pourtant, sur ces n=300 vies, il y a peut-être des gens qui n'auraient pas dénoncé le mécanicien. Le mécanicien ne les connaissant pas, il ne peut pas savoir qui sont ces personnes. Elles sont donc condamné à mort par crainte de la dénonciation des autres. Ce qui reste aussi dur à accepter.

Analyse de ce choix

Je suis assez surpris. Plein de billet de blogs trouvé sur le web parlent de se livre. Un certain nombre de texte mentionnent ce passage. Pourtant, je n'ai vu aucune analyse, aucun texte explicant pourquoi le mécanicien aurait du agir autrement.

J'ai bien vu des gens disant que c'est un exemple extrème des résultats de l'égoïsme qui fonde la philosophie de Rand. Et effectivement, le résultat, c'est que Rand justifie 300 morts. Son ouvrage tue implicitement l'immense majorité des américains, des villes comme de la campagne. Mais là, elle même déclare explicitement que 300 personnes sont tuées, et que le mécanicien n'a pas commis de faute. Clairement, il y a un côté repoussant dans cette idée. Et j'imagine qu'il n'est pas besoin de justifier pourquoi 300 morts sont une mauvaise chose.

Mais j'aimerai bien voir une discussion expliquant pourquoi ce mécanicien devrait accepter de mourir quand il suffirait que le politicien ne menace pas de le tuer pour que tout le monde reste en vie.

P.S.

Voici une liste de simplification que j'ai effectuée.

  • En réalité, le politicien ne menace jamais d'éxecuter qui que ce soit. C'est simplement très fortement sous-entendu.
  • Encore plus précisément, dans ce livre, être au chomage revient à être condamné à mort. Il n'y a aucune aide à attendre, en terme financière ou de dons de nouritures. Le pays est en crise et la nouriture manque. Par ailleurs, il n'est plus possible de trouver un travail sans être pistonné. Si quelqu'un d'influent est contre lui, il n'aura plus jamais de travail. Le politicien peut donc se contenter de faire mettre le mécanicien au chomage. La mort viendra d'elle même.
  • J'ai omis un intermédiaire entre le politicien et le mécanicien: toute la bureaucratie de la compagnie. Il doit y avoir plus de 5 niveaux différents. Le but de chaque niveau est de pouvoir rejeter la faute sur le niveau inférieur, et de refuser de prendre la responsabilité transmise par le niveau supérieur. Sachant que le politicien a directement appelé le patron de la compagnie. La compagnie peut recevoir l'ordre d'augmenter les salaires/baisser le prix des billets. Renvoyer/condamner le mécanicien est donc un sacrifice fait par la compagnie dans le but de calmer la fureur du politicien.
  • Le problème exacte est: il y a eu un accident, la locomotive normale est cassée. La seule locomotive disponible rapidement fonctionne au charbon. Ils doivent passer sous un long tunnel, dont la ventilation n'est pas assez forte pour évacuer la fumée. Faire passer cette locomotive sous le tunnel condamnera tous les passagers à l'asphixie. L'administration envoie deux ordres indépendant: faites parvenir la locomotive à charbon jusqu'au train. Faite parvenir le train de manière sure à sa destination. L'administration à l'intention de dire qu'elle n'a jamais donné l'ordre de faire passer la locomotive à charbon sous le tunnel, et n'est donc pas responsable.

Notes

[1] Rand lui donne raison. Dans son roman, elle explique pourquoi chacun des passager est coupable. Car ils partagent tous le point de vue du politicien et sont tous opposé aux principes fondateur de l’Amérique, c'est à dire: le dollar. J'estime que ce passage est totalement inutile, et ne change absolument rien à ce dilemme.

[2] Par défaut, j'imagine que sauver une vie pour en sauver 300 est socialement un bon choix. Mais j'ai déjà parlé du dilemme de tramway ailleurs.

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