Être bi ?

Aujourd'hui, c'est la journée internationale de la bisexualité. L'occasion idéale de parler de ce sujet. Je crois.

D'abord, pourquoi parler de ce sujet ? Déjà, pour lutter contre l'invisibilisation des bis, faire savoir qu'ielles(on?) existent(ste?), un bi n'est pas un homo qui assume pas totalement ou un hétéro cherchant à être cool. Et puis parce que je remarque que l'étiquette "gay" me reste accolé alors même que ça doit faire plus d'un an que je ne dis plus l'être[1]. Et si la plupart du temps ça m'est aussi égale que quand quelqu'un me dit "madame" par erreur, parfois, c'est ennuyeux.

Note

[1] À part aux élèves en IMS pour simplifier.

En fait, si, il y a une raison pour laquelle ça m'énerve qu'on me dise "madame", c'est qu'après la personne me fait perdre 30 secondes à expliquer pourquoi elle s'est trompé, et à s'excuser, s'excuser de quelque chose qui n'est pas une insulte. À ce sujet, côtoyer des non-binaires à un effet étrange; quand ils me demandent si je suis aussi non-binaire, je me retrouve par contraste à m'"affirmer" homme. Alors qu'en vrai, je ne tiens pas le moins du monde à m'affirmer homme. Mais je ne tiens pas non plus à m'affirmer non-binaire, vu que je ne comprend toujours pas ce que c'est[1]. Et que se dire "homme" c'est beaucoup plus pratique quand on a 28 ans d'habitude sous cette étiquette.

Je disais donc, cette étiquette de gay, que je me suis mis il y a plus de 10 ans, c'est parfois ennuyeux. Parce que ça influe parfois de manière non voulue sur ce que les gens vont supposer de moi[2], ou vont penser que je pense d'eux. D'abord, parce qu'une fille cis s'imagine que ça va me déranger qu'elle me touche et qu'on fasse des trucs ensembles parce que j'étais gay[3]. Prenons l'exemple des cordes; je trouve qu'attacher est un jeu; donc refuser d'attacher quelqu'un à cause de son genre me semblerait aussi étrange que de refuser de porter quelqu'un en acrobatie à cause de son genre[4].

Ce qui pose en fait la question de savoir bi... quoi comme prefixe ? Bisexuel, biromantique, bicalin(on peut inventer), bi...

Je peux aller plus loin dans les soucis que ça cause. Si je m'intéresse à une personne non-binaire qui me croit surtout gay, ielle pourrait croire que ne vois/ne suis intéressé que par une partie d'eux, que par la partie que je considérerai comme masculine. En particuliers avec les non-binaires assigné homme à la naissance. Et avec une femme trans, ça serait encore pire.

Et puis, ce passé en tant que gay influence aussi la manière dont je me vois; de manière assez étrange, ça m'a retenu de faire des avances à une fille qui me plaisait et qui pourtant semblait s'intéresser à moi aussi, parce que j'étais surpris qu'une fille me plaise. Et pourtant, quelqu'un dont le travaille de recherche tourne entre autre autour de Terry Pratchett ne peut être que quelqu'un de génial !


Bref, juste avoir retiré l'étiquette gay ne suffit pas, l'expérience montre que l'utopie de pouvoir dire "je ne veux pas d'étiquette" ne fonctionne pas, il faudrait peut-être en mettre une autre. De toute façon, la biphobie se fout de savoir si la personne concerné se dit bi, pan, donc autant choisir l'étiquette moi-même avant de me la retrouver coller de force.

De manière consistante depuis un moment, je considère que quelqu'un est homo/bi/pan/hétéro/un homme/une fille/agenre/furry/geek/otaku/arbre... si et seulement si cette personne dit l'être[5]. Comme je me dis pas bi, je le suis pas. Fin de la discussion... Ou alors je me dis bi et je le suis. Comme disait un ami logicien, cette question n'est pas décidable. Donc, je suis pour l'auto-définition, ça évite de se poser des tas de question sur l'autre, on part du principe qu'il se connait mieux qu'on le connait, et basta. Mais sur soi-même ça marche pas trop.

Bon, déjà, je suis pas pan. La définition que j'ai le plus entendu indique que quelqu'un de pan est quelqu'un qui s'intéresse à tout les genre de manière indifférent, alors que moi je vois le genre des gens, et il ne m'indiffère pas. Encore que j'ai pu avoir une pan me demander quel était le sexe d'une personne agenre dont je lui parlais; ce qui me fait supposer que tous les pans ne sont pas totalement indifférent non plus. (Mais, pan ou pas, je trouve la question assez choquante; quel peut bien être l'importance des organes génitaux d'une personne ?)

D'un côté, mon intérêt physique se porte principalement sur les gens d'apparence masculine ou androgyne. Ce qui aujourd'hui implique un fort biais vers les hommes. S'il n'y a personne de féminin qui m'attire, ça me parait étrange de me dire "bi". À part à redéfinir "bi" en "attiré par les hommes et les non-binaire", mais je vais pas y gagner niveau clarté. D'un autre côté, je prétend ne pas faire de différence entre amour et amitié, et je ne pense pas faire de différence chez mes amis en fonction du genre, par transitivité, je ne devrai pas faire de différence en amour en fonction du genre.


Ce qui revient à la question plus haut, je parle de quelle orientation ? Car à force d'avoir mélangé toutes ces notions, d'amour, d'attirance et de sexe, c'est pas clair. Point de vue attirance, je l'ai déjà dit plus haut; elle va principalement vers les gens masculins ou androgyne, donc peu vers les filles.

Point de vue sexuel, je réalise que ça dépend de ce qu'on appel sexuel. Parce que si les cordes sont un art et un jeu, pour beaucoup c'est considéré comme une pratique sexuelle. D'un autre côté, d'aucuns pensent que sexe=pénétration, d'autres répondent que le dîner en tête à tête peut déjà être un début de la pratique sexuelle. Sans savoir où se trouve où se trouve la limite entre les activités "sexuelle", et les "non sexuelle", comment se dire bisexuel ? Car il est possible de telle pratique, on l'envisage plus avec des gens de tel genre, et tel autre pratique avec des gens de tel autre genre. Mais ça redevient complexe. En plus, je ne suis pas sûr que cette distinction soit plus pertinente que de dire qu'il y a des trucs qui sont mieux à faire avec des gens qui pèsent 50 kg et d'autres qui sont mieux à faire avec des gens qui en pèsent 110.

Finalement, point de vue amour... Si j'ai dit que définir le sexe c'est compliqué, l'amour, c'est pire. Il y a un an j'écrivais être aromantique. Si c'est le cas, alors la question de biromantique ne se pose pas. Mais en un an, j'ai évolué. Et si je ne comprend toujours pas le fait d'avoir envie d'être en relation amoureuse, je ne rejette pas l'ami avec qui les choses se rapprochent assez pour être qualifié d'amour. Ça semble être ce qui s'appelle le demi-romantisme. Et c'est cohérent avec mon idée que l'amour est juste une forme évolué d'amitié. Pour le dire de manière différente, je n'appuie pas sur B lorsque
"Amitié évolue !
Félicitation ! votre amitié évolue en Amour !"

Bref, si une relation amoureuse avec une fille n'est pas quelque chose que je recherche, c'est étrange de se dire (demi-)biromantique. Mais comme ce n'est plus quelque chose qui me semble inenvisageable[6], dire (demi-)homoromantique serait tout étrange. Et ceux, sans même prendre en compte le fait que je me sois rapproché de personnes non binaire, ce qui fait que dire "homoromantique" est, de fait, faux.


Tout ça pour dire, bon courage aux bis dans leurs (nos?) luttes. C'est horrible les étiquettes, c'est trop compliqué ! J'en arrive même à comprendre les non-binaires qui le sont car ils ne comprennent pas leur genre. Mais faites gaffes aux étiquettes, on peut vouloir les enlever ou les recouvrir, mais c'est dur à enlever, et pas possible de recouvrir correctement !

Notes

[1] Ce qui ne m'empêche pas, j'espère, de me comporter correctement avec eux.

[2] Je ne parle pas d'homophobe là.

[3] et pourtant elle a bien conjugué le verbe être au passé

[4] Ceci dit, beaucoup m'ont dit "désolé, je n'attache que des filles". Je ne sais pas s'il y en a qui n'attachent que des garçons, vu qu'on ne m'a jamais dit "désolé, je n'attache que des garçons."

[5] Je fais juste une exception pour les titres, ainsi, si je vois un Docteur (en médecine), je tiens à ce qu'il soit reconnu comme tel, car c'est une garantie pour ma santé. Mais ça ne m'empêchera pas de dire "Docteur" si je croise Matt Smith, ou de dire "Professeur" à François Rollin.

[6] Le plus probable étant en se rapprochant d'une amoureuse d'un de mes amoureux-se.

Commentaires

1. Le mercredi 23 septembre 2015, 20:28 par Athreeren

"Si je m'intéresse à une personne non-binaire qui me croit surtout gay, ielle pourrait croire que ne vois/ne suis intéressé que par une partie d'eux"
Si tu pouvais expliquer ce que tu comprends à la non-binarité ça m'intéresserait. Parce qu'autant je comprends bien le problème pour une femme trans, autant pour une personne non-binaire je ne vois pas. Vu le nombre d'identités non-binaires qu'on peut trouver, il est peu probable qu'une personne de genre Z rencontre souvent des personnes spécifiquement Z-sexuelles. Donc soit elles se limitent aux personnes pansexuelles (mais je pense qu'il y en a moins que le nombre de personnes qui accepteraient d'avoir des relations avec des personnes non-binaires), soit elles considèrent qu'une étiquette n'est qu'une indication, surtout quand c'est l'autre personne qui vient vers elle. Évidemment, ça laisse le problème de ceux qui sont attirés par elles pour de mauvaises raisons, comme tu le soulignes plus loin avec ton interlocutrice pan.

"Et pourtant, quelqu'un dont le travaille de recherche tourne entre autre autour de Terry Pratchett ne peut être que quelqu'un de génial !"
Lien ?

"Mais ça ne m'empêchera pas de dire "Docteur" si je croise Matt Smith"
Oui, parce que tu est tellement proche de Matt... Tu as déjà rencontré Peter aussi ?

Ne coller aux gens que les étiquettes confirmées marche difficilement pour le genre. Je ne vois pas comment ne pas avoir une approche bayésienne du problème et y aller à l'instinct quand plus de 99% de la population est cis, qu'il est extrêmement difficile de ne pas genrer une phrase en français, et que la plupart des gens s'offusquent quand on leur demande leur genre.

"Mais, pan ou pas, je trouve la question assez choquante; quel peut bien être l'importance des organes génitaux d'une personne ?"
C'est très simple : la personne refusant de se donner un genre, j'imagine que ton interlocutrice souhaitait obtenir des informations pour le faire pour elle et la faire entrer dans ses schémas mentaux, quitte à nier son identité. C'est effectivement choquant.

"Pour le dire de manière différente, je n'appuie pas sur B lorsque
"Amitié évolue !
Félicitation ! votre amitié évolue en Amour !""
S'il te plaît, utilise cette métaphore en IMS, et fais-nous un compte-rendu.

Il me semble que le plus simple pour toi serait de te dire pan, et si tu plais à une femme, tu n'as pas à te justifier si tu ne veux pas être avec elle. De tout façon, tu sais plus ou moins ce que tu veux avec chaque personne, donc l'étiquette n'est pas pour toi, mais pour la façon dont tu veux que les autres te considèrent.

2. Le mercredi 23 septembre 2015, 21:32 par N

Salut,

Oui je crois que les gens veulent (parfois à tout prix) savoir quel est le genre (ou l'orientation sexuelle, le sexe de naissance, etc.) de quelqu'un... parce que tout le monde (homme, femme, agenre...) se bat (au moins à l'adolescence) pour réussir à (di)gérer toutes ces étiquettes (et ces faits biologiques), du coup en sachant que quelqu'un est un homme (né homme, de genre homme, de sexe homme ?), on sait qu'en gros il a dû affronter tel ou tel apprentissage, donc on en sait plus sur lui. Donc on veut le savoir.

3. Le jeudi 24 septembre 2015, 10:18 par woody

Bonjour,

Les étiquettes, c'est pour la pédagogie (tu fais
bien de te dire gay en IMS) et la présentation rapide, pas pour
embrasser complètement ce qu'est une personne. Ce contre quoi il faut
lutter, ce ne sont pas les étiquettes, mais la croyance qu'elle peuvent
être utilisées pour décrire précisément les gens. Ton post montre bien
qu'elles ne peuvent pas y arriver. L'idéal serait de pouvoir se coller
une étiquette pour la présentation rapide, mais que les gens n'en fasse
pas une case dont il est impossible de sortir. Beaucoup de boulot
d'éducation, c'est pas pour 2020 à mon avis. En attendant, si quelqu'un
demande une étiquette, ça peut aider d'avoir une réponse prête type:
-- Tu es homo- ou hétéro- ?
-- J'ai tendance a être plus attiré par les hommes, mais me dire
homo- ou bi- serait un peu réducteur/imprécis.

4. Le dimanche 4 octobre 2015, 05:57 par Arthur

@Athreeren (avec pas mal de retard à répondre)
Je ne comprend pas grand chose aux non binaire. Ce que j'en comprend, j'avais tenté de l'écrire ici: http://www.milchior.fr/blog/?post/a...

Par contre, je sais que la question que j'indique c'est posé, je ne l'invente pas. Même si elle n'a pas semblé importante.

Je n'ai pas de lien, désolé.

J'ai pas compris la question sur Peter Smith.

Et non, je ne pense pas utuliser cet exemple en IMS, tout simplement car ça ne concerne pas un sujet que j'y aborde. La question de tomber amoureux est assez général, pas spécifique aux questions LGB ou T.

5. Le vendredi 9 octobre 2015, 20:32 par LCF

"J'ai pas compris la question sur Peter Smith."
Il parlait de Peter Sellers.

6. Le samedi 23 janvier 2016, 07:51 par Athreeren

Peter Sellers ? Tu es sûr que Tu ne confonds pas avec Peter Cushing, le Docteur dans le film non canonique ? Non, je parlais de Peter Capaldi.

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