Mon approche positiviste du genre.

J'ai adopté une méthode, récemment, que je m'en vais vous livrer. Je l'appelle l'approche positiviste du genre.

J'ai repensé à cette méthode hier, durant une discussion avec la personne assise à côté de moi, au concert le Laurent Viel: D'Éon dit... Le chevalier. Spectacle que je vous conseille très fortement d'ailleurs, ne serait-ce que parce que c'est une histoire captivante sur de belles musique. Et que ce personnage historique ramène à des sujets bien contemporains.


Je parlais donc de mon approche positiviste du genre. En vrai, je ne suis pas sûr d'avoir vraiment bien compris ce qu'est le positivisme. Mais je suis sûr de ne toujours pas comprendre ce qu'est le genre. En même temps, je n'ai jamais participé à un cours d'étude du genre, donc c'est un peu comme si un étudiant en langue après un bac L me disait ne pas bien comprendre les mathématiques... C'est pas vraiment étonnant.

La différence, par contre, c'est que je rencontre peu de personnes qui sont des objets mathématiques dans la vie de tous les jours, alors que je rencontre beaucoup de gens, de tout un tas de genre.

Bon, tout un tas, c'est exagéré. Je connais des hommes, des femmes, (trans et cis), genderfluid, genderqueer, agenre, bi/trigenre, et j'ai fait le tour... Même si j'y comprend rien. J'ai bien lu à ce sujet, j'ai discuté avec ces gens.

J'ai d'ailleurs discuté de tout un tas de sujets. Ce qui m'intéresse quand je parle avec quelqu'un, c'est pas tant de savoir le genre de la personne, que de savoir s'il/elle/... aime les maths[1]. Et, étonnament, c'est pas car quelqu'un est agenre, par exemple, que la notion de genre l'intéresse... Au contraire, je connais quelqu'un d'agenre que la notion de genre désintéresse totalement, et, de son point de vue, c'est tous les autres qui s'y intéressent, et qui se font fort de lui rappeler sans arrêt que, pour eux, iel a le genre masculin.

J'ai employé des tas de mots, plus hauts, genderfluid, genderqueer, agenre, bi/trigenre. J'aurai aussi pu rajouter genderfucker[2], pangenre...

Ben, en vrai, je vais vous dire, j'y comprend rien. Je sais pas ce que ça veut dire. Ce à quoi ça correspond pour une telle personne. Je comprend l'intérêt que ces idées peuvent avoir pour une démarche militante féministe, pour casser les codes, pour remettre des choses injustes en causes. Mais ici, ce n'est pas un combat, c'est une identité. Et comme j'ai la chance d'être un mec cis (option facile du jeu de lavie), ben, j'ai pas eu à me poser tant de question sur mon identité. Tout ça, ça ne me parle pas.

Pas plus qu'un neutron, un proton ou un éléctron. J'y comprend pas grand chose, j'ai pas d'intuition... mais ça m'a pas empêché de suivre les cours de physique du lycée et de répondre aux exercices en appliquant les méthodes qu'on nous a donné. Et, si, j'ai bien compris, ça empêche pas les chercheur de faire des raisonnement, car il se trouve que, en pratique, quand on mesure, ça marche de supposer que l'univers est fait avec ces objets...

Alors, finalement, je fais pareil. J'ai pas compris. Mais j'applique les méthodes qu'on m'a donné. Quelqu'un-e veut que je mette des tirets, que j'alterne entre l'accord au masculin et au féminin, que j'évite tout mot à l'oral qui indique un genre... Pourquoi pas. Si ça leur fait plaisir. En fait, c'est même amusant comme jeu, un peu oulipien.

J'y comprend pas grand chose, je sais pas si ce que j'ai compris est correcte, mais ça marche. Ça me permet d'avoir des amis proches non binaires, et visiblement, je ne pense pas trop m'avancer en disant que ces gens sont biens avec moi aussi. Donc, sans comprendre, ça me suffit. :D

Notes

[1] j'exagère... un peu

[2] Oups, je m'ai gourré, ça s'est le spectacle de Florence Foresti, MotherFucker

Commentaires

1. Le dimanche 7 juin 2015, 20:00 par Typhon

Juste, les écoute pas trop quand ils parlent de grammaire.

J'évite de râler trop sur le sujet parce que je sais qu'on m'écoutera pas, et comme ma conclusion est "parlez comme vous voulez", ça peut paraître oiseux.

Mais en général, les gens racontent n'importe quoi sur la langue et la grammaire, et les militants féministes ne font pas exception à la règle.

(Et j'insiste, c'est pas les nouvelles façon de parler en tant que telles qui me dérangent, c'est le discours qui les accompagne)

Aussi, je vois pas le rapport avec le positivisme.

Typhon

2. Le lundi 8 juin 2015, 00:59 par Athreeren

"En même temps, je n'ai jamais participé à un cours d'étude du genre"
J'en ai cherché en ligne (et gratuits) il y a quelques mois de cela, mais je n'ai rien trouvé de satisfaisant, c'était toujours "x ou y étudié sous l'angle du genre", et jamais une explication des concepts de base sur le sujet. Et je sens que cette méconnaissance m'empêche de parler de ce sujet, car je serai forcé de mettre les pieds dans le plat, au risque de blesser la personne car c'est généralement un sujet sensible pour ceux qui le comprennent bien. Et pourtant, comme mes lectures sur le sujet ne m'éclairent pas beaucoup, je sais que je ne pourrai pas comprendre sans discuter avec des personnes non-cis. Et j'ai du mal à appliquer des règles dont je ne comprends pas le sens.

Typhon, le sujet m'intéresse, donc si tu te sens motivé d'écrire une diatribe, je prendrai plaisir à la lire.

3. Le lundi 8 juin 2015, 17:50 par Arthur

Au cas où je n'ai pas été clair, je n'applique les règles d'accord que quand je m'adresse à ces personnes ou parle de ces personnes. J'applique peu ces règles dans la vie de tous les jours, à part si c'est un texte qui parle de genre ou de sexisme.

Si un morceau de mon discours te dérange, je suis ravi de te lire, tu le sais, même si on est pas en accord. C'est même tout l'intérêt du débat.

Pour ce que j'ai compris du positivisme, on abandonne - au moins pour le travail - l'idée d'une vérité et d'un sens profond. On se contente de voir ce qu'on peut faire, comment on peut le faire, et des résultats qu'on obtient en retour.

Et bien, pareillement, j'abandonne l'idée de chercher un sens au genre, je me contente d'agir comme il faut, quand ça concerne une personne ayant un genre non conventionnel. Et ça suffit.

Athreeren, bon courage. :p

4. Le mardi 9 juin 2015, 22:33 par Typhon

J'hésite un peu à écrire de façon extensive sur le sujet (j'avais commencé un billet sur le sujet y a longtemps, jamais fini).

D'abord j'ai un peu de mal à être pédagogue sur le sujet, je ne le maîtrise pas entièrement, c'est facile de se retrouver à raconter n'importe quoi. Il faut que j'apprenne encore pas mal de choses (et pour moi c'est un sujet parmi tant d'autres. J'ai trop tendance à me disperser du reste).

Ensuite, le féminisme, le genre et les sujets connexes sont des sujets qui attirent des tripotées de crétins de tout poils près à en découdre. C'est pas forcément un terrain sur lequel j'ai envie de m'engager.

À ce compte là, je pourrais éviter d'en parler tout court au lieu de faire des remarques vagues. En général c'est ce que je fais mais des fois je craque.

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