Mes relations (anarchiques) n'ont ni début :), ni fin :(

Je tiens à préciser, avant tout, que ce billet n'est en aucun cas représentatif des relations polyamoriques en générale, ni des relations anarchiques. Pour ceux qui connaissent ce milieu, c'est même un truc souvent répété, il n'y a pas de relation typique. Donc si on peut en conclure quoi que ce soit de négatif, ça sera sur moi et pas sur la notion de poly en général.

Un truc que j'ai trouvé, et trouve encore, magnifique avec ce milieu, c'est que les relations se créent «Sans aller chercher plus loin»; pour citer le titre d'une magnifique chanson de Barthelemy[1]. En effet, je me souviens, ça doit dater du lycée, plusieurs garçons me plaisaient. Et même si, timide, je n'osais rien faire de ça, je me demandais comment je me débrouillerait dans un monde où les deux seraient aussi intéressé (et faisait le premier pas. Vu que par symétrie, il doit bien y avoir quelqu'un qui fasse le premier pas, alors pourquoi pas l'autre. Moi j'étais trop timide, mais si des relations gays se nouent, c'est bien une preuve que des gays/bis non timide, il doit y en avoir.) Logiquement, dans ce monde très hypothétique ou deux de mes crush auraient été réciproques, j'aurai pas eu d'autres choix que d'accepter le premier qui se déclare pour ne plus être célib'. Puisque je n'aurai pas eu moyen à ce moment là de savoir qu'un deuxième se révélerait plus tard. Mais choisir le premier est une méthode assez absurde de choix.

En particulier, une fois que l'un de ses crushs qui n'ont jamais eu lieu commencerait à se concrétiser, ça m'interdirait d'en créer d'autres. Donc, ce moment de création de relation serait important en ce qu'il affecterait les possibilités envers les autres. Une remarque en passant, je ne jure pas que je pensais en ces termes au lycée, mais je crois que c'était pas bien loin, au niveau de la formalisation des humains en tant qu'algorithmes à comprendre. À part que j'avais un langage bien plus formel, poli et châtié que celui que j'ai aujourd'hui. Bref, le simple fait de se dire avec quelqu'un n'était donc pas une décision à prendre à la légère. Ce qui me serait confirmé plus tard quand je voyais des camarades d'études me parler de leur relation à distance. En effet, ils sont forcé de rompre cette relation avant de chercher quelqu'un de local.

Et le côté, que je trouvé génial dans la polyamory, c'est que il n'y a plus cette grande importance à savoir si on est en relation avec une personne ou pas. Parce que, si A[2] et B sont en couples ça n'affecte pas de tierce personne; à part peut-être leurs enfants, mais c'est une question dont je me soucie assez peu.

Je ne sais pas qui est capable de compter précisément son nombre d'amis, moi j'en suis pas capable. Et de même, je ne serai pas capable de dire combien j'ai de relations. Après, il y a quand même des indices qui me mènent à croire que je suis en relation avec certaines personnes. Par exemple, on m'a dit que si une personne passait le balais ou l'aspirateur chez moi[3], c'est qu'on était en relation. Comme autre critère, je peux me dire que si je fais assez confiance à quelqu'un pour lui laisser vivre chez moi pendant une semaine avec un double des clefs[4], le mot relation commence à être crédible. Enfin, si je suis invité en vacances chez les parents/que l'on s'embrasse devant les parents, c'est peut-être que c'est une relation. Mais même en admettant que tout ces gens là sont des relations, je serai incapable de vous dire quand ces relations ont commencées.

Ces relations et moi avons discuté de ce qu'on avait envie de faire ensemble: une partie de go, des cordes[5], un diner vegan[6], un câlin, une escape room[7],... Mais, de mon point de vue, demander si on est ensemble ou pas n'aurait jamais eu de sens, ou en tout cas, jamais eu d'intérêt qui rende nécessaire de demander. Ça serait même très délicat de le demander, puisque je serai incapable de définir ce que j'entend par cette locution «sortir/être ensemble». L'unique truc sur lequel j'ai une exclusivité avec certains, c'est les séries. J'écoute Night Vale avec une personne et n'avancerait pas sans iel. Et à fortiori, je n'avancerai pas avec d'autres. Mais «quelqu'un avec qui j'écoute une série que j'ai pas encore finit» c'est une définition du couple qui me semble étrange.


Quand je disais que je commençais à découvrir les relations, j'ai dit à quelques amis que, logiquement, je découvrirai sous peu les chagrin d'amour[8]. Pour l'instant, la seule rupture pour laquelle j'ai pleurée qui ne soit pas une mort, c'est celle du duo que je formais pendant 6 mois. Il ne s'agissait pas d'une relation, mais il s'agissait d'un truc auquel j'ai accordé beaucoup d'importance, avant que ça ne s'arrête par manque de temps. Avant que l'autre moitié du duo ne dise explicitement qu'il arrêtait.

Cela fait un an et demi que j'ai commencé à dire que je découvrirai la rupture. Pour l'instant, ce n'est toujours pas fait. Chaque médaille à son revers. Je disais en long, large et travers que la relation poly/anarchique telle que je la connais et telle que je la vie, n'a pas de début. Par une symétrie toute logique, elle n'a pas non plus de fin. Ou plutôt, elle n'a pas de fin marquée, contrairement à la fin du duo. Ainsi, quelqu'un m'a récemment[9] demandé comment allait un homme que j'avais ramené au club cirque, et que certains prenaient pour mon copain sous prétexte que quand on ne faisait pas d'accrobaties on se prenait quand même dans nos bras. Il n'y a pas de moment précis où je peux dire qu'on a arrêté d'être ensemble, puisqu'on était pas ensemble de base. Pourtant, pour reprendre ma tournure utilisée plus haut, il y a des indices. Le fait qu'on ne se soit pas vu depuis plus d'un an, qu'il devait venir plusieurs fois à Paris et ne l'a pas fait. Que, après une rapide vérification auprès d'une amie commune, j'ai su qu'il n'était pas mort[10], mais juste très occupé, et bien, je pense que la conclusion: on n'est pas/plus ensemble, est assez légitime.

Il est très perturbant de ne pas savoir si la relation est finie ou pas. Et il est encore plus troublant de ne pas être capable de dire précisément pourquoi c'est perturbant. D'abord, je ne suis pas capable de répondre à la personne qui me demandait des nouvelle de celui qu'elle croit être mon copain, mais pas non plus de lui dire que j'ai rompu, ce qui est assez étrange. Une autre question, à laquelle je suis incapable de répondre, est: comment je réagirai s'il me disait qu'il était de nouveau à Paris ? Aurai-je encore envie de le voir après être resté si longtemps sans nouvelle ? Et je sais même pas pourquoi je me pose la question. Quand des amis fait en 2008 au Québec passent à Paris, je suis ravi de les revoir, même si on a pas forcément discuté tous les ans depuis. Alors, si je prétend ne pas donner d'importances spécifiques aux relations, il n'y a pas de raison que je réagisse différemment pour cet ex-relation.

Soit dit en passant, ce n'est pas un cas isolé. Après tout, quelqu'un qui romp sans rien dire, il ne serait pas le premier. Le monde mono regorge de gens qui partent chercher des cigarettes. Je remarque que, pour tous les gens dont je me suis rapproché puis éloigné, la démarche est à peu près similaire. J'avais cru commencer une relation avec une personne adorable, puis iel a arrêté de venir chez moi. Je la croise encore, mais je n'ai pas réussi à savoir s'il y avait une raison pour cet arrêt. Et même sans les gens que je vois à domicile, si je reprend l'exemple des cirqueux donné plus haut, il y en a plusieurs qui sont parti de la région parisienne, même si je les appréciais, je ne suis pas persuadé que je les recroiserai tous. Et on n'a jamais vraiment discuté de cette question.


La conclusion logique de ce billet est sûrement que je suis très mauvais en communication, et en relation inter-humaine. Mais ça, ça n'a rien de nouveau.


P.S.[11] ce que vous venez de lire est, pour une raison que je ne m'explique pas, le billet le plus dur à écrire de ce blog. Cela fait des mois qu'il traine dans les brouillons, et qu'il a été réécrit de fond en comble de plein de manière différentes. D'ailleurs, une autre version sortira probablement, mais vous ne serez peut-être pas capable de savoir que c'est une autre version tellement le contenu est différent. En particulier, depuis l'écriture du billet, mes relations ont évoluées; ce billet ne reflète pas cette évolution; j'estime que, dans l'hypothèse où ce billet ait de l'intérêt pour qui que ce soit[12], c'est l'état d'esprit et la réflexion qui le rendront intéressante, et pas l'état de ma vie sentimentale à un moment précis.

Notes

[1] Cherchez pas, c'est une vieille chanson, pas sur le net. J'ai la chance que Bathelemy m'ait offert ses deux premiers cds. Encore un chanteur qui n'a vraiment pas le succès qu'il mérite !

[2] J'ai voulu marqué $A$. C'est grave ?

[3] Et n'était pas payé pour, je suppose, ni de la famille.

[4] J'ai très envie d'écrire un billet sur la confiance inter-personne, c'est une notion que je trouve très étrange.

[5] deux manière de restreindre les libertés sans loi antiterroristes

[6] je n'ai fait de plat de viande à aucune personne avec qui je suis en relation aujourd'hui.

[7] Sérieusement, c'est super galère à organiser une escape-room; réussir à obtenir des disponibilité de plein de gens à la fois, quand on a déjà du mal à voir ces gens séparément !

[8] Non ! Cliquez-pas ! C'est une chanson, comme tous les autres lien. Mais c'est pas une chanson que je conseille.

[9] récemment au début de la rédaction du billet, i.e. il y a pleins de mois.

[10] Ce qui serait une explication possible pour une absence de réponse.

[11] Étonnament, la version originale de cette chanson ne semble pas être trouvable en ligne.

[12] Je suis honnêtement totalement incapable de prédire quels billets vont intéressé des gens.

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