Blog personnel d'Arthur Milchior

BDSM

Je ne compte pas le nombre de gens intéressés par le SM, mais qui n’y connaissent rien, avec qui j'ai discuté sur grindr. Qui trouvent impressionnant les photos de shibari que j’ai, alors que tu verras bien plus impressionnant dans n’importe quel rope jam. Des gens qui imaginent que si j’ai déjà pratiqué du fist, je pourrai les fister d’un coup d’un seul le premier jour où on se voit alors qu'ils ont jamais travaillé leur culs (non, la sodomie ne compte pas). Qui n’ont jamais entendu parler des munchs, ces lieux de socialisation de la communauté BDSM.

Et quand je leur parle de tout ça, certain·e·s de mes interlocuteurices sont super intéressé·e·s. Me disent n’avoir aucune idée qu’il existait tant de lieux où se former. Ou rencontrer d’autres personnes intéressé·e·s par le SM.

Certain·e·s sont effectivement allé en munch. D’autres semblent très intéressé·e·s par se former, mais on pas forcément les sous, ou la possibilité de sortir aux heures des cours, ou le courage d’entrer dans ce monde effrayant. Mais au moins savent maintenant que ça existe.

Et je me demande pourquoi les gens qui se croient safe laissent tout ces débutants, qui savent pas mieux, se faire utiliser par les gens qui sont à l’aise sur grindr s’ils pensent qu’on est forcément des connard abuseurs.

Suis-je un abuseur

Selon moi, non. Ces gens là sont venus sur grindr dans le but de trouver des plans. Je profite de mes connaissances pour leurs donner envie, les séduire, et avoir des rapports avec eux. Je ne crois pas que ça soit abuser d’eux que d’offrir ce qu’iels demandent.

J’ai souvent lu qu’une tactique des abuseurs est d’isoler leurs victimes. Y a au moins ça pour ma défense, quand j’encourage à aller en munch ou en cours, j’espère que les partenaires sociabiliseront.

Je crois certes que je bénéficie de leur manque de connaissance. Que s’iels connaissaient les milieu BDSM depuis un moment, je serai pas forcément leurs choix numéro un. Ils ratent des potentiels partenaires géniaux car ils ne sont pas dans le bon milieu. Ceci dit, refuser de coucher ensemble ne leurs apporteraient pas de bons partenaires en plus. Donc, en termes conséquentialiste, je ne vois pas de raison de ne pas le faire. Je peux dire qu'il serait mon devoir de les mettre au courant que d'autres lieu de rencontre de partenaire existent. Et je le fais, qu'on baise ensemble ou pas. Il est certains que je m'investirait plus pour un·e partenaire régulier·e que j'ai appris à aimer que pour un·e inconnu·e avec qui j'ai discuté 10 minutes. Des gens timides peuvent vouloir mon aide pour oser aller en bar SM, en munch, ou autre. Et je n'accorde pas mon temps à tou·te·s. Mais je leur accorde à tous ma connaissance. Je ne pense pas avoir d'obligation morale d'en faire plus pour les éduquer.

Le côté féminin

Mes photos de profils jouent souvent sur le côté féminin. J’aime la masculinité, mais je sais pas la performer correctement. En tout cas pas pour intéresser les mecs gays virils. Alors que, en robe, avec du vernis, des bijoux, j’arrive à attirer des personnes queers, des lesbiennes. Et aussi des mecs hétéros qui sont là car les mecs sont plus simple.

Et aussi, au moins une fois par mois, des mecs sont venus me trouver car ils voient que sur mes photos je porte des robes, du vernis, et qui y voient un certain attrait, qui me font part du fait qu’ils aimeraient faire de même. Parfois, ces gens se disent “sissy”, ou “trav”. Parfois ils n'ont pas de labels mais aimeraient porter plus ces attributs féminins parce qu’ils se sentent sexy dedans. Et la plupart du temps, pas systématiquement, en discutant, je réalise que ces gens là se disent sissy ou trav parce qu'ils n'ont jamais connu de personnes trans. Parce que leurs seuls connaissances d’une personne qui a un pénis et qui met des vêtements féminin passe par le porno. Je viens de demander à une “sissy” si elle aimerait être une femme. Pas juste porter une culotte volée à sa mère, mais pouvoir sortir dans la rue, et que si elle va s’acheter un pain au chocolat, la vendeuse lui dise “madame” parce qu’elle est vue comme une femme. Cette sissy me répond que ça serait son rêve. Je me permets de faire la supposition que cette sissy de 19 ans qui est venu voir le profil d’une personne de deux fois son âge, mais qui assume une certaine forme de féminité, se révélera finalement être une personne trans. Et elle n’est pas un cas isolé.

Quand on se rencontre, je leur propose d’essayer ce qui leur plairaient pour être plus “féminine”. Déjà les genrer au féminin. J’ai quelques fards à paupières, vernis, long socks, collants. J’aimerai bien proposer robe, jupe, mais malheureusement comme je fais du XXXL, la plupart de mes rencontres flotteraient dedans. Ou, dans les rares cas où la personne semble assez safe, j’offre de leurs présenter des potes transfem, pour un plan à trois ou juste pour discuter.

Certes, pas mal de gens finissent par supprimer leurs comptes. J’imagine parfois que les peurs dont elles me faisaient part durant les discussions ont pris le dessus. J’ignore ce qu’ils deviennent. S’ils transitionneront ou pas. Mais comme les potes femmes trans que j’ai vu transitioner m’ont souvent fait part du qu’elles portaient des robes plusieurs années avant d’officiellement transitionner, je ne suis pas étonné de ne pas voir nos discussions où je tente de les rassurer avoir d’effet immédiat. (Je suis persuadé que les mecs trans portaient des pantalons bien avant leurs transition, mais ça n'a pas le côté aussi transgressif que de porter des robes)

Statistiquement, je m’attends quand même à avoir parfois eu raison. À ce qu’il y ait des jeunes œufs. Et si certaines personnes pensent que toutes les personnes qui apprécient grindr, tel que moi, sont des danger public, je suis assez effaré qu'elles laissent leurs sœurs n'avoir que nous pour guider leurs premiers pas.