Comment je me suis retrouvé coincé par les normes des groupes queer au point de n'avoir d'autre choix que d'en partir

Je pensais que j’étais relativement doué pour arriver à communiquer avec les gens avec qui je suis proche. Plus que le cliché du mec moyen qui ne sait pas gérer ses émotions. Je réalise que je me suis partiellement gourré. J’ai aucune idée de comment communiquer quand je me sens mal en milieu queer. Là où l’avantage du milieu gay étant que comme les gens se parlent de base pas, y a pas de question de communication. J’avais écrit récemment que j’avais souvent l’impression de marcher sur des œufs; si quelque chose ne vas pas, là, j’ai carrément l’impression d’être coincé dans un lot d’exigences contradictoires.

Examples

Je vais donner quelques exemples.

“Je déteste les hommes”

Une personne avec qui j’ai eu quelques relations sexuelles et SM écrit “Je déteste les hommes.” et plus tard “les hommes me font peur”. Oui, je comprends entièrement que son expérience des applis de rencontre et même de fetlife est totalement différente de la mienne, et que la totalité (ou presque? je sais pas) des gens qui viennent la harceler, lui parler sans lire son profil, lui faire perdre du temps, lui étaler leurs fantasmes sans son consentement sont des hommes. Moi-même, à plus petite échelle, je suis parfois désespéré par les utilisateurs de grindr, quand bien même j’y reste car tous les ans je rencontre quelques pépites. Cependant, en tant que mec, je ne peux pas me sentir à l’aise d’interagir avec quelqu’un qui dit détester les hommes. J’essaye plus ou moins de rigoler. En écrivant ce billet, je redécouvre que je lui avais répondu: “la prochaine fois qu’on se verra, je te dirai “boo” pour te faire encore plus peur!” Et en message privée, je demande à la pote si elle veut que je supprime toutes les photos que j’ai prises d’elle durant nos plans, histoire qu’elle sache que même en cas de souci, je suis encore moins un risque pour elle (sauf si le souci est qu’elle a pas de copie de sauvegarde de ses photos). Ce sur quoi elle tente de me rassurer en disant que son poste ne me concerne pas.

Je ne vois pas comment être rassuré. Je sais bien que des gens de ce groupe de pote m’avaient dit “cis entre guillemet” car ne croyant pas vraiment que je suis un homme. J’ai quand même peur que si un moment ça ne va plus, je redevienne juste une preuve de plus qu'il ne faut faire confiance à aucun mec, et que le fait que je sois un mec était bien la preuve qu'elles n'auraient pas dû me faire confiance. Que je me retrouve à être plus suspecté qu’autrui. Je vais prendre un exemple de chose qu’une pote transfem me fait, que je pense serait inacceptable dans le sens inverse. je ne suis pas fan des fessées, mais une amante continuait de me donner des petites fessées. C’était suffisamment petit pour ne pas me gêner, mais j’ai jamais consenti à ces fessées. En soit, ça ne me gène pas vraiment, je trouve ça plutôt mignon, et je dirai même qu'en terme de jeu de domination, c’est très excitant. Mais si la situation était inverse et que c’était moi le mec cis, qui faisait ça à elle, une femme trans, j’imagine difficilement que j’aurai encore été le bienvenu dans nos milieu en communs.

Sauf que je n’ai aucune idée de comment parler de la peur que je ressens quand je lis que sa détestation des hommes; et encore plus quand je lis tous les gens qui répondent à son poste en disant la comprendre et partager sa détestation - parce que c’est littéralement du “not all men”, et c’est tabou dans nos milieux.

Les hommes et le viol

Encore plus gênant, je ne sais pas comment me placer quand la discussion concerne le fait que je respecte le consentement d’autrui.

Je suis mal à l’aise si on me signale que j’ai respecté le consentement de mes partenaires

Par exemple, une amie m’avait dit, si je me souviens bien, que j’étais le seul mec cis avec qui elle a couché qui ne l’ait pas violé. Un ex avait sorti qu’il réalisait combien il était chanceux d’avoir découvert le SM avec moi quand il voit comment pleins d’amis ont été abusés par des prédateurs qui chassaient les jeunes nouveaux/elles. Ce n’est PAS un compliment. Je dirai même que plus ça va, moins je suis à l’aise d’entendre ça. De m’entendre rappeler que la classe de référence à laquelle on m’associe en tant que mec cis, que rigger et que sadique, c’est les violeurs et les abuseurs. Je pense que c’est à peu près le seul truc qui a pu me faire hésiter à me prétendre non-binaire; pas que je sens mon genre différement, juste que ça limiterait peut être les risques que ça recommence. Je trouve ça d’autant plus injuste que c’est tellement plus dur d’être sadique/rigger que masochiste/model. Quand je me fais fouetter ou attacher, je peux juste laisser mon corps au sadique. Pour pouvoir attacher et faire mal à autrui, j’ai passé des dizaines et des dizaines d’heure, probablement plus d’un millier d’euros, juste pour apprendre à être un partenaire qui soit à la fois agréable et réduisant les risques! Et avec tout ça, je ressens par compersion la joie de mes partenaires, mais je ne ressens même pas le plaisir intense que peut m’apporter le fait d’être le maso ou le modèle!

Mais le malaise sur lequel je m'étends ci-dessus est illégitime. Après tout, ces potes ont été violés. Ou en tout cas sont entourés de gens qui l’ont été. Ces potes me font assez confiance pour en parler ouvertement avec moi. Être mal à l’aise d’être comparé à ces violeurs n’est rien en termes de violence par rapport à être violé. Je sais malheureusement qu’au moins une pote, probablement plus, a été violée plus de fois que je n’ai été comparée à ces violeurs et agresseurs. C’est tellement illégitime comme malaise que même la phrase précédente est absurde à écrire, je compare des choux et des bombes atomiques.

Pire, je finis par utiliser moi-même cette classe de comparaison. Ainsi, quand une pote parle d’un dom qui semble un sacré connard, je ne peux m’empêcher de me dire qu’au moins, je n’ai pas certains des défauts qu’elle liste. Déjà, je ne suis pas de droite. Quand on me fait un retour, je tente de m’adapter. Certes, je n’ai pas été parfait. Une fois j’ai dépassé une limite fixée par cette pote, j’ai fait une blague uro. Je savais qu’elle refusait tout jeu uro, mais je n’avais pas compris que même mentionner en rigolant l’absence de jeu uro la triggererait. Ce n’est que plusieurs heures plus tard que j’ai appris qu’en fait même le fait de blaguer à ce sujet franchissait sa limite. Mais une fois que je l’ai compris, je ne l’ai plus refait, et je n’ai pas tenté d’expliquer que ma démarche était justifée et qu’elle aurait pas du s’offusquer, comme il semble l’avoir fait quand elle disait à son dom que certaines actions qu’il avait la mettait mal à l’aise.

Mais cette comparaison est conne. Même si je suis, selon mes propres critères, plus cool que son dom, ça n’est en aucun cas suffisant pour indiquer quoi que ce soit de bien à mon sujet. Ça indique simplement que je n’ai - heureusement - pas tous les défauts du monde.

Et je suis mal à l’aise si on ne prend pas en compte le fait que j’ai respecté le consentement de mes partenaires.

Et je sais mes envies contradictoires.

Une amante m’a récemment expliqué qu’il était normal que je sois soupçonné d’abuser d’une amante qui a 16 ans de moins que moi. J’aurai aimé répondre que, malgré tous les partenaires que j’ai eu dans notre cercles social, personne n’a pour autant que je sache considérer que je l’ai abusé, et ça me semble quand même être quelque chose à prendre en compte.

Alors, bien sûr, toutes mes séances n’ont pas été parfaites. Une fois j’ai dû couper des cordes car quelqu’un avait mal et je n’arrivai pas à l’ouvrir, j’ai clairement merdé mon nœud. Ceci dit, j’ai pas hésité une seconde à découper. Une autre fois, quand j'étais à un cours de fouet, je n'arrivais pas à bien viser les fesses et j'ai trop souvent touché le coccyx. Je ne dis pas que ce n’est rien, et je peux totalement accepter que quelqu’un ne veuille plus jouer avec moi car je ne suis pas assez techniquement doué. Mais c’est différent que de supposer que je veuille outrepasser le consentement de mes partenaires, là où je me suis systématiquement arrêté quand on me l’a demandé.

Certes, quand des partenaires ont signalé vouloir s’arrêter, il m’est arrivé de demander clarification. De demander si la personne voulait arrêter une pratique précise ou la séance entière. De demander si la personne disait vouloir que je la détache bientôt, ou être détachée immédiatement.

Sauf que je ne pense pas pouvoir dire “mais enfin, je n’ai abusé personne”, de répeter tout ce que j’ai dis au dessus! Après tout, le fait de s’arrêter quand son partenaire le demande est une action que tout le monde devrait faire, la question ne devrait même pas se poser! Si je signale que je le fais, c’est suspect. C’est comme si je pensais avoir fait plus que le minimum qu’on peut s’attendre d’un rigger, d’un sadique.

Sauf que je sais bien que ce minimum là n’est pas tout le temps fait. Et qu’en tant que mec cis on me met par défaut dans la classe de ces abuseurs. Donc ça apporte réellement de l’information que de dire que des ex-partenaires peuvent attester que j’ai été respectueux. Même de dire que des partenaires me conseillent à leurs autre partenaires comme quelqu’un avec qui expérimenter et jouer! Et d’ailleurs, encore heureux que souvent les compliments de mes (ex-)partenaires sont bien plus positifs que juste dire que je ne les ai pas violé·e·s.

Techniquement un viol

Je ne me sentirai pas de dire que je n’ai pas violé pour une seconde raison. Tout le monde n’est pas d’accord sur la définition de viol. Et si je n’ai jamais rien fait sans penser avoir le consentement de la personne au moment de l’action, il existe des définitions plus restrictives qui sont moins clair pour moi.

Par exemple, certain·e·s considèrent que quelqu’un ne peut pas consentir s’iel est son état est altéré. Que ça soit par la prise de drogue (en particulier l’alcool), ou encore quand læ partenaire est dans le subspace et n’est plus capable de réaliser les propositions qu’on lui fait (en particulier, si læ partenaire est un·e débutant·e, qui découvre les joies du shibari)

À Paris, à Berlin et à Anvers, j’ai baisé dans des bars gays, dans des soirées gays, qui disposaient aussi d’un choix d’alcool certain. Il ne fait aucun doute pour moi que sur les centaines de personnes qui m’ont baisée, il y avait des gens qui avaient bus. Il y avait des gens qui avaient consommé des substances que je ne connais même pas. Et honnêtement, j’en ai rien à fiche. Si tu viens dans un lieu explicitement dédié à la baise, que tu me passes ta bite, je vais servir ta bite. Je vais pas draguer un mec bourré dans un bar normal, mais si t’as décidé toi même de venir dans ce lieu de débauche, je ne vais pas te rembarrer. Pire, je vais probablement même pas échanger un seul mot avec toi, donc pas te demander ce que tu as consommé. D’ailleurs, même sans considérer les questions de consentement, j’ai déjà fait énormément d’activités en lieu gay sans demander l’avis des autres gens. Tout le monde touche tout le monde. Dans la salle de pisse, tout le monde pisse sur les gens qui signalent vouloir qu’on leur pisse dessus. J’ai un pote passif, je lui ai mis un doigt dans le cul par surprise et fait lécher après le sperme que j’avais récupérer de ses fesses. J’aurai pas fait ça à n’importe qui, mais avec lui je me suis permis car je le connais, je sais que c’est quelque chose qui l’excite, dont il est demandeur. Et d’ailleurs il en était visiblement content. Le week-end dernier, dans la dark room de DarkLands, vu le nombre de gens qui attendaient le cul à l’air, sans regarder qui venaient enculer, je pense qu'à peu près tous les tops de ce lieu seraient des violeurs selon la définition classique du terme. Et pourtant, c’était fait dans un cadre spécifique qui fait que ne pas demander au bottom sa permission me semble entièrement justifié. Quant au shibari, si aujourd’hui je demande avant d’attacher les gens s’iels souhaitent juste découvrir les cordes où s’iels voudraient aussi qu’on fasse autre chose, ça n’a pas toujours été le cas. Il y a 10 ans, personne ne m’avait jamais dit que le shibari pouvait mettre dans un état impropre à consentir, et donc quand des nouveaulles partenaires de cordes voulaient du sex, anal, oral, je n’avais aucun problème à le faire quand bien même on en avait pas discuté avant. Je ne me considère nullement comme un violeur après tout ce que je viens d’écrire. Si quelqu’un refuse de jouer avec moi à cause de ces informations, c’est totalement légitime.

Je ne fais que protéger ma pote

Une pote s’intéressait aux jeux anaux et demandait conseil. Comme déjà expliqué j’ai, entre autres, conseillé à la pote un prof que j’ai trouvé très cool. Parce que je pense qu’on profite mieux de son anus si on comprend comment il fonctionne. Moi même, je regrette d’avoir attendu jusqu’à mes 36 ans avant de vraiment me renseigner. Et je ne serai pas capable d’aider qui que ce soit autant que ce prof qui a vu des milliers d’anus et probablement des centaines d’élèves. Je ne connais quasiment que mon anus à moi. Une amie de ma pote a mis en commentaire que j’envoyais ma pote se faire violer. Ou pour être plus précis, elle parlait d’ “enfoncer une semi-remorque dans le cul sans consentement”. Plus tard dans la discussion elle indique aussi être une lionne protectrice, qu’elle agit ainsi pour le bien de notre pote.

Et j’admire la manœuvre de se positionner comme “protectrice”! Parce que je n’ai à peu près plus rien que je peux dire. Je veux du bien à notre pote commune. Je sais qu’il y a des gens qui cherchent à abuser des jeunes inexpérimentés, en particulier des femmes, qui profitent de leurs besoins d’affections. Si je disais à ma pote d’ignorer ou se séparer d’une personne de confiance expérimentée qui veut la protéger, ça serait le pire red flag possible. C’est un cliché hors du commun que quand tu sors avec un abuseur il te coupe de tes potes, de ton cercle social. Donc ouais, je veux que ma pote aille demander à son amie pourquoi elle a un “biais négatif” à mon sujet, et qu’elle éclaire sa décision de jouer ou non avec moi. Idéalement, je souhaiterais savoir la cause de ce biais négatif. Mais jusqu’à présent, j’ai été trop lâche pour aller demander directement à la lionne. Je ne peux même pas dire que cette lionne protectrice n’est pas douée. Elle est clairement une grande part de ce qui m’a fait décider de me retirer des lieux queers, donc elle est indéniablement efficace en terme de protéger les autres de moi.

J’avais réellement tenté de répondre de bonne foi, quand j’étais insulté, de tenter de demander des clarifications, d’expliquer pourquoi il me semble que mon conseil a du sens. Ma pote nous a répondu à tous les deux, en écrivant que c’était un désaccord intéressant. Elle nous explique aussi que, même si elle avait apprécié quand j’ai joué avec son anus, elle n’était pas intéressée par suivre ce conseil spécifique. L’amie de la pote a ensuite indiqué se retirer de la discussion. J’ai supprimé ma réponse, et ça a supprimé tout le fil de discussion. Peut être était-ce une bêtise. Une amie en qui j’ai énormément confiance me dit que c’est violent. En tout cas, c’est sûr que ça ne permet à aucune amie de se faire sa propre opinion une fois la situation moins tendue. Ça empêche aussi de réagir plus calmement plus tard. Je me suis donc excusé auprès de la pote; et lui ai demandé si elle voulait une copie de la discussion. Elle m’a répondu de ne pas m’en faire, ça arrive de se faire reprendre par son amie, ce n’est pas un drame.

Il n’empêche, si je me sentais libre de dire réellement ce que je pense avant d’être parti, j’intimerai à la pote de soit agir pour clarifier la situation, soit choisir entre nous deux. Je ne peux pas, pour mon bien être émotionnel, interagir avec une personne alors que ses potes m’accusent de tenter d’abuser d’elle. Parce que dire que j'envoie une pote se faire violer, c’est pas un “désaccord”, c’est une accusation. Quand ma pote dit que ce comportement de son amie “ça arrive”, c’est clair que ce n’est pas un cas isolé. Je refuse de m’exposer volontairement à une situation où ça peut se reproduire. 1. Soit on peut avoir une discussion posée, où l’on s’explique, en considérant que l’autre est de bonne foi et qu’on veut tous le bien de notre amie. 2. Soit j’ai la certitude que je n’entendrai plus un mot de l’autre personne à mon sujet. 3. Soit c’est moi qui me barre.

J’ai tenté la 1ère solution. Ça a échoué. Il faudrait que ma pote agisse pour que ça se fasse. La seconde solution, c’est couper une personne de sa protectrice, ce n’est pas envisageable de le demander. Il ne me reste donc que la 3ème solution: me barrer.

J’ai besoin qu’on protège ma réputation

Finalement, ce dernier exemple revient à cette simple affirmation. Je ne pense pas être un partenaire exigeant, mais si je joue avec quelqu’un, si quelqu’un veut qu’on soit partenaire régulier, j’ai besoin que cette personne accepte de protéger ma réputation si nécessaire.

Seulement si les partenaires jugent que la réputation méritent d’être protégée

Pour être clair, si quelqu’un pense que j’ai abusé d’ellui, je n’ai aucun problème avec la notion qu’iel en parle, le fasse savoir autour. Idéalement, j’aimerai aussi en entendre parler histoire de pas être surpris par des échos, histoire de comprendre où j’ai merdé. Pour l’instant, ce n’est jamais arrivé; et si je ne peux pas dire que tous mes partenaires ont trouvé que j’étais un amant fantastique, au moins je ne crois pas que quiconque trouve que j’ai été un connard.

Je dis “je crois” car honnêtement, je serai même pas surpris d’apprendre que des rumeurs circulent sans que je m’en doute. Dans un cadre différent, après cinq ans à militer contre les LGBTphobies dans les lycées, j’ai eu la très désagréable surprise d’entendre mon responsable me dire que six personnes se sont plaintes de ma façon d’interagir. Que je coupais trop la paroles, ne laissait pas assez le binôme s’exprimer. Je ne nie pas la critique. Une fois qu’on me l’a signalé, je m’en suis assez rapidement rendu compte quand j'interromps le binôme, et j’ai fait un effort pour me taire même quand j’avais envie de corriger ou compléter ce que disait le binôme. Mais, jusqu’à son email, je n’en avais jamais entendu parler; aucune de ces 6 personnes ne m’en avait touché mot. Je pensais être considéré comme un intervenant doué et avec lequel il était bon de placer un binôme débutant pour qu’iels voient comment quelqu’un d’expérimenté interagit avec une classe. C’était une grande part de mon identité. Et le fait que le responsable dise qu’il en a marre que tout le monde se plaint de moi depuis des mois et qu’il y a aucun progrès m’a appris que je peux largement me tromper sur à quel point je suis apprécié, en particulier en milieu queer.

Un exemple de fois où je sens qu’une pote me met en danger

Mais tant qu’un·e partenaire à rien à me reprocher; ou du moins rien qui selon ellui ne mérite de prévenir la communauté, je réalise que ouais, j’ai besoin que ces (ex-)partenaires fassent gaffe. Par exemple, il était prévu que j’attache et suspende une pote. Cette pote a dû annuler la séance à cause d’un torticolis. Mais, dans le tchat où on discutait et planifiait, elle a précisé que si je ne trouvai personne d’autre pour prendre son billet, elle se forcerait à venir. Elle s’en voulait, car c’était la 2ème fois qu’elle devait annuler une séance de shibari pour des raisons indépendantes de sa volonté et avait visiblement peur que ça change mon rapport à son égard. Ce qui est assez ironique, parce que ce qui a changé mon rapport à son égard, ce qui m’a fait paniquer je dirai même, c’est le fait qu’elle dise, publiquement qui plus est, qu’elle se forcera pour moi. Je lui ai dit que non seulement ça ne m'intéresse pas de jouer avec quelqu’un qui n’en a pas envie. Je prend mon plaisir en tant que rigger/sadique par comperson seulement. Mais surtout

rien qu'en terme de réputation, s'il y a bien un truc dont j'ai pas envie c'est que je force un·e partenaire, en particulier plus jeune, moins expérimentée, à faire des choses qui lui font pas envie.

Elle s’est re-excusé de devoir annuler. Pas d’avoir sous-entendu devant autrui qu’elle pense que je voudrais qu’elle se force!

Avec le recul, j’ai la certitude - c’est peut-être red flag - que ce qui m’a le plus fait paniquer, c’est le fait qu’elle en parle dans une conversation à plusieurs. Je sens réellement que son action est un danger en termes de réputation et que la réputation est ce qui est le plus précieux dans notre milieu. Bien plus que les capacités techniques. Je n’aurai probablement jamais les compétences en termes de shibari qu’ont certains violeurs notoires, et je préfères largement être à ma place qu’à la leur. Mais si une amante laisse entendre à nos connaissances communes que je pourrai vouloir que quelqu’un se force, je me sens en danger. Et je ne crois pas avoir réussi à lui faire comprendre que, si j’ai décidé d’arrêter de jouer avec elle, ce n’est pas car parfois elle doit annuler une séance, mais parce que je ne veux même pas entendre dire que je pourrai vouloir que quelqu’un se force!

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