De l'avantage des plans grindr
Par Arthur Milchior le dimanche 26 janvier 2025, 00:45 - Orientation sexuel/romantique - Lien permanent
J'ai tendance régulière à me foutre de la gueule de pas mal de mec avec qui je parle sur grindr. Naturellement, il arrive à certaines personne qui m'ont entendu souvent me plaindre de grindr, de questionner ce que je fais encore sur cette app. Il est vrai que, quand un plan se passe bien, j'en parle moins. D'une part, parce que autant je peux me moquer auprès de tout le monde d'un imbécile. Par exemple, hier, le type qui m'a dit que j'ai une tête à voter Trump. Autant je peux difficilement parler d'un bon plan à quelqu'un sans que la conversation soit sexuellement explicite, ce qui n'est pas approprié dans tous les contexte.
Bref, je pense qu'il y a deux raison pour laquelle je reste sur grindr. La seconde, je ne l'ai comprise qu'aujourd'hui.
Il y a quand même quelques gens cools sur grindr.
La 1ère, la plus évidente, c'est que parfois le plan est bon. Et, rarement, je rencontre des gens vraiment doués que j'ai vraiment envie de revoir autant que possible. En 2024, je pense à 5 amants et une amante rencontrée sur grindr avec qui j'aimerai bien rejouer. Avec 3 d'entre eux, à priori, c'est prévu. J'ai aussi rencontré des gens avec qui j'ai sympathisé, avec qui on discute encore plusieurs mois après, mais qui veulent pas coucher avec moi. Systématiquement des personnes trans, allez comprendre pourquoi.
La raison de rester la plus évident est que ça me permet de faire ces rencontres que j'aurai pas forcément faites ailleurs.
Alors, certes, en terme de ratio gens cools/temps passé sur grindr, j'aurai peut être moyen d'être plus efficace. Je pense en particulier aux saunas gay, au bar gay SM et aux munchs. Mais je suis un flemmard qui aime bien être chez moi.
Pire, si j'ai un syndrome du sauveur, je me dis que c'est une bonne chose pour eux que je sois sur grindr. Si quelqu'un est curieux au sujet du shibari, je peux lui conseiller où prendre des cours pour faire ça bien. J'ai la prétention de croire que je peux faire découvrir le shibari de façon plus plaisante que la moyenne des gens grindr qui prétendent savoir faire du bondage. J'ai eu pas mal de retour de gens qui avaient été attachés par des gens qui faisaient n'importe quoi avec les cordes et faisaient super mal juste car ils savaient pas s'y prendre. Je suis loin d'être le meilleur rigger de Paris. Je pense que je suis au dessus de la moyenne sur le grindr parisien.
Une amante m'avait sorti que notre conversation était la plus cool qu'elle ait eu sur grindr. Ce qui est certes techniquement un compliment, mais pas bien prestigieux.
C'est pratique de rien avoir à foutre des gens
La plupart des plans culs que je rencontre une fois sur grindr, je m'intéresse moins à eux qu'à un hôte de caisse quand je fais mes courses. Je suis poli avec eux, je vais lui souhaiter une bonne année, échanger deux trois mots polis le temps qu'il scanne les articles, et puis basta. Je connais rien de sa vie, en tout cas rien de plus que ce que ces tatouages indiquent, et lui connaît rien de plus que ce que mes courses et mes pins indiquent. [1]
À l'échelle de la société, je préférai qu'on ait un revenu universel. Que si tu aies un problème, il soit normal de ne pas travailler et pas te retrouver sans domicile et sans nourriture. Je préférai pouvoir me dire que si la personne est en train de bosser, c'est que ça va pas trop mal pour elle, et peu s'assurer des conditions de travails intéressantes et pas précaire. Mais je ne vais pas par moi-même tenter de réparer individuellement la société, et d'aider ces inconnus dans leurs problèmes perso, même dans les rares cas où je serai pas trop incompétent pour.
Mon obligation envers la plupart des plans culs, c'est juste de leur mettre un mot si j'apprend que j'ai une IST.
Et je viens de réaliser que c'est quand même très relaxant. C'est cool de savoir qu'on est chacun pour son cul (ou son pénis) qu'on se fait du bien mutuellement et derrière aucune obligation.
Comment je l'ai réalisé
Il y a deux jours, une amie (avec bénéfice) a demandé un conseil sur fetlife. Quelqu'un de moins expérimenté que moi, et qui demande de l'aide pour progresser. J'ai donc écrit quelques conseils, qui me semblaient adaptée à sa demande, à ce que je connais d'elle après qu'on ait joué ensemble, basé sur mon expérience. J'ai écrit le conseil que j'aurai aimé recevoir quand j'étais à sa place, quand moi même je commençait à avoir une vie sexuelle et BDSM active.
Une amie à elle a commenté que, grosso modo, mon conseil était dangereux. En particulier, le bon conseil serait de prendre son temps pour découvrir son corps, progresser naturellement plutôt que de vouloir imiter ce qu'on voit les autres faire. C'est probablement un conseil très pertinent. Il y a très certainement des gens qui vont penser que son conseil est considérablement meilleur que le mien.
Ce conseil, je n'aurai jamais osé le partager, car j'aurai vraiment peur que ça fasse paternaliste. Autant, je suis à l'aise de répondre à une demande de conseils sur le sujet sur lequel le conseil est demandé. Autant j'aurai jamais osé dire que le but recherché est mauvais, trop peur que ça soit du man/cis-splaining. Quand bien même son but serait dangereux, je pense éthiquement que c'est à l'amie de décider avec quels risques elle est à l'aise. Mais même dans ce cas, je resterai coupable de ne pas avoir averti sur les risques. Bon, ce paragraphe est purement théorique. Je ne pensais pas mon conseil dangereux.
Mais je viens de la culture gay, qui est pas forcément saine de base, avec une volonté de montrer qu'on a plus réussi sexuellement que les autres mecs, une sorte de concours de bite, mais pas limité à la bite. Que tout ce que les autres sont capable de faire en sex club ou en ligne, on est nous aussi capable de le faire, on est pas moins doué. Ça m'est aussi arrivé de répondre des questions à des jeunes sur grindr qui étaient curieux d'en connaître plus sur tel ou tel pratique. J'ai répondu à mon amie de façon plus détaillé, parce que:
- sur fetlife je peux bénéficier d'un clavier. Grindr est limité au téléphone et c'est chiant de taper,
- pour avoir joué avec elle, j'ai une idée plus précise de ce qu'elle fait déjà que pour un inconnu,
- je l'apprécie est suis près à faire plus d'effort pour elle que pour un inconnu.
Ça fait deux jours que ça me travaille. En particulier, ça me tourne en boucle quand je m'endors. Je m'en serai beaucoup voulu de faire du mal à cette amie (en dehors d'une séance SM). Ou au moins, de pas avoir très clairement averti des dangers de mes conseils pour lui laisser décider par elle même ce avec quoi elle est confortable. Ou si on veut une version cynique à fond, dans un milieu où on s'échange des conseils sur avec qui on a passé un bon moment, ça aurait été désastreux pour mes possibilités de trouver d'autres amant·e·s dans ce milieu. J'ai cru deviner que son amie a conclu que ça m'allait de mettre l'amie en danger juste pour le plaisir sexuel, ce qui est clairement déjà signe d'une mauvaise réputation. Ce qui est faux, mais je peux difficilement prouver puisque savoir si quelque chose me va ou ne me vas pas est un état qui m'est interne. À la limite, je peux juste dire que, justement, quelques jours plutôt, j'avais écrit à cette amie pour tenter de clarifier ce qu'on ferait la prochaine fois qu'on se voit, parce que ce n'était plus clair pour moi de ce qu'elle voulait ou pas - ses envies changent pas mal - et j'aimerai être sûr de pas la violer parce que je n'ai pas remarqué qu'une de ses anciennes demandes n'était plus valide.
C'est littéralement le terme que j'avais employé sur whatsapp. Oui, y a clairement un déséquilibre de pouvoir dans la relation, auquel il faut que je fasse vraiment gaffe. Qui, selon moi, n'est pas bloquant, tant qu'on a tous les deux envies de jouer ensemble, c'est pas à moi de refuser pour son bien. Mais qui fait que j'ai besoin de plus de communication pour savoir quels envies sont encore actuelles et lesquels ne sont plus des envies présentement.
Ce matin au réveil, j'avais tout ça qui me tourne en tête. Et j'ai réalisé que, quand même, j'ai beau dire du mal de la plupart des mecs rencontré sur grindr. Une fois qu'ils sont parties, dans le meilleur des cas je repense à eux durant mes plaisirs solitaires. Dans le pire des cas, je les ignore. Et c'est quand même considérablement plus simple émotionnellement et intellectuellement!
Note
[1] Y a deux exceptions. Un caissier du sex shop IEM m'a fait signe sur recon qu'il se souvenait de moi. Même de quel plug j'avais acheté. J'étais impressionné. Malheureusement, il voulait juste dire bonjour, et pas jouer ensemble. Et sinon, au primeur d'en bas, y a un caissier super sexy qui est en permanence sur grindr. Malheureusement pour moi, il cherche des grands mecs virils, autant dire que je n'étais pas surpris qu'il ne réciproque pas la tap que je lui ai envoyé.