Coming out problématique II
Par Arthur Milchior le samedi 28 décembre 2024, 04:12 - Minorité - Lien permanent
Le 1er janvier 2024 j'ai fait mon premier coming out problématique. Je réalise que depuis lors j'ai eu encore plus de comportements qui seraient selon certaines normes qualifiées de "problématiques", et que j'assume. Donc voici la suite de ma liste.
Comme beaucoup des comportements problématiques que je raconte sont de natures sexuels, lisez à vos risques et périls.
J'apprécie toujours le terme sapiosexuel
Oui, j'ai lu plusieurs fois des billets, des articles, pour expliquer pourquoi il est problématique et que les gens qui l'utilisent sont élitistes, utilisent ça pour étaler leurs cultures ou leur intelligence.
Ce qui me semble toujours un peu étrange, car chaque fois que j'ai vraiment ressenti le côté sapiosexuel, ce n'est pas car je me sentais intelligent, mais parce que quelqu'un m'avait expliqué quelque chose, et que c'était suffisament bien fait pour que, malgré la difficulté, j'ai l'impression de comprendre et d'avoir réellement appris un sujet. Par exemple, This open problem taught me what topology is de la chaine Three Blue One Brown, un youtubeur de vulgarisation mathématiques.
Grant Sanderson, l'auteur, n'a pas prouvé ce théorème, ni créé la preuve. Par contre, il a créé les outils pour pouvoir la montrer visuellement, et écrit le texte pour que, en 27 minutes, je suis passé d'un problème qui me semblait insoluble et probablement super compliqué, à un problème dont j'ai l'impression d'avoir compris au moins les grandes étapes, et découvert des outils mathématiques que je ne connaissais pas. Et je ressens sincèrement un désir se créer pour ce youtubeur créé par cette nouvelle compréhension.
C'est probablement élitiste, la majorité des gens ne pourraient pas créer ça. Même dans un monde où les gens ont tout le temps qu'il veulent pour apprendre les maths, la programmation, à monter des vidéos, ils ne sauraient probablement pas comment expliquer aussi bien. Mais je ne vois pas d'autre terme que sapiosexuel pour ce sentiment.
Je pense que c'est similaire à l'attirance que des gens ont classiquement pour des musiciens, des chanteurs, mais avec un autre nom. Quoi que techniquement, j'ignore si l'attirance pour les musiciens porte un nom. Quoi que ça serait surtout l'attirance pour le musicien qui a composé la musique. Ou au moins qui a réussi à faire une adaptation qui lui soit vraiment personnel, et pas à imiter la version CD. Parce que, si Grant s'était contenté de donner le théorème et sa preuve, ça aurait été une vidéo sans intérêt. Ici, l'important est réellement d'avoir trouver une façon inédite de la communiquer.
J'ai suivi quelqu'un sur insta, et mon premier MP a été un nude
Je venais de coucher avec un couple. À leur demande, j'avais pris des photos d'elles. Et une des deux personne, que je venais de rencontrer, utilise surtout instagram pour communiquer.
Oui, j'imagine qu'il est important de préciser que le nude était un nude d'elle-même. Il était non seulement pris avec son consentement, mais surtout à sa demande car elle voulait garder un souvenir de ce plan. Pris avec mon téléphone car c'était plus pratique, on savait où il était.
Après avoir attaché quelqu'un, j'ai pratiqué un acte intime qu'on n'avait pas discuté avant
Une règle, que j'ai récemment vu reposter pleins de fois sur fetlife, dit qu'on ne fait rien avec son model qui n'avait été discuté avant. En particulier si c'est ta première fois avec ce modèle. Encore pire si le modèle est débutant dans les cordes.
Il y a des années, avant d'apprendre cette règle, je ne l'avais pas respecté. À ma connaissance, les gens ne m'en ont pas voulus, puisqu'après ça on a continué de sortir ensemble pendant 3 mois et 8 ans respectivement. Mais bon, c'est pas une excuse pour le refaire maintenant que je sais.
Et pourtant, il m'est encore arrivé récemment, plusieurs fois, de ne pas respecter cette injonction à la lettre. Par exemple, je faisais découvrir le shibari à un mec. On avait discuté d'un certains nombres de pratiques qui nous intéressaient tous les deux. Je lui ferai découvrir les cordes, il me ferai découvrir le fist vaginal[1]. On ferait aussi de l'impact, une pratique qu'il connaissait et adorait. Et on ferait des câlins.
Pendant un moment, alors qu'il était dans mes cordes et que je le câlinais[2], il a tourné sa bouche vers la mienne. Par acquis de conscience j'ai quand même demande s'il voulait qu'on s'embrasse, ce qu'il a confirmé. C'était un touriste anglais, il aurait dommage qu'il parte sans tester un French kiss d'un vrai français!
On n'avait jamais parlé de s'embrasser avant que je l'attache.
D'un côté, on pourrait argumenter que "Do you want to kiss" lui mettrait un peu de pression, surtout si j'avais mal interprété son geste. Et je suis d'accord que mettre la pression à quelqu'un qui ne sait pas réellement s'il pourra se défendre est vraiment un move de connard. Mais j'étais à peu près sur d'avoir bien interprété son geste. Et autant j'avais eu la discussion habituelle sur la sécurité dans le shibari avec lui. Autant, maintenant qu'on câlinait, je pense qu'aucun de nous deux n'aurait eu envie d'un arrêt le temps de discuter si on accepte de rajouter des pratiques dans l'action.
Alors, certes. Tout dépend du contexte. Si j'étais tombé sur un jeune mec qui découvre le BDSM ou son homosexualité et qu'il me demandait de le frapper violemment alors qu'a la base on avait juste parlé de shibari, j'aurai dit non. Pas avant d'avoir pu discuter de la sécurité dans un cadres moins intime que les cordes. Mais là, non seulement on parle d'un mec qui semble assez expérimenté et savoir ce qu'il veut. Mais même si on n'avait pas parlé de se rouler une pelle, on avait parlé d'autres sujets qui ne sont pas forcements moins intimes. Et si avant le shibari il m'avait donné la permission de mettre ma langue sur son clitoris, je n'allais pas faire tout un foin pour en plus la mettre dans sa bouche.
J'aime le fait qu'il existe des lieux où demander le consentement n'est pas la norme
Pour être clair, je souhaite que le consentement soit, généralement, plus important dans la société.
Cependant, il y a des lieux sexuels gays où des gens m'ont touché des zones intimes sans me demander mon consentement. Et je suis tout à fait partant, c'est ce que j'aime dans ce milieu.
Bien sûr, il faut noter que c'est des lieux spécifiques. Si je pars de ce lieu précis je sais que personne viendra m'attoucher. Ce qui est beaucoup plus de liberté que j'ai que les gens qui ont été victimes de viols qui étaient sous l'emprise du violeur. Je tiens juste à ce que les règles de consentement ne soient pas absolue, et que dans des cadres données, des gens puissent accepter collectivement d'y mettre une exception.
J'insiste quand une partenaire dit qu'elle veut s'arrêter
Des fois, il n'est pas clair si mon partenaire me dit qu'iel veut s'arrêter de suite. Ou juste me prévient qu'on arrive vers sa limite et qu'il va falloir bientôt arrêter le BDSM. Auquel cas, je demande de clarifier.
Mais là où ça devient vraiment problématique. Un jour, je faisais de l'impact avec une amie et sa copine, qui étaient toutes les deux attachées ensemble dans mes cordes. Mon amie est très masochistes, et donc j'allais beaucoup plus rapidement en terme de douleur sur elle que sur sa copine. Un moment, sa copine souhaite s'arrêter. Je lui demande si, avant d'être détachée, elle voulait essayer un dernier coup. Mais en s’approchait de la force que je donne à notre amie en commun, histoire de voir ce que son amie subissait depuis tout ce temps. La personne à eu un peu peur, a hésité un peu, puis indiqué qu'elle en avait bien envie. J'ai donné un dernier coup puis l'ai détaché. Ensuite on a câliné à trois.
Je pense, sincèrement, que l'expérience était positive. D'ailleurs, j'ai revue le couple récemment, et on a de nouveau câliné, même si le coté BDSM était limité puisqu'on était en public. La personne m'avait indiqué avoir beaucoup aimé la soirée passée ensemble. Bref, je n'ai pas de remord, et si c'était à refaire, je ne changerai rien. Cependant, je suis bien conscient que selon la règle de consentement habituel comme quoi stop c'est stop, je n'aurai même pas du faire cette proposition.
Je ne suis même pas capable de savoir quel est exactement pourquoi je me donne cette permission. Je pense avoir réussi à lire suffisamment mes partenaires pour voir que l'idée les exciterait. Et qu'en général j'ai eu raison. Je pense que je l'ai fait avec des partenaires qui me faisaient déjà suffisamment confiance pour qu'elles puissent croire que si elles refusaient, je n'insisterai pas et obéirait. Je pense que, ici, sa demande de s'arrêter n'était pas une demande de fin immédiate, et donc que rajouter un très court instant de plus ne serait pas gênant, d'autant que la pratique avait été limité à très exactement un coup.
Je fais des propositions sexuelles et intimes à des lesbiennes.
Pour rappel, je suis un mec cis. Comme je l'ai laissé entendre plus haut, j'ai un certain nombre de fois été intimes avec des personnes qui se décrivent comme lesbiennes. Pour être précis et si je n'oublie personne, j'ai fait du shibari, et parfois d'autres pratiques BDSM, avec 9 lesbiennes. Parfois même avec un couple de lesbienne. Et avec trois d'entre on a aussi eu des interactions avec les organes génitaux de l'autre.
Ceci m'a appris qu'il est parfois tout à fait possible pour un mec cis de coucher avec des lesbiennes. Alors certes, les lesbiennes à qui j'ai fait ces propositions étaient soient des gens avec qui j'étais déjà partenaires. Soient des gens chez qui j'avais pu deviner de la curiosité ou de l'intérêt pour ma personne. Que ça soit pour découvrir le tongue split, pour découvrir les cordes, pour se faire attacher à une amie. Je ne vais pas aborder une lesbienne inconnue pour leur proposer de coucher avec moi.
Ceci dit, c'est marrant, puisque j'ai quand même eu quatre potes lesbiennes, ces dernières années, avec qui j'ai été intimes, qui étaient persuadés que je n'étais pas vraiment cis, voir que j'étais non-binaire. Là où les mecs hétéros avec qui je couche sont juste persuadé que mes trous sont agréables pour leurs bites, et facile d'accès.
Notes
[1] Un ex m'a indiqué que ce n'est pas vraiment comparable. C'est sur, mais je ne crois pas qu'aucun de nous deux ne cherchait à comptabiliser ce qu'on apportait à l'autre et le mettre exactement à égalité.
[2] Les gens dont j'attache les mains et bras ont tendances à ne pas rendre le câlins sur le moment. Mais le rendre au décuple une fois détachés, donc dans le lot, je m'y retrouve!