Coming out problématique

Des fois, je vois sur les réseau sociaux des ordres. Si tu ne les suis pas, tu es "problématique", c'est un "red flag". Donc autant lister moi même comment je suis problématique.

Nécronyme

Récemment Sophie Labelle, autrice de bande-dessiné, indiquait "Un petit rappel: si vous connaissez le nécronyme d'une personne trans... Non, vous ne le savez pas."

Bon, direct, un mauvais point pour moi. Je suis, depuis des années, en relations avec une personne qui n'utilise plus son nécronyme, mais s'est vu refuser le changement d'état civil. Afin de réserver des billets d'avions pour partir en vacance ensemble, de la couvrir par ma mutuelle d'entreprise, ou, plus récemment, quand æl s'est évanouie et qu'on l'a transporté aux urgences, je connaissais son nécronyme. Ça ne me fait pas plaisir, mais sans ça, æl serait resté à l'aéroport. Et comme l’hôpital à regardé ses papiers d'identités, c'est le nom sous lequel les services d'urgences l'ont inscrit.

Si tu n'es pas sur le bail, c'est un red flag

À une époque, j'ai vu plusieurs fois circuler sur twitter qu'un gros red flag est que ton mec ne veuille pas te mettre sur le bail. Parce que tu n'es pas protégé et peut te retrouver à la rue sans recours.

Je n'ai jamais mis personne d'autre sur mes baux, même quand je vivais avec quelqu'un d'autre. J'ai toujours été celui qui gagnait le plus, et la personne qui partageais mon toit n'aurait pas été capable d'assumer le loyer, même juste sur les trois mois pour donner congé. Si je décédais, ce qui en période de COVID semblait plus crédible qu'avant, cette personne aurait eu donc un mois ou deux pour trouver un autre logement et se débrouiller avant d'être expulsé. Bien sûr, ce n'est pas idéal, mais au moins iel n'auraient pas eu une obligation financière intenable.

Je précise que ceci a été discuté entre nous avant la signature du bail. Ceci dit, il n'empêche, "RED FLAG".

Sortir avec quelqu'un qui a des souci mentaux

J'ai lu quelqu'un expliquer qu'il est très dur de se faire larguer à cause de ses maladies mentales. Donc que, si tu n'es pas capable d'assumer sortir avec quelqu'un de malade mentale, ne le fais pas.

J'ai fait la bêtise de demander à cette personne comment tu peux savoir, avant de l'avoir vécu, si tu es capable de l'assumer. Je n'ai jamais reçu de réponse qui me semblait utilisable. J'ai, plusieurs fois, eu des relations avec des personnes sujette à depressions, trouble anxieux, TDAH... Je savais que j'avais un coup de cœur pour ces personnes pour tout un tas de qualités qu'elles ont. Par contre, je ne savais pas si je saurai les aider dans des cas de crises. Et même si je n'étais pas certains que je puisse rester là pour elleux, on est quand même sorti ensemble. J'imagine que c'est un red flag.

Encore pire, selon moi. Comme je remarque que chaque personne à des troubles différents, même si je devais ressortir avec quelqu'un ayant un trouble mental, je ne sais pas si je saurai être la bonne personne pour cette nouvelle relation hypothéthique.

Ne t'attend pas à coucher gratuitement avec des travaileur·se·s du sexe

J'ai lu une fois que les mecs qui couchent mais ne veulent pas payer les travailleur·se·s du sexe sont des porcs. Pourtant, j'ai dans mes amant·e·s plus ou moins régulier·e·s trois personnes qui ont fait ou font encore du travail du sex. Et je ne les paye pas[1]. On s'est trouvé sur des sites de rencontre, on avait des recherches compatibles, et donc on a couché. J'imagine que ça leur a plus autant qu'à mois, puisque les trois sont revenu·e·s.

Pour ma défense, deux d'entre eux ne m'ont jamais demandé de payer. Quant au dernier, même s'il le demande parfois, c'est lui qui décide de continuer de revenir quand il ne trouve pas de clients et veut quand même s'amuser. Donc je ne me sens pas éthiquement problématique; mais j'imagine que, selon le critère que j'ai lu sur twitter, je suis un porc.

Parler à une personne accusée de viol.

C'est arrivé au moins deux fois.

Une rumeur dont la source n'est pas trouvable en ligne

La 1ère fois que j'ai appris qu'une connaissance était accusé de viol, c'est cette connaissance qui me l'a appris. On était tous les deux dans le monde de la saga mp3, et quand j'étais venu lui parlé, il m'a prévenu qu'une rumeur circulait à son sujet, donc que je voudrait peut-être éviter d'être vu avec lui.

Ayant tenté de retrouver l'accusation à la source de la rumeur, j'ai vu un tweet disant que, durant une occupation d'amphithéâtre, quelqu'un aurait accusé cette connaissance de l'avoir violé. Ce qui me pose une question. Je sais qu'il faut croire les victimes. Mais est-ce que croire les victime implique aussi de croire quand quelqu'un dit qu'il existe une victime, dont le nom est inconnue, qui dit avoir été violé.

Ce n'est pas quelqu'un que je fréquentais souvent, je ne suis plus dans le monde de la saga mp3, donc ça n'aurait rien changé à mon expérience, et je n'ai pas tellement investigué plus loin. Je n'ai pas non plus voulu demander à la personne qui a fait ce premier tweet, ni aux membres actifs de la sagasphères qui avaient décidé d'exclure cette personne d'événements, s'ils avaient plus de détails.

Une personne qui a été mise en examen

Pour être honnête, ceci est le seul exemple qui me semble pouvoir sérieusement être considéré comme problématique. Ou en tout cas, le seul cas où je ne voyais que des mauvais choix et où j'essayais de prendre le moins mauvais. J'ai depuis eu des informations qui me font penser que j'ai fait le mauvais choix. Puisque par ailleurs mon choix n'a jamais eu de conséquence sur qui que ce soit, je ne me sens que légèrement mal à l'aise.

Tout d'abord, un peu de contexte. À 18 ans, j'ai couché avec un mec trouvé sur un site de rencontre. Celui-ci a voulu prendre des photos, histoire, disait-il, de se faire plaisir quand on ne serait plus ensemble. Il a plus tard menacé de les envoyer à mes parents si je ne le payais pas. Il m'avait aussi demandé si je pensais réellement que il aurait couché avec moi gratuitement (j'admet qu'il était un magnifique twink). Autant vous dire que je me suis senti très mal quand j'ai appris, certes avec 15 ans d'écart, qu'il avait été bénévole au Refuge, puis avait monté une association de son côté.

Il avait lancé un certain nombre d'accusations sur twitter à l'encontre du président du refuge. Il était relativement simple de voir que certains de ses arguments ne tenaient pas la route. Par exemple, il accusait le président de voler dans la caisse, et utilisait comme preuve un rapport du Boston Consulting Group, qui avait accepté de conseiller bénévolement l'association. Ce rapport était public, et il n'était nul part mention de vol. Il était mention d'une comptabilité qui était baclé; que, malgré plusieurs millions de dons annuels, ils n'avaient toujours pas engagé un comptable professionnels, et que certaines régions ne rendaient juste pas de comptabilité. C'est certes grave pour une association, mais fort différent d'un vol. Il accusait aussi le président de redorer l'image des homophobes, parce qu'il avait invité Christinne Boutin dans l'association. Seulement, à cette époque, Boutin était ministre du logement; et il était pas absurde de tenter d'obtenir des subventions de son ministère.

J'ai donc décidé d'écrire au président du Refuge et à tous les journalistes qui ont interviewé l'accuseur, afin de leurs dire que j'avais été aussi attaqué par la même personne que lui, et avait une main courante pour le prouver. J'ignorais si ça pouvait servir à quoi que ce soit, mais au cas où, qu'il sache que ça existe. Aucun journaliste ne m'a jamais répondu, l'accusé si.

Vu les informations sorties depuis sur l'ancien président du Refuge, je ne le recontacterai pas. Mais à l'époque où je lui ai écrit, je n'avais pas autant d'information qu'aujourd'hui. Et fournir une main courante semblait utile à la sortie de la vérité.

Selon certaines définitions je suis un trans-chaser

Depuis quelques temps, je drague plus de personnes trans que de personnes cis. Enfin non, si on compte "mettre un tap sur grindr" comme draguer, je drague plus de mec cis. Mais si je compte le nombre de conversations, qui aboutissent parfois à des relations charnelles et parfois à des nouveaux potes, alors il n'y a pas photo. Je dirai même que ces derniers temps, je m'attend à ce que si je parle avec une personne trans sur un site de rencontre, je m'attend à ce que ça se passe beaucoup mieux qu'avec un mec cis. Par exemple, je n'ai jamais eu la moindre personne trans refuser l'usage du préservatif. La totalité des personnes trans avec qui j'ai couché trouvaient normale de discuter de ce que l'on a envie de faire au lit, alors que la majorité des mec cis, quand je leur demande ce qu'ils recherchent, répondent simplement "du fun".

Ceci dit, je peux imaginer qu'il y ait un effet auto-entretenu. Puisque mes expériences sont, en moyennes, largement supérieures avec des partenaires trans que cis, je m'attend à ce que ça se passe mieux, et ferait peut-être plus d'effort de mon coté dans la conversation. Même si je me dis que je tente de répondre de façon similaire quand les profils permettent d'aborder une discussion et que la conversation va quelque part.

Je suis même tellement trans-chaser qu'il m'est déjà arrivé pleins de fois de coucher avec deux personnes trans à la fois. Souvent, même que je les attachais ensemble. Certes, en réalité, j'adorerai me faire attacher par elleux aussi, mais c'est super dur de trouver quelqu'un qui sait attacher!!!

L'autre excuse que j'ai est que la majorité des gens avec qui je passe du temps au lit, je les ai rencontré via d'autres personne qui ont partagé mon lit. Et puisque beaucoup de personnes trans que je connais ont principalement des relations T4T, en couchant avec les relations de mes relations, je couche avec encore plus de personne trans. La grande différence étant que, pour elleux, c'est du T4T, personne ne se pose la question de si c'est du trans-chasing.

Conclusion

Y a pas de conclusion. Mais ce sujet me tournait en tête depuis trop longtemps, chaque fois que je voyais passer des sujets red-flags sur les réseau sociaux.

P.S. Si ce billet était intéressant, vous aimerez peut-être aussi mon coming-out homophobe.

Note

[1] Je ne compte pas deux acteurs X avec qui j'ai eu l'occasion de coucher, vu que à chaque fois on ne s'est pas revu. Dans un cas, il faut dire qu'il est à Toulouse, et s'il ne m'avait pas dit qu'il avait bossé une décennie plus tôt pour une sk8erboy, j'aurai jamais deviné. Toujours aucune idée de qui il est et si j'ai déjà vu ses films.

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