Pourquoi je ne me dis pas non-binaire

Je suis à fond pour l'auto-définition. Si quelqu'un·e me dit être de genre G, cette personne est de genre G. Sauf que, autant, pour les autres, je peux espérer qu'iels aient faient le boulôt de leur côté. En ce qui me concerne, c'est à moi de dire mon genre. C'est pour ça que la question de mon billet n'est pas "Pourquoi je ne suis pas GENRE" (j'ignore quel sens cette question a), mais "pourquoi je ne me dis pas GENRE". Il y a six ans, j'avais écris pourquoi je suis un homme, qui répondait déjà à cette question. Le souci, c'est que ce billet est devenu inexacte sur deux points importants.

Présentation de la question

Il y a six ans, j'écrivais que mon genre m'indifférait, et que continuer de me dire mec n'a que des avantages. C'est devenu faux. J'ai pu constater à San Francisco, New-York et Berlin que j'avais pu bien m'amuser en soirée[1] Queer. Si en général je peux avoir du mal à attirer des gens en milieu gay, et même parfois été insulté pour des caractéristiques féminines, tels que les cheveux longs. Alors que dans des soirées Queer, j'ai jamais eu de souci; je dirai même plus, en général, trouvé des partenaires de jeux très cools que j'espère revoir un jour. Le souci, c'est que Paris, contrairement à ces autres villes, semblent avoir moins de soirées "Queer", et plus de soirées en non-mixité choisie sans mec cis. C'est arrivé déjà deux fois que des amies m'invitent à de tels soirées. La première j'y suis pas allé, parce que j'avais vu l'info en avance. La deuxième, j'y ai été, mais suis resté dans la partie de la soirée ouvertes au mec, et donc, sans l'amie en question.

Un·e ami·e m'a donc demandé pourquoi je ne me disais pas non-binaire et rejoignait simplement ces lieux où je pense que je m'amuserai bien mieux que dans les soirées gays[2]. Après tout, mon ressenti de genre - quasi-inexistante - semble pas si loin de celui de personnes agenre. Et, ayant déjà piqué pas mal de code queers, que ça soit les piercings, la side-cut, les cheveux colorés, le vernis flashy et souvent usé[3], je ne déparerai pas dans ces milieux, je m'amuserai surement, et y a peu de chance qu'on me remette en question.[4]. La majorité de mes ami·e·s aujourd'hui sont queer. D'ailleurs, il n'est pas rare que je me retrouve le seul cis d'un groupe de pote. Et, dans la vie de tous les jours, puisque je ne corrige jamais les gens qui me disent "madame"[5], je serai potentiellement plus lisible dans les milieux que je fréquente en me disant non-binaire, qu'en disant que je suis un homme qui s'indiffère aux accords des adjectifs.

Plusieurs personnes, rencontré en soirées queer semblent m'avoir indiqué qu'ielles sont venu vers moi car mon look était cool - ce qui fait super plaisir à entendre. Je pense que si j'étais en t-shirt, cheveux court, un peu de barbe, comme quand j'adoptai l'apparence geek, j'aurai pas eu le tel succès. Intuitivement, je pense que, avoir décidé de montrer une apparence qui n'est pas dans la norme, et une fois qu'on en est sorti, faire une recherche sur le style qu'on veut renvoyer, ça fait déjà un rapprochement qui a été suffisante pour que certain·e·s considèrent que je fasse parti de l'in-groupe. Je m'attend à pouvoir faire parti de l'in-groupe avec moins d'effort si j'utilisais simplement l'étiquette "non-binaire".

Alors, Pourquoi?

Justement, tant qu'à devoir faire un choix, je trouve considérablement plus marrant d'envoyer pleins de signaux non-binaire sans l'être. Deux amies m'ont décrit/présenté comme étant "le moins cis des mecs cis", je trouve ça fun, j'aurai pas ce genre de réflexion si je me disais non-binaire. Égoïstement, j'imagine aussi que c'est plus remarquable, si ce n'est impressionnant, d'avoir ces apparences funs en étant un "mec cis", qu'une personne non-binaire. De la même façon qu'un acteur avec un peu de vernis ou quelques autres signes féminins à un gala, se fera tout de suite remarqué - et complimenté - là où un effort beaucoup plus grand de maquillage passera inaperçu sur une actrice.

Et puis aussi, même si c'est une justification à posteriori d'un choix déjà fait; je trouverai très tristes qu'il n'y ait plus de mecs qui portent des robes[6], qui ne jouent pas avec leurs styles. J'ai pu entendre, quelques fois, des personnes non-binaire expliqué que, une fois le coming-out fait, c'était plus simple d'explorer leurs apparences. Je suis ravi pour elleux qu'iels soient plus heureux/se·s et découvrent des choses qui leur plait. Je trouve triste que ça soit compliqué à faire tant qu'on se dit mecs, et donc, quelque part, j'imagine que je préfère me dit que contribue à augmenter le nombre d'hommes qui tentent d'explorer.

Notes

[1] Soirée au sens très large. J'entend aussi bien une séance de shibari à 16h qu'une primal party à 21h.

[2] Je m'y amuserai aussi certainement plus que dans les soirées hétéros, mais ça, c'est simplement parce que l'équivalent hétéro de ce type de soirée coûte une blinde pour les mecs seuls.

[3] Je suis persuadé que c'est un code queer, mais j'ai jamais trouvé de gens ou de textes partageant cette observations. Ça sera surement pour un prochain billet.

[4] À la limite, je pourrai être remis en question par des gens qui auraient lu ces billets de blogs, mais en général, c'est des gens qui me connaissent déjà.

[5] Sauf lorsque ça a une importance administrative.

[6] je ne compte pas les Kilts, robes d'avocats ou les bures, mais les robes traditionnellement non masculines.

Commentaires

1. Le vendredi 17 mars 2023, 10:08 par Matoo

C'est vrai que c'est fou mais on a tous besoin d'étiquette, et même une étiquette qui dirait "pas d'étiquette". Il faut vraiment qu'on s'habitue à ne simplement présager de rien, mais les habitudes ont la vie dure !!

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