Réflexion sur la recherche d'emploi
Par Arthur Milchior le lundi 23 septembre 2019, 00:22 - Travail - Lien permanent
On m'a proposé un travail qui avait l'air très cool. Il s'agissait d'un travail en remote, principalement sur du libre, en Haskell. En plus, puisque j'étais chercheur et pas développeur, ça me permettra de mecréer une expérience de développeur. Pour l'instant, cette boîte est un des deux seuls à m'avoir répondu positivement. L'autre étant une startup californienne me proposant de me payer surtout par equity. J'imagine que le fait d'avoir de l'expérience en tant que dévelopeur fera que la prochaine recherche de travail sera plus simple.
Cerise sur le gateau, cette boîte me proposait une augmentation de 50% par rapport à mon salaire actuel. Techniquement, le niveau de vie augmentait de bien moins que 50%. D'abord parce que mon statut Belge faisait que j'étais pas imposable. Ensuite parce que si je m'installe à Paris, la vie y est 27% plus cher selon number; à l'exception des restaurants et des théâtre, mais c'est quand même pas le gros de mon budget.
Après, comme c'est du remote, j'ai pas besoin d'être souvent à Paris. J'y ai de la famille et des amis, si je dois y être quelques jours par moi, j'ai besoin ni de logement, ni d'hôtel. Ça me permet de découvrir pas mal de ville, de prendre des BnB où hôtel pas cher. De bouger quand je vois un événement cool dans un endroit. J'ai adoré Berlin et aimerait bien y retourner régulièrement par exemple. La DRH m'avait dit qu'elle voudrait que je sois un mois à Paris au début, le temps de rencontrer tout le monde, découvrir le processus de travail. Mais après, je devrai plus y être que quand il y a des réunions. D'ailleurs, les deux recruteurs à qui j'ai parlé étaient en Suisse et à Londres; même s'ils travaillaient pour la même boîte française.
Bref, j'étais prêt à signer de suite. Sauf que
Sauf que depuis, la DRH m'a appris qu'en fait elle avait mal compris. Il se trouve que ils veulent m'envoyer dans une boîte cliente, une banque, qui exige la présence sur place pour travailler. Il y a, de façon négociable, un ou deux jours par semaine en remote, mais c'est les mardi et jeudi. Et encore, un des deux jours est le remote de cette boîte afin de permettre d'aller passer une journée par semaine chez mon employeur. Bref, pour moi, c'est pas le même bureau, mais c'est toujours hors de chez moi. Ce qui est un des gros problème; que ce soit durant mes stages, ou plus tard durant mon travail de chercheur, je n'ai jamais réussi à travailler hors de chez moi. Au bureau, je peux etre intérompu par des collègues. J'ai toujours le stress que quelqu'un regarde ce que je fais par dessus mon épaule. Donc, être dehors, ça va pour enseigner, pour des réunions. Mais je n'arrive pas à imaginer que je serai capable de bosser.
Comme je disais, ça me faisait une belle augmentation, et ça reste une ville que j'aime et même si la banque me fait pas rêver, les produits dérivés non plus; mais bon, ça a l'air encore intéressant pour améliorer mon CV. En plus, à partir du moment où la boîte m'avait dit que pour eux, c'est bon, j'ai plutôt arrêté de chercher.
Ça fait pas rêver, mais je me dis que c'est un truc temporaire, le temps d'améliorer le CV.
Je reçois enfin le contrat d'embauche. Et la, je vois que la DRH avait fait «preuve de négligence», selon ses mots. Elle m'avait parlé d'un salaire net; alors qu'en fait elle elle voulait dire un salaire brut. Ce qui fait une sacré différence; un peu plus de 10 000 € de différence par année. J'avais trouvé le salaire initiale étonamment généreux; mais je connais d'autres gens qui ont eu cette même surprise en quittant l'université pour devenir dév'. En particulier des potes parti chez google ou faire de la finance, bref, j'avais pas été surpris. En plus, mon contrat Belge indique mon salaire net et non pas mon salaire brut, donc ça ne me semblait pas étonnant que ça soit le cas en France aussi. Le salire reste clairement confortable dans l'absolu. Je n'ai pas de personne à charge, pas de projet d'enfant, donc il est largement suffisant pour vivre. Je connais des ami·e·s dont le travail est nettement plus utile - médecin, enseignant - qui gagnent considérablement moins que ce que l'on me propose; donc je me sens un peu mal de râler. D'un autre côté, une fois retiré les impôts sur le revenu et la taxe d'habitation, leur proposition me fait une perte de revenu d'environ 1500€/an (et ça, c'est sans compter la location et les courses qui augmentent).
Aujourd'hui, j'hésite considérablement à savoir si j'accepte ou pas. En acceptant, je garde l'avantage de me créer de l'expérience de façon certaine. Clairement plus qu'en étant au chomage en tout cas. Et vu mon expérience de recherche d'emploi passé, je n'ai pas l'impression d'intéresser grand monde aujourd'hui. J'ai plusieurs raisons qui me viennent assez naturellement de refuser. La première, comme je l'explique plus haut, c'est que c'est une baisse de revenu. Ça me ferait assez mal d'accepter ça, au moins pas sans avoir cherché bien plus sérieusement. Ensuite, parce que je n'ai pas l'impression de pouvoir leur faire confiance aujourd'hui. Cela fait déjà deux points importants mis en avant dans le recrutement, qui ne sont plus là. Je ne sais pas à quel point j'aurai été enthousiaste si on m'avais proposé la situation actuelle dès le départ; et j'ai très peur d'y aller juste parce qu'ils ont bien appliqué la technique du pied dans la porte. Ce n'est clairement pas quelque chose que j'ai envie d'encourager, et en particulier je n'ai pas envie que ça marche avec moi. Aujourd'hui, je ne sais pas quel autre modifications ils m'imposeront, parce qu'ils ont le pouvoir de le faire.
Je dois remarque que accepter le poste est pas si grave que ça. Tant que je suis en période d'essai, je peux partir comme je veux. Le souci c'est que ça va être considérablement plus difficule de chercher un autre emploi si je suis au bureau durant des heures de travail. Par exemple, je me dis que je devrai regarder les salons de recrutemens. Certes, c'est là où j'ai trouvé la boîte actuelle, donc c'est pas un grand succès, mais quand même. En particulier, regarder des salons à l'étranger aussi. Faire ça nécessite d'avoir du temps libre en semaine en journée. Pareil pour les screening et entretiens d'embauche, c'est fait aux heures d'ouvertures des boîtes, et donc faudrait que je demande à la boîte de pouvoir ne pas être dispo les journées d'entretiens. Si je savais que tous les entretiens étaient très rapide, ça serait pas grave, je leur avais dis vouloir commencer en novembre. Mais si des gens mettent un moment à me répondre puis sont intéressé, mais doivent prendre quelques semaines à s'organiser - ce qui serait crédible si je candidate à l'étranger et que je dois bouger - alors j'aurai pas eu assez de temps.
Un des souci que j'arrive pas encore à évaluer quels types d'offre je peux avoir.
- Est-ce que cette boîte est intéressé par moi car elle est particulièrement incompétente et n'a pas vu à quel point j'étais peu intéressant. Dans ce cas, j'ai intérêt à y aller le temps de pouvoir dire que je suis un développeur avec des années d'expériences. Et encore, est-ce que des années d'expérience en Haskell ça intéressa tant de gens ?
- Est-ce que cette boîte est dans la moyenne, et je trouverai similaire ailleurs. En terme de salaire pour un junior, de ce que je vois sur le web, il me proposent un salaire plutôt haut; au moins pour une boîte qui est pas pleine aux as. En terme de proposition, faire des projets pour des clients, ça a rien d'extraordinaire; je pourrai probablement trouver ça ailleurs. Mais peut être que je pourrai trouver ça dans une ville qui me plait plus. Berlin serait cool, même avec un salaire légèrement inférieur. Et j'ai bien envie de découvrir des grandes villes californienne; de ce que j'en lis, ça a l'air tentant (mais avec un salaire supérieur, adapté).
- Ou bien est-ce que je pourrai trouvre vraiment mieux. Vu mon expérience passé de recherche d'emploi, ça a l'air peu crédible; ceci dit je m'y étais pas mis à fond; non seulement parce que c'est dur, mais aussi parce que la boîte dont je parle ici m'avait fait une offre qui était déjà «très bonne»; avant qu'ils ne la «corrigent» en une offre qui est juste «bonne».
Une autre possibilité serait aussi de prendre le temps de me former sérieusement aux data science, par exemple; étant matheux, je doute que ça soit impossible, et tenter de rechercher avec une vraie spécialité. Voir en passant une certificat/une formation en ce domaine. Finacièrement, je peux me le permettre pourvu que ça me prenne pas plus d'un an. Peut-être plus longtemps si je peux toucher le chomage durant la formation; mais je pense qu'une formation de plus d'un an aurait aucun intérêt. Ceci dit, ça va être compliqué d'avoir le chomage, puisqu'il devra être versé par la Belgique; et que je ne serai plus résident Belge. Le gros avantage de faire ça - outre le fait que ce sont des métiers très demandé, c'est que je saurai à quel type de poste candidater; alors que pour l'instant je ne rentre dans aucune catégorie; je n'ai ni formation back/front end, ni formation full-stack, ni même d'expérience dans tout ça. Faut que j'arrive à assumer le fait de dire «oui, je redeviens étudiant en pratique quelques temps; et les années d'études à partir du master étaient du temps perdu professionnellement», ce qui me fait un peu mal.
J'avais écris un billet en 2018 expliquant qu'une des raisons de rester à l'université, c'est que j'ai toujours suivi l'étape d'après, l'étape naturelle qui suit mon parcours. Je pense que si je vais dans cette boîte, je retombe dans ce schéma que je cherche à quitter; mais d'un autre côté, ça veut pas dire que ça soit une mauvaise chose tant que j'ai rien de mieux. En cas de doute, ayant la tête totalement dans le guidon, j'outsource mes choix envers des potes. Celles avec qui j'en ai parlé me disent au mieux que ce que je dis de la boîte est pas rassurant; au pire de fuire. J'imagine que suivre ces conseils seraient probablement pertinent, vu qu'elles semblent avoir une idée claire et moi non.
Bon, après avoir écrit tout ça, je sais toujours pas ce que je répond à la boîte.