Témoignage: dojo rationaliste
Par Arthur Milchior le vendredi 14 septembre 2018, 03:25 - phrases plus ou moins entendues - Lien permanent
Le week-end dernier, j'ai été au less-wrong community week-end. J'ai commencé à écrire un billet le résumant, puis je l'ai perdu. Comme j'ai la flemme de réécrire tout de suite, je vais plutôt parler du lundi. Où j'ai revu des gens du week-end.
Lundi soir, les gens encore à Berlin étaient invité à participer au «rationalist dojo»[1]. Je ne sais pas comment ça se passe exactement d'habitude, mais il semble qu'on était exceptionnellement nombreux. Ce soir là, l’hôte proposait une activité précise qui occuperait la majorité du temps. J'ai cru comprendre que ce n'était pas tout le temps le cas, mais que les activités habituel étaient moins intéressante si on ne venait qu'une fois.
Voici ce que j'en ai vu et compris. Comme c'était assez chronométré en terme de temps, de façon à ce que ça tienne en deux heures pile, j'ai pas pu poser de question quand je comprenai pas, et mon anglais n'est pas assez bon pour tout comprendre. Je vais commencer par les activités hebdomadaire, et finir par l'activité principale du jour.
Activité hebdomadaire
Ça a commencé par 10 minutes de méditation. N'ayant aucune idée de ce qu'est la médititation[2], j'ai juste passé 10 minutes à me reposer.
Si ces 10 minutes ont apporté une idée, quelque chose qui peut se régler rapidement, les gens avaient 5 minutes pour régler, noter l'idée sur un papier/téléphone/ordi... J'ai partagé ma 4G à quelqu'un, car il y avait pas de wifi sur place. L'abonnement sosh français 50GO+la directive européenne sur le roaming, c'est vraiment fantastique ! Après une pause, un autre temps de 5 minute était proposé pour faire la meme chose, mais relativement à une autre idée.
Il y a eu 5 minutes de «bragging», où l'on peut partager des choses dont on est fier cette semaine. Beaucoup de bragging était liés au week-end less wrong. En ce qui me concerne, c'est vaincre ma flemme et etre venu en pays étranger (après tout, quand mon réveil à sonné à 5h30 du matin à Bruxelles, j'ai sincèrement hésité à abandonné mon billet et l'hotel tellement tout ce que j'avais prévu me semblait épuisant). Pour d'autre, ça a été d'avoir organisé le week-end.
Il y a eu un tour concernant les engagements de la semaine passées. Les habitué s'engagent auprès des autres à faire un certain nombre de truc, créer tous les jours (avec 2 jokers), par exemple. Ou bien aller courrir 3 fois dans la semaine, etc... Et certains, en plus, pour se forcer, s'engagent à donner une certaine somme à une association s'ils n'ont pas tenu leur engagement. Cette réunion permettant de faire le point de façon hebdomadaire. D'autres engagement de ce type sont ensuite pris en fin de séance - uniquement pour ceux qui seront là la semaine suivante.
Activité principale
L'activité se nomme Time Travel. Elle était organisé par son créateur. Elle est basée sur ce que nous faisions, 5 ans en arrière, jour pour jour. Donc le 10 septembre 2013. Personnellement, j'étais en 2ème année de thèse, j'avais commencé à co-écrire un scénario, et j'étais encore en très bon terme avec mon co-auteur. Je me préparais à aller parler à la conférence Highlight. Je pensais avoir fini d'écrire mon théorème sur les automates et FO(<,mod). Je n'avais pas accès à mes email de cette époque, puisque j'avais pas pris mon disque de back-up, donc j'ai du faire confiance à twitter et facebook pour me souvenir. Ça m'a permis de bien rire, parce que j'avais totalement oublié les blagues que j'ai écrite il y a 5 ans, et j'aime bien mon humour. Comme des gens ont oublié de faire cet exercice préparatoire, ils ont eu 5 minutes pour relire leurs logs de 2013.
Premiers conseils
Le tout début m'avait l'air assez classique. Il consiste à prendre 10 minutes pour faire une lettre à ton toi de 2013, lui donner des conseils. Certains conseils ont pu etre partagé au groupe, quand ils étaient très généraux, du style: achète des bitcoins, c'est un excellent investissement(Je suis pas entièrement convaincu d'etre capable de ne pas avoir perdu mes clefs privées entre 2013 et 2018 si j'avais acheté des bitcoins, donc je pense que se contenter d'acheter des actions qui ont le plus augmenté en valeur en 5 ans serait plus sur.). D'autres conseils étaient de faire plus attention à sa santé. Personnellement, si j'avais pu envoyer n'importe quel texte, je me serai envoyé la totalité de ce que j'ai écrit depuis 2013, ça m'aurait évité de le réécrire.
Mon souci, c'est que je suis incapable de savoir, aujourd'hui, quels conseils donner sur certains points. En effet, cet été, une productrice m'a signé un contrat pour pouvoir produire un texte que j'ai co-écrit avec mon co-auteur; peut-etre que finalement ça n'aura pas été une perte de temps; dans ce cas, 5 ans ne me permettent pas de juger du résultat de mon action. Par ailleurs, cette co-écriture fut quand meme instructive. Au plus, j'indiquerai de ne pas préter le moindre centime à ce type, mais j'étais pret à accepter de perdre l'argent préter si on devait en arriver là, donc l'un dans l'autre, ça peut valoir le coup.
Un autre souci, auquel j'aurai du penser, signalé par quelqu'un d'autre, c'est l'effet papillon. J'ai déjà indiqué à quel point un événement important dans ma vie avait dépendu de 44 événements, qui auraient tous facilement pu ne pas avoir lieu. Il est donc probable que me proposer un changement aurait supposé ne pas rencontrer certaines personnes que j'aime !
Généraliser
La seconde partie m'a plus intéressé. Il s'agissait de trouver des motifs récurrent dans les conseils qu'on s'est donné, et abstraire les conseils. Un pattern que je retrouve super souvent, c'est le manque d'agency. En effet, après le lycée, j'ai voulu faire une prépa (et j'ai échoué), car tel que présenté par mon école, c'était l'unique voix - à part peut-etre pour ceux qui veulent faire médecine. J'ai été à Montréal car on me l'a proposé. J'ai été à l'ENS de Paris car il y avait un lien sur le site de département de math de l'UPMC suggérant de faire ça. J'ai été en doctorat car c'est ce qui vient après le master, puis en post-doc car c'est ce qui vient après le doctorat. De meme, j'ai fait des Intervention en Milieu Scolaire parce que on nous avait proposé ça à la réunion de rentrée de l'association LGBT de normal sup'. Puis j'ai été à SOS homophobie car c'est, en gros, le mag, mais pour les moins jeunes. Meme le blog, par exemple, je sais pas si ça me viendrait à l'idée d'ouvrir un blog aujourd'hui; mais il y a 10 ans, je voyais plein de blog intéressant, et j'ai voulu imiter (non pas que ce que j'écrivis il y a 10 ans soit intéressant).
Appliquer ces conseils aujourd'hui
Retrouve t-on les meme motifs qu'il y a 5 ans ? Si oui, comment pourrai-je appliquer aujourd'hui le conseil que l'on s'est envoyé il y a 5 ans.
Ça m'a conforté dans une décision, qui attendra encore quelques mois pour etre rendue publique. Qui attendra aussi que je lise quelques autres textes qui me confirmeront ou m'infirmeront des idées que j'ai en tete depuis cet été.
Futur
Nous arrivons maintenant en 2023. Le but était alors d'écrire une lettre à notre nous de 2018. Tout comme nous, en 2018, avions écris en 2013.
Je crains manquer d'imagination, cet exercice m'a bloqué. Il faut dire aussi que j'avais compris qu'on écrirait une lettre au nous de 2023, donc que dès le départ, je n'aurai pas fait le bon exercice.
Petit groupe
Nous nous mettions ensuite en groupe de 4 ou 5, afin d'échanger nos idées sur cet exercice. Vu que j'ai commenté plus haut, je ne vais pas réécrire ici les idées que j'ai donné au groupe.
Gros groupe
Enfin, nous nous remettions tous en cercle. Et nous partagions aux autres les idées qu'on a entendu dans le petit groupe et trouvé intéressante (et qui ne sont pas notre idée). J'aime beaucoup ce concept d'avoir deux tailles de groupe. Si je ne suis pas capable de savoir ce qui est intéressant à partager, alors je le partage en petit groupe. Et c'est quelqu'un d'autre qui partagera au grand groupe s'il a trouvé mon idée pertinente. Si aucun membre du petit groupe ne veut partager mon idée, alors ce n'est pas la peine de l'envoyer au grand groupe.
Commentaires
Pour méditer, tu commences par porter ton attention sur ta respiration, et... Après je ne sais pas, c'est toujours le moment où je me rends compte que je ne sais pas respirer, et que je devrais laisser faire mon corps par lui-même si je ne veux pas étouffer.
À la fin de Johnny Maxwell et la Bombe (de Terry Pratchett), l'un des personnages rencontre une version plus âgée de lui, qui lui donne des conseils sur comment vivre sa vie. Des choses comme "manger une nourriture plus saine". Le jeune lit ces conseils, et s'empresse de les détruire.
Depuis le temps, je sais que si je ne progresse pas suffisamment dans mon travail au début d'un projet, je vais le regretter quand il sera temps de le boucler. Et je sais aussi que savoir ça ne va pas changer mon attitude au début du prochain projet, et que ce n'est pas la peine de me promettre que j'agirai différemment la prochaine fois, c'est une promesse que je ne peux pas tenir. Il est intéressant de se demander quels conseils on voudrait donner à son soi passé, mais il est plus intéressant encore de réfléchir à comment on pourrait convaincre son soi passé de suivre ce conseil.