Souvenirs marquant en guise de conclusion des IMS

Mes années à faire des intervenions en milieu scolaire(IMS) contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie et le sexisme sont finies. Voici, dans le désordre le plus complet des événement aléatoires qui m'ont le plus marqués. Les seuls fois où je suis remonté en arrière dans ce billet - c'est pour refaire ce paragraphe d'introduction, et pour compléter des anecdotes. Le reste est juste un cheminement de pensée aléatoire. Sans surprise, il y a surtout des événements de ces dernières années. J'ai très peu de souvenir du début, et je ne prenait pas de notes.

En premier lieu, histoire de l'évacuer: le moment où l'on m'a reproché de trop parler et ne pas assez laissé l'autre intervenant-e parler (on intervient à deux par défaut). Enfin, plutôt, le fait qu'on me l'ait signalé peu de temps après que je me sois fait, seul, une journée de quatre foix deux heures d'IMS. Où le lycée s'était plaind de moi - pour des raisons que je trouve parfaitement injuste, et pour lesquels je ne peux bien sûr apporter aucune preuve pour me défendre puisque j'étais seul. Et que au moment où notre responsable me répète cette longue liste d'accusation par email, il rajoute: «tu ne fais que je ne fasse pas d'effort pour laisser plus la parole. Il y au moins cinq personnes qui se sont plein que tu les empêches de parler». Alors que PERSONNE ne m'avait jamais prévenu directement qu'il y avait un problème de ce côté là, et que notre responsable a donc attendu des mois avant de m'en faire part ! Et m'en a fait par dans un long email, sans jamais avoir trouvé le temps pour qu'on en parle face à face malgré plusieurs promesses de prendre un rendez-vous. Des co-intervenant-e-s m'ont précisé après que ça allait mieux, que je faisais enfin un effort. Ce qui est pas moins énervant, puisque c'est assez moche de me reprocher de pas faire un effort sur un problème dont personne ne m'avait parlé ! Je précise que le responsable à changé, à ma connaissance il n'est plus actif au mag, donc le reproche que je fais ne présage en rien de ce que vous trouverez si vous décidez d'aller faire du bénévolat aujourd'hui.

Un truc dont je suis fier, c'est d'avoir introduit la coutume, après avoir parlé de certains sujet (par exemple, les intersexes), de demander aux élèves pourquoi on leur a parlé de ce sujet. J'espère que ça les pousse à réfléchir activement. Et surtout que ça leur faire voir pourquoi la question peut les concerner. Je suis surtout fier d'avoir vu d'autres intervenant-e-s reprendre cette méthode, copié sur des intervenant-e-s qui l'avaient copié sur moi.

Il y a bien sûr les trois élèves qui m'ont expliqué qu'il serait normal de me tuer. Parce que j'ai été avec un homme. Et le fait qu'à la troisième fois, je n'étais même plus choqué.

Il y a ce lycée professionnel, qui demandait le jeudi aux élèves de porter une tenue professionnel, avec des critères très précis, distinct pour les hommes et les femmes. Je me sentais assez mal d'y parler sexisme alors qu'on a une règle disant de pas s'opposer aux lycée pour ne pas lui donner de raison de ne pas nous faire revenir. Dans ce lycée, le surveillant discutait autant que les élèves, ce qui le rendait plus pénible qu'autre chose. Je me souviens aussi avoir été impressionné par ma/mon co-intervant-e, qui faisait ça sa première intervention. Iel était animateur de colonie de vacance, iel m'avait expliqué que ça aide.

Il y a cette étudiante de science po, qui nous a observé. Qui faisait par de son choc lié au fait que l'on semble parfois prendre le côté des homophobes. Ce que je revendique ! J'ai toujours préféré le «oui, mais...» au «non.». Il me semble que l'exemple qui l'avait choqué ce jour là était «On ne dit pas que refuser le mariage pour tous est homophobe.» Malgré qu'on ait complété par un «On dit que ça a tel et tel conséquence sur les couples, leurs enfants, qui sont déjà là, etc...». On dit ça afin de ne pas braquer en qualifiant les enfants, et potentiellement leurs entourage, d'«homophobe». Je me souviens d'elle surtout parce qu'elle devait faire sa première intervention avec moi, et m'a fait faux bon. J'ai appris par le responsable qu'elle était vexé que, en lui répondant par texto, je n'ai pas commencé mon texto par un «bonjour». Elle m'avait dit «bonjour» avant de me demander où on se retrouve, et moi j'ai du répondre un truc comme «directement au lycée». J'espère que ce n'est pas la seule raison qui a fait que, finalement, elle n'est jamais intervenue.

En terme d'intervenant-e, je ne peux pas ne pas évoquer une des rare intervenant-e-s hétéro, qui est resté avec nous un petit moment. Super douée, c'était toujours un grand bonheur d'intervenir avec elle. Elle doit être une des rares personne que je n'ai pas viré de mes amis facebook après avoir fini les IMS. Même si, depuis des années, elle doit me rendre un livre que je lui ai prêté, ce qui est quand même pas cool. L’événement le plus étrange avec elle s'est déroulé non pas durant une intervention, mais dans un transilien en revenant vers Paris. Je lui demandais des conseils de livres pour s'initier au féminisme. Elle m'a conseillé «l'Ennemie principale». Et une bonne partie de la discussion tourne autour de sujet lié au féminisme. En cours de chemin, notre voisine - à laquelle je n'avais prêté aucune attention - se lève pour partir, et nous remercie pour la discussion, bien plus intéressante que ce qu'elle entend d'habitude dans ce train, souvent autour du foot.

La dernière chose marquante qu'un intervenant à dit qui m'a marqué, c'est «c'est intéressant d'intervenir avec toi.». Ça me marque, parce que je réalise que c'est typiquement ce que je pourrai dire à quelqu'un que je veux pas vexer, à qui je veux pas mentir. Je compléterai alors intérieurement par «comme ça, je vois quel fautes je ne dois pas commettre».

En terme d'établissement, il n'y en a pas beaucoup qui m'ont marqués. Cependant, je dois forcément faire référence au lycée Rosa Parks de Mongeron. Je crois qu'on m'avait expliqué que c'était le second lycée de France, premier d'Île de France. Plus d'une trentaine de classe de seconde. On les voyait toutes tous les ans. Donc on y allait pendant 3 semaines, à raison de 3 classes par jour. Et ce lycée est bien plus élevé que la gare, et le bus pas totalement régulier. Puisque en plus il fallait arriver à 8h30, en banlieue parisienne, loin du RER, ça donnait des journées assez épuisantes ! Heureusement, le personnel était très aimable.

J'ai toujours une appréciation pour les profs qui demandent la permission de venir assister, alors que ce n'est pas leur classes. Qui expliquent qu'ils viennent parce que des collègues leur ont dit du bien de nos IMS. Donc ils voulaient voir ce que c'est.

Parfois, les profs nous disent après nous avoir vu qu'ils étaient étonné. Ils auraient pensé que leurs classes serait pire. Qu'on a eu des élèves plus discipliné que ce qu'ils sont en cours. Quand un prof nous dit ça, c'est presque toujours ce qui, pour nous, constitue les pires classes. Si les profs disent la vérité, j'ignore comment ils peuvent exercer leur profession.

Malheureusement, je me souviens aussi de quelques profs homophobes, qui nous ont fait savoir que si ça ne tenait qu'à eux, on serait pas là. La palme étant à la prof qui nous a interrompu plusieurs fois, et nous a fait croire que c'était la fin une demi heure avant la fin réelle. On n'a compris le souci qu'au moment où un élève nous a demandé qui était cette dame. Car l'établissement avait fait attention à ce que cette prof - qui mettait des tracs de la manif contre tous dans la salle des profs - ne soit jamais chargé de surveillé la classe quand on intervient. Mais elle s'est incrustée. C'est le même endroit où, quand un élève à dit, sur un ton provocateur, comme pour nous montrer qu'on est ridicule «s'il y a le mariage pour tous, pourquoi pas la polygamie.» la CPE a répliqué «c'est illégal» «mais on peut en discuter» «si tu veux ça, retourne dans ton pays.» C'est aussi le lycée où un élève m'a dit que ça se voit que je suis gay, car j'avais des chaussures de villes. On a donc tenté de lui dire que, selon le travail, il aurait peut-être aussi l'obligation d'en porter - après tout il faisait un lycée professionnel lié au commerce. Il a dit qu'il s'en ficherait et qu'il obéirait pas au patron. Je lui souhaite bonne chance. Enfin, c'est aussi le lycée où j'ai du faire un aller retour chez moi en urgence. Parce que j'avais un invité que j'avais laissé dormir dans mon lit, et que j'avais enfermé par erreur, en fermant à clef par habitude.

En terme d'élève, j'ai forcément une pensée pour tous les élèves non cis-hétéro. Enfin, pour ceux qui nous l'ont dit, bien sûr. J'ai déjà écrit sur deux cas m'ayant mis mal à l'aise. Je pense aussi à un élève qui draguait lourdement ses camarades de classes. Quand quelqu'un le lui a reproché, ce premier élève a dit que c'était de l'homophobie. Et quand le second élève nous a demandé pourquoi c'était homophobe de reprocher au premier de draguer lourdement, j'ai bien du répondre que ce n'était pas homophobe. Je suis pas fan d'enfoncer un élève homo, mais si ce qu'on nous a rapporté est vrai, c'était effectivement aussi déplacé que si un hétéro l'avait fait.

Je pense aussi à quelques - rares - profs et infirmières qui nous avaient demandé conseil sur ce qu'il/elle-s pouvaient faire pour aider des jeunes élèves trans. Ce à quoi on a malheureusement peu de réponse. Dans un cas, ce que le lycée a été, c'était de dire aux professeurs que - en dehors du rapport trimestriel officiel - ils pouvaient s'adresser à l'élève comme ils le souhaitaient, et il parait que tous avait respecté la volonté de l'élève. Dans un autre cas, l'établissement à dit que c'était impossible de faire quoi que ce soit à cause d'un risque de contrôle de l'inspection académique. J'étais très triste pour l'élève qui nous avait rapporté ça. Je partageai l'opinion de ce garçon trans, c'est très hypocrite de la part de l'établissement de nous faire venir pour lutter contre les LGBTphobies chez les élèves si eux mêmes ne font rien !

Ce dernier établissement, je me demande très fortement si j'aurai accepté d'y retourner. Ils organisent une unique IMS, avec uniquement les élèves qui veulent être présent. C'est pas le fonctionnement habituel, mais laissé aux élèves la liberté de venir ou non a du sens. Par contre, on a découvert sur place que certains avaient court la première heure ou la seconde heure. Donc en gros, on a eu environ 150 élèves, dont seul une trentaine sont resté sur l'ensemble du temps. Ça avait peu de sens. Mais puisque ça semble avoir fait bien plaisir à quelques élèves LGBT+ de nous entendre, je suppose que ça valait le coup.

Dans les grandes classes, j'ai un énorme souvenir pour cet établissement, où on venait deux semaines, et un-e prof s'était trompé, avait dit à sa classe de venir une semaine trop tôt. Puisqu'il est impossible de dire à des élèves qui arrivent à 8h30 du matin qu'on s'est trompé et qu'il faut revenir la semaine d'après, on a pris les deux groupes à la foi. Ce qui serait déjà dur, mais en plus, on avait une journaliste radio qui nous suivait pour voir comment sont les IMS et enregistrer un peu. Avec un unique micro qu'elle porte sur elle. Ouille

Dans le sens inverse, certains élèves n'avaient pas été prévenu qu'on venait. Ils avaient habituellement cours en demi groupe, donc une semaine sur deux, la moitié de la classe venait à 9h30. Les élèves arrivé à 9h30 ont donc demandé s'ils pouvaient avoir leurs qu'ils ont raté durant la pause déjeuner. Ça fait vraiment plaisir de voir qu'on arrive à intéresser assez pour qu'ils aient cette demande. La prof a accepté, sauf qu'elle a oublié qu'on était deux et a acheté un unique sandwich pour nous.

Dans les gens peu sympathique, j'ai souvenir d'une concierge qui nous a sévèrement engueulé car on n'était pas venu à la loge donné nos cartes en échange d'un badge. Elle nous explique qu'il faut prendre un badge dans tous les établissement à cause de vigipirate. Donc qu'on aurait du savoir ! Sauf qui c'est faux, on bouge dans bien plus d'établissement qu'elle. On doit parfois montrer une carte d'identité, ou s'inscrire sur un registre. Mais c'est le seul lycée où on avait un badge. Elle était tellement désagréable qu'à la sortie, ma co-intervenante a préféré me demander d'aller chercher sa carte d'identité plutôt que d'aller la récupérer moi même. Ce qui n'a pas l'air de rien. Mais signifie quand même qu'elle préférait que j'apprenne son deadname (nom de naissance) plutôt que de faire affaire à cette concierge. Il y a d'ailleurs un truc qui est très marrant. J'ai eu plusieurs retours comme quoi cette intervenante disait du mal de moi - et de tout un tas de gens d'ailleurs. Une connaissance commune m'a dit, plusieurs mois plus tard, ce que cette intervenante me reprochait précisément. Reproches je trouve très injuste. Je trouve ça assez admirable par contre que cette co-intervenante ait assez confiance en moi pour dire du mal de moi en sachant que je révèlerai pas son dead name... même si, d'un autre côté, tous les gens qui nous connaissent tous les deux me pardonneraient probablement pas si je me retrouvai à faire ça. Donc peut-être qu'elle a uniquement confiance en nos connaissance communes. À noter que, quand j'ai envoyé un email à cette intervante pour m'excuser et demander des détails - au moins pour ne plus commetre la gaffe avec d'autres - elle s'est excusée, disant qu'elle était énervée mais que ce qu'elle avait dit était très exagéré. Vu le milieu militant, et la réputation de cette intervenante, c'était très innatendu. Mais finalement, je ne sais toujours pas ce qu'on me reproche précisément.

Pour revenir aux élèves LGBT, j'ai souvenir d'une élève demandant si elle pouvait être non-binaire même si elle avait un vagin. Je me demande si elle confondait pas non binaire et intersexe. Ma co-intervenante pensaint qu'on lui avait fait se poser des questions sur son genre. On ne saura jamais. Parlant d'intersexe de manière anatomique, un élève nous avait demandé si les bébés intersexe pouvaient naitre avec des seins. Ce qui m'a un peu inquiété sur son éducation quant à la reproduction.

Parlant de reproduction, un élève de 5ème avait demandé comment on fait des bébés. Et un autre avait employé le mot zizi. Après quoi on a conclu qu'on n'avait pas d'outil adapté aux 5èmes et on en a pas refait. Il faut dire aussi que c'était juste après Charlie Hebdo, et que quelqu'un avait marqué sur un tableau «une bombe explosera à 14H20». Ce qui a bien sûr annulé les interventions de l'après midi. Je n'avais jamais vu un tel déploiement policier d'ailleurs.

Une question qui vient parfois, c'est «comment draguer quand on est homo. Comment savoir qui est homo pour pouvoir être en couple.» Dans une classe, deux élèves avaient posé cette question là par écrit, de manière anonyme. J'ignore toujours quelle est la bonne réponse que j'aurai du apporter, puisque je peux pas juste leur dire de façon certaine «dites à tout le monde que vous êtes homo» - c'est parfois risqué - et que pourtant je suppose que ça aurait été intéressant que ces deux lycéens soient au courant l'un pour l'autre.

Dans la même salle, il y a eu une élève qui était resté là, mais a 90° de nous, refusant de nous regarder. On a fait avec. Mais là où ça devenait ridicule, c'était qu'elle a voulu participer et lever la main. Mais quand on l’interrogeait elle ne nous répondait pas. En effet elle ignorait quand c'était elle à qui on donnait la parole. Sinon, on a eu quelques élèves parti durant l'IMS, pour des prétextes plus ou moins bidons. Et un bon nombre qui sont pas venus, le prof nous disant qu'ils pensent que c'est à cause de l'IMS qu'ils ont séchés. Cela a d'ailleurs parfois été un mouvement de masse, les «Journées de retrait de l'école», durant la période de débat du mariage pour tous. De même, à ce moment là, les élèves refusaient souvent de croire qu'on ne venait pas là qu'à cause du débat, mais qu'on faisait ça depuis plus d'une décennie. À leur décharge, chaque année, il y a de nouveaux établissement faisant appel à nous. Il est possible que certains y aient effectivement pensé à cause de ce débat là.

Toujours dans la même salle - j'y ai passé des dizaines et des dizaines d'heures - je me souviens de l'unique élève avec qui je pense que j'aurai aimé gardé contact. Je pense avoir peu de risque de me tromper en le supposant neuroatypique. Des réponses très longues, trop parfois, mais toujours bien construites et argumenté. On devait hélas le couper, car ses raisonnement allaient trop vite pour que je sois certains que tout le monde le suive, surtout sans être famillié avec les concepts qu'il manipulait. C'est une des très rare fois où un élève m'a apporté une idée pertinente que j'avais jamais vu en IMS. On parlait de sexisme en jeu vidéo. Que c'est très souvent un héros, et une femme à libéré: Zelda, Peach... et que les héroines sont rare, à part Lara Croft et Métroid, on ne compte pas grand monde de célèbre. Ce à quoi il m'a fait remarqué qu'il fallait aussi avoir des hommes prisonnier à délivré si on veut l'égalité. Je ne dis pas que cette idée est révolutionnaire. Après coup, elle est même plutôt évidente. Mais sur le moment, je n'y avais pas pensé - et je n'avais pas réalisé que Dixie Kong allait sauver Donkey Kong deux fois. Et j'ai donc réalisé que j'avais un gros biais dans ma perception, puisque je n'avais même pas imaginé un homme prisonnier à aller secourir.

Il y a aussi deux élèves avec qui je pourrai théoriquement rester en contact. Car je connais leur compte twitter. Dans un cas, l'élève me connaissait, et m'a dit que j'étais plus beau en vrai que sur ma photo de profil. J'ignore totalement ce que je peux faire de cette information.

Un jour, un élève m'avait demandé quel garçon je trouvai beau dans la salle. j'ai répondu que j'avais presque deux fois leur age. Ils m'ont alors demandé ce que je pensais du prof. Je crois me souvenir qu'il était assez mignon, mais je l'ai pas dit.

Dans un style de réflexion poussé assez différent. Un élève déclarait que la zoophilie ne pouvait pas être interdite, puisque la chèvre ne peut pas se plaindre. Jusque là, la réflexion est assez classique, et la réponse aussi: ce n'est pas parce que tu ne te fais pas chopper quand tu voles à l'étalage que ça devient légale. Ce qui était inattendu, c'était la suite: «de toute façon, tu peux tuer la chèvre et la manger.» Pendant une seconde, j'ai failli demandé s'il voulait vraiment manger un animal dans lequel il venait de jouir. Mais une seconde, ça a suffit pour réalisé que je ne voulais PAS la réponse ! Et probablement personne non plus.

Il y a des choses que j'ai appris en enseignant. En particulier: la raison d'être des lieux de sociabilisation gays. C'était pour moi aussi un mystère. J'ai eu de longues discussion sur le forum de l'école normale supérieur, à tenté de comprendre pourquoi certains tiendrait à avoir des amis gays. Après tout, sauf si je compte coucher avec eux, je me fiche de leur orientation sexuelle. Il a fallu que je me mette à l'expliquer, à tenter de donner le point de vue de quelqu'un fréquentant ces lieux, pour que je me mette enfin à comprendre que j'ai l'immense privilège d'être dans un milieu absolument pas homophobe, ce qui rend ces lieux gay bien moins indispensable pour moi.

Une autre discussions autour des IMS, avec une femme trans, m'a marqué. Elle m'avait traité de transphobe parce que je dis que je parle aux élèves de non-binarité. C'était comme si un vulgarisateur médicale parlait d'homéopathie, selon elle. Je crois que l'autre problème pour elle était que je distinguai les notions de genre et de sexe biologique. J'ai déjà longuement discouru de la question sur le blog, et c'est un sujet qui, pour moi, n'est toujours pas résolu.

Un jour, alors que je parlais d'un-e ami-e gender fluid, j'expliquais que soit j'écoutais comment iel se genre, soit je lui demandais ce qu'iel préférait quand on se revoyait. Un élève m'a demandé comment je faisait pour parler de mon ami-e alors que je ne sais pas quel genre utiliser en ce moment. La question est extrémement pertinente, je l'ai dit à l'élève d'ailleurs. Cela montre que l'élève avait vraiment saisi de quoi on parlait. Je pense qu'on aurait été incapable d'expliquer à l'élève à quel point ça peut faire plaisir que quelqu'un pose cette question, et ait une réelle action pour ne traiter correctement une personne non-binaire !

Dans les autres questions dont les élèves ne réalisent pas forcément la pertinence: les toilettes publiques. C'est pas spécialement captivant comme question. Mais c'est intéressant que des élèves réflechissent sufisament aux conséquences de ce qu'on leur dit pour réaliser par eux même que choisir dans quel toilettes public aller peut être une réelle difficulté pour les personnes trans.

Un matin, un élève a demandé à moi et à l'autre intervenants depuis combien de temps on était ensemble. On s'était rencontré une heure au paravant. Mais j'étais plutôt flatté, mon co-intervenant était très beau. Cependant, je ne l'ai pas dit. Une élève a demandé à une intervenante qui ne voulait pas d'enfant ce qu'elle ferait si elle tombait enceinte. Elle n'a pas voulu répondre. Un autre à demandé à une intervenante bie comment elle faisait pour savoir si quelqu'un était bi avant de la draguer. Un autre élève à une autre intervenante bie a demandé si elle était toujours vierge. Bien entendu, elle n'a pas répondu à cette question par trop personnelle. J'aurai adoré répondre, il y a des trucs très intéressant à dire sur le concept de virginité. Malheureusement, déjà que je parle trop, je pense que ça serait très mal venu ici. Même si j'étais bien plus expérimenté qu'elle en matière d'IMS.

La dernière année, j'ai eu plusieurs fois des gens me parlant de polygamie. J'ai donc fait la différence entre polygamie: plusieurs mariage, qui est illégal, et le polyamour pratique d'avoir plusieurs amoureux. J'ai l'impression que j'aurai pu commencer à parler de polyamour, puisqu'ils amenaient le sujet. Je n'ai jamais osé. Ils faut dire qu'ils avaient peu de question, et je n'avais pas grand chose à dire de plus que la définition. Dire que si on considère que «tromper» signifie juste «ne pas respecter ses engagements» alors si tout le monde est d'accord, ce n'est même pas de la tromperie. Et dans tous les cas, polyamour ou tromperie, ce n'est pas spécifiquement lié à une orientation sexuelle particulière. Je suppose que j'aurai eu plus de questions si je disais que je suis poly, mais j'ai déjà expliqué ici pourquoi ça me semble être un risque trop important pour que je le prenne. Au moins un autre intervenant à songé à parler de polyamour. Puis je lui ai passé ce billet à lire. Et il a été convaincu que c'était une mauvaise idée. Je regrette beaucoup, j'aurai bien aimé qu'il m'explique pourquoi j'ai tort et qu'on finisse avec une approche non risqué pour abordé cette question.

De même, quand je parle à des potes poly des IMS, beaucoup m'ont dit que c'est pas grave si on parle pas des poly, on s'attaque déjà aux LGBTphobie, les poly viendront après. En pratique, c'est ce que je fais. Mais je déteste l'idée de prioritiser, donc je déteste que des gens soient d'accord avec moi.

Encore des anecdotes d'élèves homo. Une fille est venu nous voir après une intervention en nous disant «je suis lesbienne, mais ne le répéter pas.» Je me demande encore à qui on l'aurait répété, on ne revient jamais dans une classe. Mais je comprend sa peur. La majorité de la classe était très homophobe. Au point que j'ai fini l'intervention seule, ma co-intervenante craignait de se mettre à pleurer. En particulier, une élève était limite en pleure, car on tentait de convertir ses camarades de classes à l'homosexualité. On lui a dit qu'on ne savait pas faire ça. Lui demandant si elle pensait réellement qu'en lui parlant deux heures, on la ferait aimer les filles. Elle dit que non, mais d'autres élèves sont plus influençable. Visiblement, c'était ce que ses parents lui avaient dit, puisqu'elle nous a accusé de traiter ses parents de menteurs.

D'autres élèves viennent parfois pour parler de YAOI/Shonen-ai avec nous, je suis pas vraiment expert, ou des documentalistes pour des conseils d'ouvrages adapté à leurs élèves traitant de ces sujets. Dans le premier cas, mes co-intervenants sont en général meilleurs que moi. Dans le second, SOS homophobie a un site cool à ce sujet.

Dans la liste des orientations sexuelles, un élève nous a mis «mécaphilie». Dans une classe de lycée pro mécanique. Je m'interroge encore sur le lien entre les deux précédentes phrases. Dans un autre établissement, plusieurs classes nous ont parlé de l'amour pour les extraterrestre. Ce sur quoi j'avai franchement rien à dire.

Un prof nous a dit qu'il a vu un collègue sur grindr. Il est malheureusement parti à la fin de la première heure. C'est dommage, car parler de la notion d'outing devant lui aurait probablement été très intéressant.

J'ai une immense admiration pour un intervenant que j'ai vu énormément progressé. Il me semble qu'une fois qu'on lui faisait remarquer un souci, il ne refaisait jamais la même erreur. Il a donc fallu explicité énormément de choses qui m'auraient semblé évidentes, mais en quelques interventions il était devenu excellent. L'exemple qui m'a marqué concerne la bisexualité. On explique que bi, ça ne signifie pas 50% homme, 50% femme, que c'est un continuum. Lui disait que ça pouvait être 87,2% hommes, 9,3% femme, 2,5%non binaire, par exemple. Ce à quoi j'ai signalé qu'en réalité, personne n'a de pourcentage aussi précis non plus. J'avais peur sinon que ça ne fasse un peu trop robotique. Je ne l'ai jamais vu redonner des pourcentages précis.

À ce moment de l'écriture, je suis à court d'anecdotes. Je regrette quelque part de ne pas en avoir sur certain-e-s intervenant-e-s qui sont restés longtemps, qui ont beaucoup agis. Il y a un dernier intervenant auxquel je pense. Je suis un peu déçu de n'avoir rien à dire sur lui. Parce que il a totalement recréé les IMS, il est à l'origine des formations obligatoires - des formations tout court en fait - ainsi que du guide de l'intervenant-e - le document où on peut se renseigner durant une IMS pour les questions les plus fréquentes, les chiffres importants, tout ce qu'un-e intervenant-e doit savoir. C'est pendant qu'il était responsable qu'on a arrêté de dire - comme le faisait le responsable d'avant - «on va supposer que vous êtes tous hétéros». En fait, je n'ai rien à dire sur lui parce qu'on lui doit tellement les IMS tels quelle se font ses dernières années que je ne peux pas tirer une anecdote du lot. Ce type était assez psychorigide, et pas toujours très doué pour se faire apprécier. J'ai moi même eu du mal à discuter avec lui parce qu'il tournait mes idées en ridicule si elles ne lui plaisaient pas. Je donnerai un unique exemple: je suis intimement persuadé que l'interdiction des sex-toys aux moins de 18 ans est un véritable danger public. La sexualité et la découverte de son corps commence avant 18 ans. Si tu veux utiliser un sex toy, mais que tu n'en as pas, tu utiliseras autre chose. Par exemple, un objet de remplacement, par prévu pour ça. Avec tous les risques sanitaire que ça implique. Bref, je trouve qu'interdire l'accès aux sex-toys à moins de 18 ans est aussi con que d'interdire l'accès aux préservatifs aux gens de moins de 18 ans. Ce à quoi ce type a simplement répondu que je ne pouvais pas être sérieux, que je ne pouvais pas proposé d'autoriser les sex-shops aux mineurs. La raison pour laquelle je parle de cette anecdote, c'est que je n'aime pas être tourné en ridicule. Et que j'aimerai bien pouvoir discuter sérieusement d'idées qui sont mal vues, mais qui me semble cohérente. Bref, je lui en voulait. Mais ce type a fini par être haït au sein de l'association, puisque tout le monde avait ce genre de différend avec lui. Sur des points très variés, mais toujours autour de la psychorigidité. Et je me suis donc retrouvé à défendre ce type. Parce que malgré tout, il a fait énormément pour l'association, et pour les IMS en particulier. C'est probablement parce qu'il avait des idées si accroché qu'il a été si loin dans ses réformes, qui allaient globalement dans le bon sens, même si on n'était pas tous d'accord sur des détails ou des façons de faire. Je suis content de ne plus revoir ce type. Mais je suis triste d'avoir du prendre sa défense, souvent, quand les accusations devenaient franchement trop injustes et factuellement mensongères.

Pour finir, je rajouterai un lycée que j'aimais beaucoup. Avec en même temps pleins d'association autours de pleins de discriminations différentes. On a passé une troisième heure à la fin de la journée avec les élèves qui avaient envie de rester discuté plus longtemps. Et vu à quel point un-e élève était calé sur ces questions, elle menait bien plus que nous le débat. Ce lycée avait, entre autre, laissé les élèves organisé un groupe activiste. Je sais plus le terme exacte. Mais avait laissé liberté aux élèves de mener des actions de sensibilisation, des affichages, un local pour se regrouper. C'était franchement cool. J'étais très impressionné par une élève qui avait même assez de conscience pour réaliser que ses camarades de classes ne se rendait pas compte d'à quel points ils avaient de la chance d'être dans un lycée comme ça. De façon non étonnante, c'est le lycée où j'ai vu le plus d'élèves nous dire être non-cis, et avoir des notions sur ces sujets. Hélas, cette élève savait aussi que, non-binaire, iel était rejeté par certaine personne trans qui la voyait comme une ennemie. En plus, iel est fan de Mrs Yéyé.

Commentaires

1. Le vendredi 26 janvier 2018, 04:48 par Typhon

Pour les sex-toys je suis pas spécialiste mais est-ce que c'est vraiment très risqué d'utiliser un objet non prévu à cet effet, du moment que l'objet en question n'est pas pointu, ne comporte pas d'angle, nulle part, n'est pas fait dans un matérieau susceptible de casser, et qu'on ne le fait pas rentrer en entier ? Il me semble que pas mal de filles pourront te parler de leur brosse à cheveux et de son manche multifonction.
(sans compter ce cas fameux : https://www.methodshop.com/2003/12/... )

" J'ignore totalement ce que je peux faire de cette information."

Ben voyons.

2. Le lundi 29 janvier 2018, 04:09 par Arthur Milchior

Tu as oublié, au choix: que le matériel se lave bien, ou qu'on ait à sa disposition des préservatifs.

Je suis incapable de répondre à ta question. Cependant, je suis certain que vérifier que tout ces critères soient vérifié n'est pas forcément facile.
Quand bien même tu aurais raison, ça me semble toujours un souci. Pour faire une comparaison,: c'est pas parce que tu peux apprendre à reconnaître les champignons que je serai content qu'on interdise la vente de champignon comestible en boutique et qu'on dise aux gens, s'ils veulent vraiment des champignons, d'aller en chercher eux même.

«Ben voyons».
J'étais sérieux. Je tiens à rappeler que je parle quand même de l'avis d'un-e lycéen-ne.

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