Sheldon

Il y a des fois où il faut se remettre en question. Je réalise que selon certains je me comporte étrangement, et même si je donne l'impression de l'assumer, il m'arrive aussi de douter, même si je n'aime pas vraiment le montrer.

Et même si je dis que je suis content de tout ça, que ça ne me dérange pas, là, je commence à être vraiment effrayé par l'image que je dois donner.


Deux personnes, qui ne se connaissent pas du tout, qui ne fréquentent pas les mêmes personnes[1] et qui n'ont pas du tout fait le même genre d'études m'ont fait exactement la même réflexions. Ils m'ont indiqué que je semblais me comporter comme Sheldon Cooper.

Pour ceux qui ne le connaissent pas il s'agit d'un personnage de la série télévisé The Big Bang Theory, qui est un chercheur en physique théorique.


Eh bon sang, moi je n'aime que les sciences exactes. D'ailleurs, même si je suis au département d'informatique je ne m'intéresse pratiquement qu'à l'informatique théorique, plus précisément à la théorie du calcul (computation theory). Celle qui s'intéresse, non pas à ce qu'on peut faire, mais à prouver qu'il y a des choses qu'on ne pourra jamais faire avec les ordinateurs tels qu'on les connait aujourd'hui.

Donc, c'est des preuves, c'est on ne peut pas plus mathématique.


Sheldon, c'est un physicien, c'est à dire un type qui imagine des théories, des choses qu'il ne pourra considérer comme vraie que jusqu'à ce que des expériences montrent le contraire. Et surtout ça veut dire que, en imaginant que ce ne soit pas qu'un personnage de série, il ne pourra jamais rien prouver en ce qui concerne vraiment son domaine !

Donc, pourquoi est-ce qu'on me compare à un Sheldon, est-ce que je ne serai pas assez formel ?

Notes

[1] à l'exception de moi

Commentaires

1. Le mardi 25 janvier 2011, 16:41 par Typhon

« Sheldon, c'est un physicien, c'est à dire un type qui imagine des théories, des choses qu'il ne pourra considérer comme vraie que jusqu'à ce que des expériences montre le contraire.»

Hum, il me semble que la formulation "tant que des expériences les corroboreront » serait plus juste. Ça n'est pas strictement équivalent. Certes, tant que les expériences menées corroborent la théorie, elles ne la contredisent pas, mais d'un autre côté, il ne suffit pas qu'il n'y ait pas de résultat expérimental contredisant la théorie pour considérer celle-ci comme vraie.

Ensuite, les mathématiques, justement parce qu'elles sont irréfutables, ne sont pas une science au sens restreint du terme. Il n'existe pas de moyen de réfuter les mathématiques (ou si tu en connais, je serais très intéressé de savoir lesquels).

« il ne pourra jamais rien prouver en ce qui concerne vraiment son domaine »

L'important, ce n'est pas de savoir si les électrons se comportent "véritablement" comme MM Heisenberg, Bohr, ou Dirac le disent, à supposer que ça ait un sens, l'important, c'est de savoir si les abstractions formulées par leurs théories correspondent mieux au comportement apparent du monde que les modèles qu'ils remplacent.
Le concept de "vérité" est largement surévalué, de toute façon, il n'a pas tellement d'applications en dehors des mathématiques et de la logique formelle.

Typhon

2. Le mardi 25 janvier 2011, 21:21 par Arthur Rainbow

Je suppose que j'aurai du m'attendre à ce genre de commentaire: qu'on me réponde comme si j'étais sérieux en utilisant le même sérieux que moi dans mon billet. Et cependant j'avais cru que le commentaire prendrait le partie des gens me traitant de Sheldon, et qu'on m'expliquerait que j'avais mal compris.

D'ailleurs je m'étais juste dit que je voulais jouer entre le décalage de ce qui voulait être dit "Sheldon qui a des difficultées avec les relations humaines" et ce qu'un Sheldon entendrait: "On parle de ma science".

Je vais donc répondre sérieusement:

Effectivement, les mathématiques peuvent ne pas être considéré comme une science selon certaines définitions. Je dois bien avouer que je n'ai pas de définition préféré de ce mot, quoi qu'il en soit je continuerai cependant de me considérer comme étant un scientifique.

Non, je ne connais pas de moyen de réfuter "les mathématiques". Sauf si on parle de prouver le faux dans un système logique donné, ce qui permettra de montrer que les mathématiques sont inconsistante (ou au moins un modèle de base des mathématiques couramment utilisée).

En s'éloignant de la logique, on peut réfuter des modèles qui simulent tel ou tel chose... mais ce n'est pas vraiment le sujet. Cependant, à part ça, je ne peux rien imaginer d'autres que des "réfutations" de gens qui croient pas que la science valent quoi que ce soit par rapport aux superstitions, mais il me semble que ça nous intéresse peu.

Quoi qu'il en soit, j'ai déjà lu les explications que tu me donnes, je crois que c'est la définition du "positivisme". Honnêtement, l'idée me met mal à l'aise, et même si c'est absurde, j'aime beaucoup les certitudes, donc je pense que je n'aurai pas supporté de faire des sciences expérimentales. Les mathématiques et tout ce qui s'ensuit et qui contient théorèmes me semblent bien plus joli. En fait, si tu as lu "procrastination" de Pratchett, je serai un "controleur" (oui, je l'ai lu en français), et c'est bien là la raison d'être de ma réaction outrée quand on me compare à Sheldon.

Cependant, je précise bien entendu que je n'ai rien contre les science expérimentales, la preuve: j'ai des copains qui en font ! Je peux même me montrer admiratif de ce qu'ils sont capable de faire et de comprendre, mais je n'aimerai pas avoir à le faire moi-même.

3. Le mardi 25 janvier 2011, 22:57 par Typhon

Je ne connais pas TBBT, donc, même si j'avais tout de même compris qu'il me manque des éléments pour saisir ce que tu raconte, j'ai décidé de faire une réponse sérieuse, voire même un peu pédante, parce que c'est un sujet qui m'intéresse.

Moi, je suis obligé d'être positiviste pour survivre.

Si on considère que les sciences forment une rivière entre à gauche la non-science de l'abstraction mathématique rigoureuse, et à droite les terres barbares de l'incertitude et de la croyance, je suis échoué sur la rive droite. Je n'ai pas envie de trop m'enfoncer dans ces terres sauvages où tout peut arriver, alors le positivisme est un peu ma boussole.

Je pense que beaucoup de domaines d'études deviendraient bien plus intéressants, ouverts à la spéculation et à la diversité, si on y renonçait à ce concept largement inaccessible qu'est la vérité objective.

Par exemple, l'analyse littéraire que fait Pierre Bayard dans ses livres ("Comment peut-on parler d'un livre que l'on n'a pas lu ?" "Demain est écrit" "Comment améliorer les œuvres ratées") est largement plus intéressante et intelligente à mon goût que ce que l'on m'a appris à faire durant mes années de lycées, d'une part parce que l'auteur n'est pas un lycéen contraint et forcé mais un passionné, mais aussi et surtout, de mon point de vue, parce qu'il n'accorde aucune importance indue à ce que "l'auteur avait en tête" au moment où il a écrit, pour s'intéresser plus au texte lui-même, aux façons de l'exploiter, et à la réaction potentielle du lecteur, de sorte que ce n'est pas tellement la vérité du texte qu'il offre.

Bien sûr, c'est le genre de chose qui ne peut pas exister en mathématique. En mathématique, tout est soit vrai, soit faux ou indécidable, de façon objective.

Typhon

4. Le mercredi 26 janvier 2011, 22:00 par N

J'ai longtemps cru qu'il y avait des certitudes inébranlables en mathématiques et que les preuves mathématiques étaient plus proches de ma sensibilité que les preuves physiques.

Mais franchement, c'est plutôt une question d'habitude. Je n'aimerais pas savoir ce qu'en dirait un psychologue.

5. Le jeudi 27 janvier 2011, 00:45 par Arthur Rainbow

Je dois avouer que je ne comprend rien.

@Typhon, je ne me souviens pas que mes professeurs de français aient jamais mentionné la vérité à propos des analyses littéraires. Si le tiens l'a fait, ça m'inquiète.

J'aurai pas cru que ça ait suffisamment d'importance pour parler de "survivre". Je ne vois d'ailleurs pas où tu vois "deux rives", on est tous dans un monde soumis aux mêmes lois physiques, ça ne retire rien à la justesse des mathématiques (dont certains modèles représentent bien le monde, même si on peut penser que ça n'est qu'un hasard et pas une vérité)
Si je devais m'intéresser vraiment à la science (et pas simplement lire des livres de vulgarisation, ou suivre des cours d'introductions), je serai certainement positiviste, principalement car j'ignore quels autres procédé peuvent bien exister pour faire ce genre de science.

@N
Tu vas encore me dire que je cherche à tout comprendre mais: Je ne vois vraiment pas ce qu'un psychologue vient faire dans cette discussion.

6. Le samedi 29 janvier 2011, 14:48 par Typhon

Je ne me rappelle pas qu'un de mes professeurs de français ait jamais explicité l'idée qu'il y avait de "vraies" et de "fausses" interprétations d'un texte, mais le fait que ce soit implicite n'empêche pas que c'était un prémisse évident dans leur manière d'aborder le sujet, et de l'enseigner.

D'ailleurs, beaucoup de gens pensent comme ça, comme la lecture d'un article me l'a récemment rappelé :
http://www.ferretbrain.com/articles...

Je fais crédit à mes professeurs de français d'être quand même un peu plus intelligent que des fans d'Harry Potter, mais l'idée de chercher sans cesse "ce que l'auteur a voulu dire" dénote le même raisonnement sous-jacent.

Et sinon, utiliser un mot comme "survivre" pour parler du positivisme n'est pas extrême, dans la mesure où ne pas être au moins partiellement positiviste conduit à se faire bouffer le cerveau par des hypothèses folles genre solipsisme, ou papillon de Zhuangzi.

Typhon

7. Le samedi 29 janvier 2011, 17:32 par Arthur Rainbow

Je ne connaissais pas le nom de l'auteur de la phrase du papillon.
Pratchett a cependant cité la phrase dans "procrastination" dont je parlais plus haut, est-ce un hasard si tu le cites là ?
En tout cas j'aime beaucoup sa réponse (attention spoil jusqu'au prochain pragraphe, de mémoire)
Est-ce que c'était un papillon qui a été se trempé dans l'encre et a fait des traits sur un parchemin, ou un homme qui a pris une plume ?
- Un homme qui a écrit
-Alors ça nous donne la réponse.

Je comprend qu'on puisse avoir besoin d'avoir une méthode pour penser correctement pour garder une estime de soi. Mais "survivre" m'étonne toujours. Comme disais Desproges, on peut très bien vivre sans aucune forme de culture. Et ceux qui croient en dieu plus qu'en la science ne sont pas forcément plus malheureux, ni n'ont plus de problème à vivre (c'est juste qu'ils ne feront pas avancé les choses eux-même)

8. Le samedi 29 janvier 2011, 19:46 par Typhon

Oui, mais on a besoin d'un modèle stable. Et c'est une pure coincidence, je n'ai pas lu "procrastination".

Typhon

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