Relation anarchique

Ce blog a un tag polyamory. Mais en vrai, je m'intéresse plus à la notion de relation anarchique qu'à celle de polyamory. Je garde ce tag car le mot est plus connu, et que j'ai l'impression d'avoir plus à dire au sujet du polyamory qu'à celui des relations anarchiques. Ou en tout cas qu'en général, ce que j'ai à dire au sujet de l'un concerner aussi l'autre.

Et ici, c'est une exception. Je parlerai spécifiquement de relation anarchique. Après avoir discuté avec une relation poly, il me prend l'envie d'écrire un petit billet pour préciser ce que j'entend par relation anarchique. Parce que quand je dis que je suis anarchiste relationnel, ça semble être mal compris. Plus précisément, ça semble être mal compris par des polys (par des monos, j'ai l'habitude, vu que souvent j'entends l'amalgame entre poly et sexe à plusieurs.)

Relation anarchique ne signifie pas que les relations n'ont aucunes importances. Que les gens avec qui je semble avoir une relation sont aussi important que le premier passant dans la rue ou qu'une personne, croisé à une soirée, avec qui j'ai eu une discussion sympa puis dont j'ai totalement oublié l'existence.

Il y a des choses qui sont traditionnellement associé à la notion de couple. Par exemple le fait de dormir régulièrement dans le même lit[1] alors qu'on pourrait faire lit à part. Le fait de se tenir la main dans la rue. Ou le sexe. Relation anarchique, pour moi, ça veut dire que personne n'a le droit de me dire si je peux faire ça avec X, à part bien sûr X dont le consentement reste indispensable. La seule signification que ça a pour moi, c'est que ces actions sont agréables sur le moments. Ou que nos plans créera des actions qu'on suppose qu'on appréciera plus tard. Mais mener une action traditionnellement réservé au couple n'est même pas une promesse que ces actions se répéteront.

Et réciproquement, ça veut dire aussi que l'absence de ces actions n'a pas non plus d'importance. L'obligation conjugale est aussi un non-sens d'un point de vue d'anarchiste relationnel[2]. Il est tout à fait possible de ne pas être asexuel et d'être en relation avec quelqu'un-e d'asexuel-le. Je peux même témoigner que ça peut avoir un côté assez génial, car ça amène à considérer encore d'autres manières de vivre une relation.

Dans mon cas, ça veut dire aussi que je ne suis pas capable de distinguer toutes ces relations dont je parle plus haut, de mes amis. Pour dire ça autrement, me dire anarchiste relationnel veut simplement dire qu'on aura beau partager autant d'activité que l'on veut, je n'accorderai pas plus d'importance à cette personne qu'à mes ami-e-s proches. Et ce, même si l'ami considère ne pas être en relation avec moi. Une relation anarchique ne veut pas dire que je prend ce que je veux et me casse. Ça veut dire que je ne lui donnerai pas plus que ce que je serai déjà prêt à donner à un ami proche. Ce qui peut quand même dire aider à un déménagement, dépanner l'ordinateur, ou lui permettre d'avoir quelqu'un à qui parler de son chagrin d'amour, je peux être là.

Quand je dis qu'avoir fait une action n'implique aucune promesse de la refaire dans le futur, je veux juste dire que je peux arrêter de vouloir embrasser quelqu'un, ou arrêter de vouloir dormir avec quelqu'un. Tout comme j'ai pu décider d'arrêter le karaté car je n'avais plus d'envie d'en faire. Ça ne veut pas dire que la personne n'a plus d'importance et que je peux l'ignorer comme le dernier des malpropres. Je ne me donne aucune autorisation, et certainement pas celle de dire «je t'avais prévenu que je suis anarchiste relationnel, donc tu devrais t'attendre à ce que je te pose un lapin/arrête de te répondre/t'ignore». Il me semble que le bon sens et le fait d'être quelqu'un de correcte implique au minimum que je prévienne l'autre d'une rupture, d'une envie de s'éloigner, de ne plus se voir. S'il y a des choses à finir, des affaires à rendre, on peut toujours le faire comme le feraient deux amis qui se sont prêté des objets ou qui ont travaillé sur un projet commun. Et honnêtement, si je pensais que me dire anarchiste relationnel me donnerait une sorte de joker pour finir les relations n'importe comment, je ne vois pas pourquoi quelqu'un voudrait/accepterait de participer à une relation avec quelqu'un de si égoïste. Ici, ce n'est plus une question de définition de terme, c'est une question de savoir si la personne est fréquentable ou pas.


Et maintenant, par symétrie, considérons le cas où ce soit l'autre qui veuille arrêter la relation[3]. Je ne crois pas que le simple fait que j'utilise le terme de relation anarchique soit une explication que je devrai juger satisfaisante au fait de me faire poser un lapin. Ou au fait que quelqu'un avec qui j'ai vécu des choses décide de ne plus m'adresser la parole, sans même me dire qu'il ne m'adresse plus la paroles.

P.S.
Bien entendu, ce billet est personnel, et quelqu'un d'autre aura une autre définition de relation anarchique. D'autant que dire ce que signifie ce terme pour moi dépendait de ce que j'attend de mes relations. Et qu'une relation anarchique signifiera certainement quelque chose d'autre pour quelqu'un qui veut acquérir un logement ou avoir des enfants.

P.P.S
Notez que, selon relationship anarchy is not about sex or polyamory/, n'étant pas anarchiste, et n'ayant pas la revendication de faire de mes relations un acte politique, je ne suis pas légitime à utiliser le terme d'anarchie relationnel. Eh bien, je me rebelle contre cette anarchiste, qui n'entendra sûrement jamais parler de moi, et je garderai ces mots !

Notes

[1] Si c'est un week-end, et qu'on est plein, et qu'on manque de lit, ça ne compte pas.

[2] Pour beaucoup d'autres gens aussi d'ailleurs

[3] Ce qui me rammène à la discussion dont je parlais en début de billet avec une relation.

Commentaires

1. Le vendredi 14 octobre 2016, 11:36 par Typhon

« Dans mon cas, ça veut dire aussi que je ne suis pas capable de distinguer toutes ces relations dont je parle plus haut, de mes amis. »

Ça serait pas plutôt lié au fait que tu es aromantique.

2. Le samedi 15 octobre 2016, 10:09 par N

Peut-on être en relation autre qu'anarchiste avec quelqu'un qui a tendance à être alexithymique ? https://en.wikipedia.org/wiki/Alexi...

(Je parle surtout de moi : j'ai êté en relation avec pas mal d'alexithymique, et ce sont ces relations qui m'ont poussé à être de plus en plus du moins à essayer d'être anarchiste dans mes relations.)

PS : j'utilise le mot anarchiste dans ton sens, bien que je crois me sentir plus proche de «libertaire», mais bon toutes ces histoires de lexiques sont un peu superfétatoires une fois qu'on est d'accord sur la définition.

3. Le samedi 15 octobre 2016, 15:48 par Arthur Milchior

@Typhon :
Je n'utilise plus trop le mot aromantique. Mais en vrai, je ne sais pas si la question a du sens. Dans le sens où je peux d'abord décirre ce que je veux/ressens/pense, et ensuite, pour simplifier, voir si je peux mettre une étiquette de façon à simplifier aux autres l'interaction avec moi. Et pour voir si je peux lire des témoignages de gens ayant des ressentis similaires.
Comme il n'y a pas dans mon cerveau un bouton «aromantique» et un bouton «anarchiste relationnel» à cocher ou ne pas cocher, je ne peux pas juste dire que tel pensée vienne d'un mot ou de l'autre.

4. Le samedi 15 octobre 2016, 15:51 par Arthur Milchior

@N :
Je dois fréquenter des groupes fort différent de toi. Je ne connais personne utilisant le terme libertaire ou alexithymique.
En tout cas, je serai bien incapable de répondre à ta question. Je ne sais rien de plus à ce sujet que ce qu'en dit le lien que tu m'as passé et que je viens de lire.
Pour être honnête, le mot lui même m'importe peu. Ce qui m'importe c'est de pouvoir dire mes attentes à mes relations. Et avoir un mot, quelqu'il soit, permettra d'éviter des longues périphrase une fois qu'une définition aura été donné. À titre personnel, je n'aurai rien contre le mot «libertaire» non plus. Je ne savais juste pas qu'il était utilisé.

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