Réduire le coût du temps de préparation des enseignement

De ce que j'ai lu régulièrement, le nombre d'étudiants par enseignant augmente à l'université française depuis un moment. La réponse la plus avantageuse[1], serait de créer plein de postes de maître de conférence, et logiquement, pour suivre, des postes de professeurs. Mais ça coûte des sous. Certains proposent comme réponse la sélection à l'université. Une solution employé est l'emploi d'ATER et de vacataire, c'est à dire de contrats courts.

Il y a une solution qui me semblerait pragmatique, qui n'est pas employée, et je n'arrive pas à comprendre pourquoi[2]. Ou plutôt, je comprend qu'elle pourrait ne pas plaire à certain-e-s enseignant-e-s, mais j'ai du mal à voir pourquoi l'administration ne tente pas d'y avoir recours. Avant d'expliquer cette solution, je dois expliquer comment les heures sont compté à l'université française.

Notes

[1] pour moi, qui suit en recherche de poste

[2] À part que ça nécessiterait un changement réglementaire au niveau national, et donc un énorme boulot pour l'initier.

Fonctionnement actuel

Le temps d'enseignement est mesuré en heure équivalent TD(Travaux Dirigé). Une heure équivalent TD est une heure passé à faire un TD devant des étudiants. En terme de temps de travail, on compte cette heure, plus le temps théoriquement passé à préparer le TD. Il est considéré que le temps de préparation est plus grand pour une heure de cours, et plus petit pour une heure de TP(travaux pratique). Un ATER temps plein et un maître de conférence doivent faire 192 heures équivalent TD par an, ce qui correspond théoriquement à la moitié du temps de travail.

Dans la préparation de TP, TD ou cours, on compte:

  • Se former.
  • Créer les fiches d'exercices.
  • Faire les exercices soit même pour vérifier s'ils sont faisable et si le matériel fonctionne bien.
  • Préparer le matériel si nécessaire.
  • Créer des examens, partiels, projets.
  • Les corriger.

Solution proposé

Ce qui compte pour l'université, c'est le nombre d'heure d'enseignement reçu par les étudiants, et un peu le fait que l'enseignement ne soit pas fait devant trop d'étudiant-e-s à la fois. À part à supprimer des cours/augmenter le nombre d'élève par classes, ce temps n'est pas compressible. Par contre, pourquoi ne pas comprimer le temps de préparation ? On ne peut pas comprimer le temps passé pour les trois derniers points que j'ai listé: il faut faire des sujets différents pour chaque classes afin d'éviter la triche, et que chaque classe ait du matériel pour travailler. À la limite, si on a 10 ans d'archives d'examens, ou que le cours est donné à 10 classes différentes, on peut piocher dans un autre examen pour éviter d'en créer un - en supposant que le programme du cours soit toujours le même. Un-e étudiant-e qui a révisé 10 archive de contrôle mérite d'avoir une bonne note. Et bien sûr, il y a le temps de corrections, qui pour le coup me semble vraiment incompressible.

Par contre, si on donne plusieurs fois le même TD, on a besoin de se former une seule fois, de faire une seule fiche d'exercice, et de la tester les exercices une seule fois. Dans des grandes universités il y a tellement de classes de licence qu'une enseignant-e peut facilement faire la totalité de son temps de travail sur une seule matière. Là où je suis cette année, il y a une seule classe de première année. Mais il y a tellement de petits établissement ayant besoin d'enseigner l'introduction à la programmation qu'il serait cohérent de mettre cet enseignement en commun. Pédagogiquement, le choix du langage de premier année est un vaste sujet de débat, et diverses écoles ont des choix distincts. Donc il est vrai que je demande un changement, car un accord doit être trouvé pour que l'enseignant-e bouge sur plusieurs établissement francilien. Je suppose que ça serait moins pratique pour les petits établissements en province, isolé géographiquement. Enfin, ça nécessiterait certainement des changements administratif, pour savoir à quel budget on attribue tel part de l'enseignement. Mais comme finalement, c'est toujours le ministère qui paye, j'espère que le surcoût budgétaire serait compensé par la diminution du nombre d'heure de travail à payer.

Bien sûr, cette solution ne s'applique qu'au cours basiques, donné à énormément de monde. Les cours de Master 2, de spécialisation, donné à quelques dizaines d'étudiants dans 3 ou 4 université française, pourraient difficilement appliquer cette solution. À part à remplacer le temps de préparation par du temps de transport pour l'enseignant. Mais dans ce cas, il reste possible de faire le cours de Master 2 et de compléter le reste par du cours de licence.

À noter que ce mode de fonctionnement est déjà partiellement appliqué en pratique. En effet, la coutume (ou le droit ?) veut qu'un-e enseignant-e qui a donné un cours une année à le droit de redonner le même cours un certain nombres d'années. Parce qu'il est considéré que le temps de préparation sera plus grand la première année, mais sera compensé par du temps gagner les années suivantes. Ce qui pose problème d'ailleurs si une personne P donne un cours pour la première fois en l'an N. Et qu'il/elle ne peut pas le donner l'an N+1 (congé maternité ou maladie, par exemple), donc est remplacé par une personne P'. En l'an N+2, qui à le droit de faire ce cours, P ou P' ? P' selon la règle, mais ça veut dire que P aura perdu le gain de temps de préparation auquel il/elle aurait implicitement eu droit[1].

Problème

Je vois quelques soucis avec la solution que je propose. D'abord, l'enseignant risque de mélanger ses classes. S'il fait 4 fois le même TD/TP, ne plus savoir ce qu'il a dit à quelle classe. Et puis il risque de s'ennuyer à reparler toujours de la même chose.

Et surtout, s'il veut être recruté ailleurs, il aura peu d'expérience à mettre dans son dossier. Il ne pourra pas montrer qu'il sait enseigner plein de choses différentes. Ce qui serait mal vu, parait-il, par des recruteurs. Ce à quoi je répondrai deux choses: d'une part qu'avoir enseigné ne signifie pas qu'on sait l'enseigner. D'autre part, que si on suit mon idée, alors faire plusieurs cours serait considéré comme augmenter le temps de préparation, donc faire perdre des sous à l'employeur. Ça serait donc assez paradoxale que ça soit bien vu.

Note

[1] À noter que P aura probablement perdu du temps sur tous les cours, alors que P' aura perdu du temps sur un unique cours pourvu qu'il n'ait pas repris plusieurs cours d'absent-e-s.

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