Comparaison de deux blagues sur «Roi» de Bilal Hassani.

TW: homophobie?, éxecution.

Un dessinateur de presse et moi avons grosso modo fait la même blague. En tout cas, utilisé un angle très proche. L'angle est assez évident, rien de révolutionnaire[1], mais la blague elle même a été reçu très différemment. Probablement car il est publié dans la presse et pas moi. N'empêche que j'ai trouvé ça assez intéressant, comme illustration de différentes manières de faire rire à partir du même sujet.

Note

[1] Jeu de mot non voulu avant la relecture. Et totalement assumé après relecture.

En l'occurence, la blague commentait le fait que Bilal Hassani a été élu pour représenté l'Eurovision. Paradoxalement, il a été élu avec une chanson dénommé Roi. Le refrain de la chanson indique «Quand je rêve je suis un roi». L'angle que le dessinateur et moi avons choisi étant alors de prendre le chanteur au mot[1].

J'avais déjà remarqué que la royauté Belge était fort différente des contes de fées. Ainsi, j'ai lu dans mon bail, grosso modo: «L'arrêté royal du 8 juillet 1997 détermine les conditions minimales à remplir pour qu'un bien immeuble donné en location à titre de résidence principale soit conforme». Ce qui, personnellement, ne me fait pas rêver. Mais qui suis-je pour juger les rêves de Bilal. Le dessinateur de presse, quant à lui, à dessiné Bilal dans un billot de guillotine, chantant «Quand je rêve, je suis un roi», un valet, tenant la corde de la guillotine, lui répond «Ceci dit, les rois en France...». Le journal s'est depuis excusé. Le chanteur ayant reçu de nombreuse menance de mort, en plus de plein d'autres insultes, pas mal de gens que je suis sur les réseaux ont trouvé ça d’extrêmement mauvais goût.

Ça m'a un peu questionné, parce que fondamentalement, les deux blagues sont très similaires. On imagine que le chanteur dit vrai, et on en tire une conséquence simple. Conséquence déplaisante, je pense que le dessin est un plus rigolo. Le contraste entre un message positif, et la réalité qui rattrape. J'imagine que ma blague est un peu plus innovante, au moins en France, parce que les textes réglementaires sont moins associés à la royauté que la guillotine. Et surtout, je doute que ça puisse interpréter comme étant une pierre en plus apporté aux gens qui harcèlent Bilal Hassani. La dernière différence étant que le tweet a été vu 400 fois, il a eu 3 interactions. Alors que le dessinateur a la force d'un journal derrière lui.

Cependant, ce qui est très frustrant pour moi, c'est que je ne suis pas capable de trouver de différence fondamentale me disant que je serai «meilleur» que ce dessinateur. Toutes ces différences sont apparue un peu aléatoirement. J'ai donc l'impression qu'une part des critiques adressée au dessinateurs pourrait m'être adressé aussi.

Note

[1] Jeu de mot non désiré cette fois ci. Même si la chanson parle de s'accepter et qu'il est ouvertement gay.

Commentaires

1. Le lundi 11 février 2019, 21:24 par Typhon

Ça me paraît évident qu'il y a une grosse différence entre une blague qui implique un acte de violence envers une personne réelle (a fortiori qui subit des menaces) et une blague qui n'en implique pas.

Je vois pourquoi tu considères que les deux blagues sont similaires, le ressort sous-jacent c'est la notion de royauté, mais le développement est pas le même et ça fait toute la différence.

2. Le mardi 12 février 2019, 05:10 par Arthur Milchior

L'autre ressort en commun, selon moi, c'est de rappeler les côtés vraiment déplaisant pour le roi. Je doute que créer ces normes soit intéressant.

3. Le mercredi 13 février 2019, 23:36 par Subbak

Dans un cas tu te concentres sur la "réalité" du quotidien d'un roi, en faisant remarquer que c'est pas aussi glamour qu'il le laisse entendre. Un peu comme ce strip de Boulet sur les fantasmes :
http://www.bouletcorp.com/2012/03/1...

La blague sur la guillotine, c'est aller direct à "comment je peux transformer cette chanson en une évocation de la violence physique". C'est même pas comme si c'était une constante, ou un truc hyper courant, pour les rois de finir guillotinés.

En plus de ça même si tu veux faire une blague à base de "les puissants peuvent se faire renverser et tuer, parfois par ceux qui les ont porté au pouvoir" il y a des manières de faire qui montrent un peu d'empathie et ne sont pas des appels du pieds à l'extrême-droite homophobe.
Par exemple une référence à la tirade de Richard II ("Let us sit upon the ground and tell sad stories of the death of kings") aurait été d'un bien meilleur goût

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