Être monosexuel/romantique est sexiste

À vu de nez, je pense que tu C'est moi! Bonjour, comme Arthur a écrit ce billet me concernant, je lui ai demandé de pouvoir le modifier et apporter des notes. Vous me verrez donc popper fréquemment de la sorte ne seras pas d'accord avec au moins une affirmation de ce billet. Même si tu es la personne qui m'a inspiré ce billet, et qui est la seule personne que je connaisse à défendre la première thèse dudit billet, celle qui est indiqué dans le titre, je sais que tu n'es pas d'accord avec la conclusion. Moi-même, je ne suis pas intimement persuadé de la véracité de la thèse de ce billet. Pas que je pense que cette thèse soit fausse, juste que c'est très contre intuitif.

La personne à qui je dois ce billet défend l'idée que "Être gay, c'est sexiste". En fait, qu'être lesbienne ou hétéro aussi, mais vu que je me disais gay, j'ai eu le droit à la version gay. En fait, "Être monosexuel, c'est sexiste"[1]. La thèse serait presque "ne pas être pan[2], c'est être sexiste", mais vu que certains disent "bi" et se comportent comme des pans, ça serait trop généraliser. a, ça irait aussi, évidemment. Comme je l'explique plus tard, ce qui est genant est le terme, et pas ce qu'il implique

Notes

[1] Mono(sexuel/romantique) signifie ici: être attiré (sexuellement/romantiquement) par un seul genre. Cela comprend principalement les homos et les hétéros, et ça n'a rien à voir avec le monoamour qui consiste à n'avoir qu'un-e seul amoureux-e à la fois.

[2] pansexuel: attiré par tous les genres.

Voici donc l'explication que j'ai obtenu: «Se dire homosexuel, c'est agir différemment en fonction du genre, donc c'est sexiste par définition.» En effet, dire "je suis gay" peut avoir plusieurs implications.

  • Quelqu'un peut le dire pour signifier "je n'ai été en relation qu'avec des gens de mon genre", ceci dit, c'est étendre beaucoup le sens de cette phrase, parce que ça pourrait être vrai en étant bi/pan[1], ou même en étant hétéro sans l'avoir toujours été. Bref, l'information pertinente est caché.
  • Certains l'utilisent comme excuse envers les filles pour toucher les seins/fesses, mais au second degré. Là j'espère ne pas avoir besoin d'argumenter que c'est sexiste.
  • Enfin, ça peut être pour dire à une fille "je ne suis pas intéressé, je suis gay". Et, comme dans le cas précédents, ça veut dire que la personne va traiter différemment une fille qu'un garçon. Ça veut dire aussi que le fait que la personne soit une fille est vu avant même la personnalité, que c'est nécessairement un élément fondamental de la personnalité. Annecdote qui me marque beaucoup: L'excuse "je suis hétéro" est beaucoup utilisé pour refuser d'encorder quelqu'un. Ce qui me semble stupide vu que: 1) je ne vois pas pourquoi il y aurait besoin de justifier un non et 2) que du coup s'il y a une personne assigné/e fille qui demande et que cette personne n'est pas a son gout, ben... Cela revient pas mal aux relations entre le genre et la beauté qui se recoupent je trouve, beaucoup


De mon expérience, le plus gros problème n'est pas tant le sexisme que le cissexisme impliqué par la notion de monosexualité. L'idée de homo/hétéro présuppose que tu sois capable de dire qui est un homme et qui est une femme. Et toute personne ayant suffisamment fréquenté de trans et de non binaire sait que c'est totalement faux. Si tu te dis gay car le physique masculin est plaisant à tes yeux, tu seras peut-être attiré par quelqu'un qui a une apparence masculine, mais qui ne sera pas un homme pour autant; mais si t'es attiré par quelqu'un qui n'es pas un homme, le mot gay a t-il du sens ? Et surtout, du point de vue de la personne, si tu te qualifies de gay et lui dit que t'es intéressé, tu la renvoies à un genre qui n'est pas le sien, ce qui est extrêmement cisexiste.

Réciproquement, si tu as à faire un homme trans, répondre "désolé, je ne suis pas intéressé car je suis gay" revient à invalider le genre de la personne. Il faudra aller chercher plus profondément pour avoir une raison qui ne soit pas cissexiste. Dire que son apparence n'est pas assez masculine revient à décreter ce qui est masculin ou pas, ce qui redevient sexiste(si on est pas convaincu, est-ce que vous trouvez que dire à une femme comment elle doit être pour être une vraie femme n'est pas sexiste ?) Ça peut être qu'on tient à ce qu'il y ait l'organe génital habituel, auquel cas ça réduit vraiment la personne à ses organes. Ou alors c'est que la notion de trans met mal à l'aise, ce qui n'est peut-être plus cissexiste, mais me semble en tout cas transphobe.


Je tiens à faire une précision. Il devrait être évident qu'il n'y a aucune obligation à justifier à l'autre son manque d'intérêt. Donc, quand je parle de donner une explication au refus, au désintérêt, je parle tout aussi bien d'explication qu'on se donne à soi-même. Il est possible de ne pas tenir de propos cissexiste, ce qui va éviter de vexer les non-cis, ce n'est pas pour autant qu'on a pas de pensée cis-sexiste.


Je précise que je ne parle pas de situation théorique. J'ai été, deux fois, dragué par des hommes trans. La première, je n'étais pas au courant qu'il était trans, je ne connaissais pas vraiment cette notion. C'était en 2010, et je ne peux pas dire que j'ai bien réagi en l’apprenant. Je ne suis pas vraiment capable de dire pourquoi, mais, à l'époque, et je sais qu'on est beaucoup de cis à avoir eu ce genre de questionnement transphobe, je me suis demandé si ça remettait en cause mon orientation sexuelle. Ce qui est d'autant plus grave que l'homosexualité est quelque chose qui a pu être dur à assumer, et après avoir passé du temps à la revendiquer, c'est pas pratique de revenir dessus. À posteriori, je me sens juste con; d'autant que c'était probablement un des mecs les plus sexy que j'ai eu la chance de voir s'intéresser à moi.

Plus récemment, un très charmant jeune homme, qui s'avère être trans, a eu peur que je lui mette un râteau car j'étais surtout gay, et que, selon ses dire, il n'est pas très masculin. Ma première réaction à été de dire que, de toute façon, j'étais pas gay. Ce qui est une connerie, puisqu'en l’occurrence, ce n'était pas pertinent vu qu'il s'agit d'un homme. Ça sous-entendait: ton côté un peu féminin me gène pas, ce qui n'est surtout pas un truc que j'avais envie de dire, puisque ça semble plus correcte de ne pas attirer l'attention sur ce côté dans le cas où il existe. D'ailleurs, pire, que je me retrouve à valider ce côté non masculin ou pas, je me retrouve dans la position de juger de la masculinité de quelqu'un, ce qui, comme indiqué plus haut, me semble sexiste. J'ai du mal a voir en quoi dire que l'on est pas gay sous-tendrait de tels jugements. Et quand bien même tu dirais "j'accepte tout", n'est-ce pas en soi non-exclusif? Bref, je ne comprends pas bien


Il me semble avoir deux solutions pour résoudre le sexisme indiqué au dessus. Arrêter d'utiliser les mots homo/hétéro/gay/lesbienne qui sont sexiste. Puis retirer aussi bi/pan qui n'ont plus de raison d'être Ça me semble raisonnable. Comme j'ai dis, ce qui est gênant, c'est pas que quelqu'un ne sorte qu'avec telle classe de gens, mais mette un mot dessus. Utiliser un tel mot enferme son ensemble des possibles ainsi que catégorise les gens avec qui cette personne sort. Sauf que si ça résous un problème, le sexisme, ça créé le problème que ces mots ont quelques intérêt: par exemple dans les luttes contre les oppressions. C'est le point qui est le plus ambivalent pour moi. C'est vrai que c'est utile de pouvoir dire "J'aime bliblablou et c'est parfaitement okay". À la fois, je ne sais pas si un tel niveau de détail est important? J'ai conscience que les problématiques L ont des points de différence avec les G, notamment vis-a-vis du sexisme, mais est-ce qu'un terme comme Marginalized Orientation ne suffit pas?. Ou pour savoir que la personne qu'on drague a une orientation sexuelle compatible, et qu'on a moins de chance d'être rejeté, ou au moins, moins de chance de se faire casser la gueule par un homophobe qui n'apprécie pas qu'on croit qu'il en est. Bref, dans un monde idéal de mon point de vue, on pourrait probablement se passer de ces mots, tout comme il n'y a pas de mot usuel pour les gens qui préfèrent les blond/brun/roux/rasés... C'est d'ailleurs de cette constation qu'est venue l'idée

Encore que ce mot aurait encore un intérêt, il me semble, pour désigner les couples de même genre; par exemple les couples hétéros ont statistiquement plus de facilité à avoir des enfants que les couples homo[2]. Le truc, c'est qu'actuellement, homo désigne à la fois l'orientation d'une personne et la configuration d'un couple. Je critique le premier, si tout le monde est d'accord sur le second, je ne vois pas de problème


Bref, je défend l'idée que ces mots doivent être gardés, au moins pour l'instant. L'autre solution est encore plus ridicule que de supprimer des mots, mais je vais quand même la défendre.

Je disais plus haut, je ne suis pas persuadé par les arguments que j'avance. Et la plupart des gens à qui j'en parle trouvent ça juste ridicule. Il y a une vraie raison à cela, en tout cas quand les personnes n'admettent pas être (cis)sexiste[3]. Souvent, quand on nous dit qu'on est sexiste, qu'on discrimine quelqu'un ET qu'on croit que les humains sont égaux indépendamment de leur genre ou sexe, on se dit qu'il faut faire quelque chose pour ne plus être sexiste. Ou en tout cas qu'il faut arrêter de faire les actions sexistes. Sauf qu'il est aussi admis que l'orientation sexuelle ne se choisit pas J'attire l'attention que si l'on ne choisit pas ce que l'on ressent, on décide de ses actions. En somme, la phrase ô combien célèbre "on ne choisit pas d'être gay" me semble simpliste en ce que l'on choisit de sortir avec les gens en question ou de faire truc ou whatnot, et donc qu'il est homophobe de dire à quelqu'un qu'il doit changer son orientation sexuelle. Il n'est pas possible de se forcer à être attiré par tous les genre, et je ne connais pas d'argument qui iraient dans le sens de traiter les hommes comme les femmes quand on fait des avances à des gens. Encore une fois, ce n'était pas mon point. Je parle vraiment dans le fait de se désigner et de considérer le futur. Après, certains diront qu'il est opressif de cibler uniquement un groupe de minorité, donc c'est un point qui me semble obscur

Il me semble donc que, la raison principale qui bloque pour accepter l'idée que être monosexuel est sexiste, c'est qu'il faut alors accepter l'idée qu'il peut être acceptable, dans certains cas, d'être sexiste. J'ai beau relire, ce passage me semble toujours une non-sequitur. Il faut alors défendre l'idée, rarement défendues, qu'il existe des discriminations qui n'ont pas à être combattues. Il me semble que c'est peu défendable pour au moins trois raisons:

  • Si quelqu'un sort ça de son contexte, je vais me faire haïr, et que les militants ne sont pas toujours tendre entre eux Ce qui est dommage[4].
  • Les «il existe» se transforment trop facilement en «pour tout». La phrase «il existe des discriminations qui n'ont pas à être combattues» risque d'être reprise en «les discriminations n'ont pas à être combattues», ce qui donnerait des (mauvais) arguments à ceux qui voudraient nous voir arrêter nos actions. Et il ne s'agit pas d'ennemis imaginaire, entre les journées de retrait de l'enseignements et le procès fait à SOS Homophobie, il y a des gens qui tentent vraiment de faire arrêter les interventions.
  • Et surtout, c'est contraire à la plupart des convictions, parce que souvent une conviction doit être simple, et une conviction universelle et plus simple à partager qu'une conviction qui demande de réfléchir à ce qui va être acceptable ou pas - d'autant qu'on risque fortement de ne pas être tous d'accord sur là où se trouve la limite. Et, partant de là, il sera plus simple de dire que ce qui est de l'autre côté de la limite n'est pas une discrimination que de dire que, ça en est une (puisque ça respecte la définition, ça respecte le fait de faire une différence entre différent gens) mais que ça va. Ça me convainc pas du tout. Une opression par définition est un système qui exclut ou marginalise des gens. Je vois l'idée de "C'est ce que je veux et je sais que c'est problématique", mais n'y a-t-il pas interêt a le challenger? Pour prendre une analogie vaguement similaire, j'ai quelque fois entendu le point que préférer les filles aux cheveux longs était sexiste, car se basant sur un code de critère dont l'on ne veut pas. Dès lors, ce point de vue ne m'en semble que l'extension

Notes

[1] en ayant jamais été en relation

[2] Je parle de stat, car il y a des tonnes d'exceptions.

[3] Parce que certaines personnes, dont je fais parti, disent qu'on est tous (cis)sexiste, puisqu'on a grandi dans une telle société et qu'il est impossible de ne pas avoir été influencé et d'avoir éradiqué la totalité de ces réflexions inconsciente due à cette société.

[4] Mais pour l'instant, j'ai eu une chance phénoménale, probablement car je ne me lie pas d'amitié avec les gens avec qui je milite et que je limite les contacte aux moments des interventions.

Commentaires

1. Le mardi 19 avril 2016, 15:42 par ClaXus

J'ai toujours eu cette intuition moi aussi. C'est pour ça que j'ai du mal aux gens qui se disent purement monosexuels.

C'est une des bases qui me pousse à dire d'ailleurs que le sexisme est comme tu le dis, quelque chose qui nous compose tous... C'est pour ça que je n'ai jamais fait de différence de traitement dans ma vie - enfin après mes quartorze ans, permettez moi d'avoir été un ado con - selon le sexe dans mes choix d'amis et plus.

Mais oui je crois que la bonne solution est celle-là : arrêter de considérer les choses comme toujours stoppées et figées, donc dire "homo", "hétéro", etc. Nous ne savons de quoi est fait demain, et à moins de se fermer totalement à certaines possibilités, et c'est pour moi précisément ici que se trouve le sexisme monosexuel, nous pouvons tous passer d'un état à l'autre.

Considérer l'individu en tant que tel résoudra tous nos problèmes, nous le savons depuis longtemps mais par nos choix de société, de consommation et de demain, nous continuons vers l'opposition donc vers les communautés et les divisions qui sauront toujours détruire toute unité et compréhension réelle de l'autre.

D'ailleurs j'en profite, j'écoute avec attention tout ce que tu communiques, c'est intéressant et je le lis et te soutiens au moins par la pensée, mais mon approche s'agira toujours de dire que c'est le système qu'il faut attaquer (ce que j'essaie de faire...), plus que les gens, qui eux en sont en partie les conséquences. Mais en attendant il faut colmater les brèches... Et c'est surement ça qui fait que cette société tient encore à peu près debout... donc bravo.

Oh et attention, le problème que tu soulèves là, c'est un peu le problème pourri intra-communauté qui nous divise. En a-t-on vraiment besoin ? Je ne crois pas... mais bon ça a l'avantage d'être intéressant et de nous faire progresser.

Bref, bonne chance à toi et à tous les autres, car malheureusement je crois que vous aurez du boulot jusqu'à la fin de votre vie...

2. Le mardi 19 avril 2016, 21:45 par Athreeren

Si on ne justifie pas son manque d’intérêt, la personne peut y projeter le pire, donc c’est parfois mieux de le préciser quand c’est un critère qui n’est pas hiérarchisé (dans ce contexte précis, il n’est pas « mieux » d’être une femme ou un homme. L’oppression des trans par contre est évidente à tous niveaux). Il est même possible que la personne demande la raison du rejet, auquel cas refuser d’en donner une risque d’être pris comme une attaque ; certains pourraient même devenir violents à cause de ça, donc avoir une raison « innocente » peut parfois être pratique. Mais comme tu le montres, c’est loin d’être innocent dans le cas d’une personne non-cis.

Il est intéressant de comparer avec d’autres classifications. Par exemple, tout le monde ne considère pas que vouloir sortir avec les gens d’une certaine race relève du racisme. Pour des critères esthétiques, même s’il serait franchement insultant de répondre « tu n’es pas assez beau/belle pour moi », on se fait rarement d’illusions sur les chances qu’on a en abordant quelqu’un de bien plus beau que soi. Pour les couples hétérosexuels, il est tellement impensable que la femme soit plus grande que l’homme que ce n’est pas considéré comme intolérant de mettre une barrière de taille comme dans les parcs d’attraction (ce qui est d’ailleurs aussi un problème pour les femmes trans) ; « tu est trop petit / trop grande » est acceptable, mais « tu es trop gros(se) » serait le comble de la goujaterie. Pour l’âge, c’est tellement accepté qu’on peut parfaitement traiter de pervers une personne beaucoup plus âgée qui nous fait des avances (et plus encore quand il s’agit de pédophilie). Je ne sais pas d’où vient la différence de traitement pour toutes ces classifications. Je me demande aussi si on peut tenir un raisonnement similaire pour les personnes mono et poly : « désolé, j’ai déjà un partenaire » peut-il être considéré comme une forme d’intolérance ? Sinon, serait-ce le cas si le monoamour était l’exception ?

On ne choisit pas envers qui on est attiré ; je ne pense pas que ce soit inné non plus : je suis à peu près certain que si on avait plus de représentations d’attractions homosexuelles, il y aurait beaucoup plus de personnes bi. On choisit avec qui on veut sortir ou coucher par contre, mais comme sortir ou coucher avec quelqu’un n’est jamais un dû, on ne peut pas accuser quelqu’un d’être X-iste pour cette raison. Ça peut valoir le coup de se poser la question pour soi-même si on a tendance à ne sortir/coucher qu’avec des personnes similaires par contre, mais c’est un choix personnel si on veut y changer quelque chose (et sortir avec quelqu’un juste parce qu’il est X serait assez répugnant).

Je trouve que les orientations sexuelles ne sont utiles qu’à titre descriptif (et donc dans les grandes lignes : si on ne sort presque qu’avec des hommes, et si la plupart des femmes avec qui on est sorti appartiennent à un lointain passé, il est plus pertinent de se dire androsexuel que bi) et non à titre prescriptif. Or si on est public sur son orientation (et que ce n’est pas pansexuel évidemment), les gens risquent de la considérer comme prescriptive, et on peut passer à côté de belles occasions. Donc autant ne rien dire. C’est pourquoi j’aime bien la notion de sapiosexualité, qui a l’avantage d’être complètement floue sur le genre (là encore, on peut considérer qu’elle rejette de nombreuses personnes et est donc intolérante. Et là encore, j’assume complètement le type de personnes envers lesquelles je suis attiré). Pour les luttes contre l’oppression, c’est la fonction descriptive du mot qui importe, donc considérer ces termes uniquement dans leur sens descriptif me semble être la meilleure solution.

3. Le jeudi 21 avril 2016, 21:05 par @now@n

Bon, je reviens pour éclaircir mes propos tenus à chaud. Je sais que j'ai blessé Arthur en exprimant que des arguments de cet article m'irritaient. Je n'ai pas précisé les raisons de cette irritation parce que je ne les avais pas identifiées précisément.

Finalement, ce n'est qu'une question de vocabulaire. Ou plutôt, une question de contexte.
Je comprends qu'il est discuté dans cet article la question de la transphobie, notamment dans la façon dont les personnes gays écartent des partenaires, parce qu'Arthur en a discuté avec une personne en particulier et a souhaité revenir dessus.
Je comprends qu'il est discuté dans cet article de la reconnaissance et de la place dans la société, notamment dans ses infrastructures romantiques et/ou sexuelles, des personnes non-binaires.
Je comprends qu'il se pose la question de savoir jusqu'où nos sensations intimes apprises, acquises dans notre culture et notre société, sont coupables.

Ce qui s'est passé, c'est que mes propres repères, mon propre milieu, m'a fait oublier les problématiques des relations entre la partie LGB et la partie T/BN de nos camarades MOGAI au profit des relations entre les personnes hétérosexuelles homophobes et les personnes homosexuelles dans la culture dominante.
Par exemple, quand je lis "ça m'a toujours paru complètement stupide de dire qu'on nait gay et qu'on ne choisit pas puisqu'à un moment on fait bien le choix d'agir dans son attirance", je serre les dents, j'inspire calmement par le nez, je re-serre les dents, parce que le "on naît gay" est apparu en réaction à ces charmantes réactions hétéronormatives que sont la psychiatrisation, les camps de correction, les mariages forcés, les viols correctifs... Bref. Cette formule est née pour s'opposer au changement, parce que quand on dit à un hétéronormatif "être homo est un choix", il comprend "oui oui bien sûr que je vais redevenir hétéro". C'est clairement pas les non-binaires et les trans victimes de transphobie qui sont à l'origine de ça, mais entendre une variation du bon vieux "être homo ce n'est pas naturel, force-toi", c'est un peu "too soon", pour moi en tout cas.
Il y a aussi le fait que je pige toujours pas si l'acte sexiste, dans cette théorie, c'est le fait de se dire gay, ou le fait d'être gay. Pour moi ça change quelque chose. L'un part sur le débat des étiquettes, que je peux recevoir, l'autre part sur un sentier que je n'aime pas du tout. Je suis d'accord que la transphobie ne peut pas être acceptée sous couvert de "vérité" du genre masculin ou féminin ("je préfère les vrais mecs/filles" est une phrase profondément, profondément transphobe, et je ne défendrai pas quelqu'un qui s'en sert). Mais pareil, je revois la partie "société hétéronormative" du tableau, et je pense à cette fille qui pète un plomb parce que pour un fois un homme ne veut pas coucher avec elle (il est gay), et je pense à ce garçon qui a embrassé de force la pote de sa pote contre un coin de mur pour lui prouver qu'elle avait envie de lui (elle est lesbienne).
Il y a aussi que dans mon expérience personnelle, chaque fois que j'ai agi contre mon attirance, que je me suis forcée pour faire plaisir à quelqu'un, ça a tourné au désastre, me biaisant de ce côté.

Et... ouais, c'est essentiellement pour ça que j'étais énervée après avoir lu cet article. Mais en même temps, ça n'a pas de sens que je sois énervée contre cet article.

Il s'agit d'une personne qui exprime son opinion sur la façon dont nous devrions gérer la non-binarité du genre. Il s'agit d'une personne qui n'hésite pas à questionner ce qu'on appelle des sentiments "naturels" comme l'attirance, puisqu'ils sont en réalité construits socialement, donc empreints des oppressions existant dans la société. Il s'agit d'une personne qui veut souligner que même si ça paraît anecdotique, les rejets amoureux peuvent vraiment blesser et dégrader les personnes trans et les personnes non-binaires. Il s'agit d'une personne qui n'a même pas pris l'initiative de partager son opinion publiquement sur Internet, puisque ses propos ont été rapportés par une personne qui les trouvait intéressants. Où est le motif d'irritation ? Nulle part en fait.

A quelle conclusion j'en viens ? Aucune. Je voulais simplement revenir m'expliquer sur mes déclarations faites sur Twitter et rassurer Arthur qui m'a paru blessé de ma réaction.

4. Le jeudi 21 avril 2016, 22:19 par Arthur Milchior

>Je sais que j'ai blessé Arthur en exprimant que des arguments de cet article m'irritaient.

Blessé non. Étonné uniquement. D'un côté, je me demande s'il aurait fallu des trigger warning, de l'autre, je ne sais pas lesquels mettre. Et rendu curieux de lire ta réaction. Je prétend être capable de me remettre en question si je dis une connerie, ce qui est déjà arrivé, et je voulai juste savoir quel était ma connerie pour éviter de la refaire. Dans le cas de cet article ça me semblait d'autant plus important que mes idées sont loin d'être fixé, et j'avais plus envie d'exposer des reflexions que de tirer une conclusion.

> mais entendre une variation du bon vieux "être homo ce n'est pas naturel, force-toi", c'est un peu "too soon", pour moi en tout cas.

J'avoue que je n'aurai jamais vu une variation de cette phrase ici. Certes, l'ami qui co-écrit n'est pas d'accord avec l'argument classique donné pour lutter contre toutes les horreurs que tu énumères. Mais ce n'est pas parce que l'argument ne convainc pas que ça implique que l'un de nous deux dise que ce n'est pas «naturel» (outre le fait que j'ai du mal à voir le sens du mot naturel ici)

>Il y a aussi le fait que je pige toujours pas si l'acte sexiste, dans cette théorie, c'est le fait de se dire gay, ou le fait d'être gay.

Je défend depuis un moment que quelqu'un est X s'il dit «je suis X». Donc pour moi, tes deux propositions sont équivalentes. Je vais reformuler en «le fait de se dire gay, ou le fait d'être attiré par des hommes.» Je tiens à attirer ton attention sur un point sur lequel je n'ai pas insisté en écrivant: je dis gay car je donne des exemples qui concernent mon vécu. Mais comme le titre et l'introduction le laissent entendre, hétéro est autant sexiste que homo. Donc un argument homophobe tiré de mon billet serait aussi hétérophobe. (Ceci dit, vu le contexte sociétale, je trouverai moins dangereux de sortir un argument hétérophobe qu'homophobe)

De ce que je comprend, c'est le fait d'être attiré par un unique genre qui est cissexiste, parce que cela implique qu'on est capable de distinguer le genre de la personne. Que si l'on est capable de dire que tel type de gens nous attire, utiliser le genre de la personne pour qualifier cette attirance est potentiellement problématique. Même si utiliser une caractérisation plus précise de ceux/celles qui nous attirent reviendrait à donner des détails par trop intime/trop compliqué pour être réaliste.

Pour reprendre le commentaire de Athreeren, l'autre côté sexiste serait alors d'utiliser l'étiquette dans un sens prescriptif. Dire que l'étiquette va influer de la manière dont je me comporte avec quelqu'un.

>Mais pareil, je revois la partie "société hétéronormative" du tableau, et je pense à cette fille qui pète un plomb parce que pour un fois un homme ne veut pas coucher avec elle (il est gay), et je pense à ce garçon qui a embrassé de force la pote de sa pote contre un coin de mur pour lui prouver qu'elle avait envie de lui (elle est lesbienne).

Je dois avouer avoir du mal à voir le rapport avec ce billet. C'est deux trucs assez triste, et le second même révoltant, même si malheureusement vça semble aussi assez courant.

>Il y a aussi que dans mon expérience personnelle, chaque fois que j'ai agi contre mon attirance, que je me suis forcée pour faire plaisir à quelqu'un, ça a tourné au désastre, me biaisant de ce côté.

Je suis désolé pour toi. Si ce n'est pas clair, je ne voulais pas dire qu'il fallait se forcer à aller avec tel type de personne, et je ne conseillerai ça à personne (en supposant que j'ai le moindre conseil à donner). C'est même la raison de ma conclusion que je trouve paradoxale, où je dis que, même si être monosexuel est sexiste, ça me semblerait toujours acceptable, aussi paradoxale que ce soit de dire que quelque chose de sexiste serait acceptable.

>Et... ouais, c'est essentiellement pour ça que j'étais énervée après avoir lu cet article. Mais en même temps, ça n'a pas de sens que je sois énervée contre cet article.

Je trouve que tu donnes des très bons argument pour ton énérvement. Cet article n'est pas un article de math, et je l'écris comme un article purement théorique, en étant coupable d'oublier que des gens pouvaient se sentir concerné. Ce qui est un défaut qu'on a un peu pu me reprocher sur d'autres textes, comme les IMS, ou en témoignant, j'oubliais à quel point ça pouvait triggerer des gens.

> Il s'agit d'une personne qui n'a même pas pris l'initiative de partager son opinion publiquement sur Internet, puisque ses propos ont été rapportés par une personne qui les trouvait intéressants.

Iel a quand même commenté, c'est ellui les textes en italique. Et si je rapporte, c'est bien parce que je trouve ces argument intéressant, et que je suis au moins en partie d'accord.

>Je voulais simplement revenir m'expliquer sur mes déclarations faites sur Twitter et rassurer Arthur qui m'a paru blessé de ma réaction.

Je t'en remercie

5. Le jeudi 12 mai 2016, 01:58 par LCF

"trigger warning"
*Avertissement

Pour le reste, Ath' a très bien réinventé l'eau tiède, Je ne saurais mieux formuler les mêmes arguments, auxquels Je souscris.

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