Vous pouvez probablement agir

Une de mes plus grandes fiertés en tant qu'intervenant, sans compter les interventions elle-même, c'est quand quelqu'un me dit que je l'ai poussé à agir. C'est arrivé plusieurs fois, dans mon association ou ailleurs. En particulier grâce au témoignage sur les IMS en audio, mais aussi parce que j'en parle régulièrement sur twitter. De plus, des gens me contactent plus régulièrement. Souvent des gens loin de Paris, donc j'ignore s'ielles se sont lancés. C'est une des raisons pour laquelle, depuis des années, je continue de communiquer autour des interventions en milieu scolaire et pour adultes.

Et si ce billet réussit aussi à convaincre quelqu'un d'agir, j'en serai ravi[1]. Je présente donc trois moyens d'agir.

Note

[1] Un ravissement mitigé si j'apprends que la personne s'engage dans une association NBphobe par exemple.

Attention. Je ne dis pas que tout le monde peut agir. Je sais que certains tiennent se discours, ignorant les privilèges qui vont bloquer d'autres gens. Je ne dis pas non plus que agir est réservé à certains gens. Bref. Je tente juste de donner des indications qui pourraient aider, sans vouloir vous diriger. Et encore. Si quelqu'un trouve que ça ne sert à rien d'agir pour un autre but que la révolution totale mettant fin aux cause de la totalité des injustice du monde, ou si quelqu'un pense qu'on ne peut rien faire, que rien ne change jamais, alors je n'ai aucun conseil à apporter.

Enfin, si quelqu'un agit pour avoir l'air d'une bonne personne[1], alors mes conseils risquent d'être assez mauvais. En effet il est plus simple de se vanter de conséquence directe que de conséquence indirecte de ces actes.

Les arguments auxquels je répond

Cependant, dans mon entourage, on me dit rarement qu'on n'agit pas par manque d'argent, de moyen de locomotion, ou parce que ça ne sert à rien d'agir si ce n'est pour tout soigner d'un coup. J'entends plutôt des «je n'aurai pas le courage/l'énergie.» Ou encore, «je ne supporterai pas de me prendre ça en face». Je suis probablement en cause d'ailleurs, puisque je parle plus souvent à ces gens des deux fois où des élèves m'ont expliqué qu'il serait normal de tuer des homos, donc de me tuer, plutôt que des classes banales ou amicales.

En bref, j'ai l'impression qu'une partie des remarques que j'en-tend sont due au fait que quand on s'imagine quelqu'un qui agit, on imagine: -les actions de AIDES, des FEMEN, des manifs avec gaz lacrymo et matraque.
-Ou alors quelqu'un qui va en face des gens[2], qui répond aux arguments, qui se prend des remarques déplaisantes, qui va parfois lutter pour se faire entendre.
Même que pour certains, c'est la partie «sexy» de l'activisme, c'est ce qui montre qu'une action a vraiment eu lieu. Les réactions à l'action prouve qu'il y a une raison d'agir.

Papier

Mais agir ne se résume pas à ce que j'ai mentionné plus haut. La plupart des associations ont une trésorerie à tenir, de la paperasse à remplir, des demandes de subventions à faire. Et souvent c'est les gens qui viennent pour l'action qui se retrouvent à faire ça. Tout simplement parce qu'il n'y a personne d'autre pour le faire. Vous pouvez donc avoir une action très concrète et sans vous exposer à des «ennemis». Vous pouvez libérer du temps pour le terrain à ceux qui veulent le terrain. Il vous suffit de venir aider à faire la partie interne. Ça, SMBC l'a dit bien mieux que moi. Et les savants fou créant les gadgets des super héros l'ont compris depuis longtemps.

Bien sûr, c'est sûr que vous risquez de moins pouvoir vous venter que moi, que vous recevrez moins d'admiration que les gens sur le terrain, et que vous ayez moins d'anecdotes à raconter en société. Mais si le but est d'être utile et pas d'avoir l'air utile, je pense que mon conseil est bon.

Créer et traduire

Bon, le dernier conseil s'adresse à des gens qui n'ont pas de phobie administrative. Donc un deuxième conseil.

Beaucoup de groupes de gens ne sont pas représenté dans les médias traditionnels. Voir même pas ou peu sur internet. Beaucoup de sujets sont majoritairement représenté par des clichés, ignorant totalement la réalité. C'est encore plus vrai sur l'internet francophone, qui est forcément plus petit que l'internet anglophone à cause de la taille de la population ayant accès au réseau. Et il ne faut pas oublier que beaucoup de gens ne parlent pas plusieurs langues, en particulier chez les jeunes. Donc, créer un contenu artistique représentant les questions qui nous tiennent à cœur, et les faire connaître, c'est déjà agir. Dans mon cas précis, j'ai traduit Fur-Piled et Khaos-Komix, des bd homo et LGBT respectivement, et par des retours que j'en ai eu, je sais que ça a aidé des gens. C'était pour moi un engagement ne me demandant pas de quitter mon domicile, c'est fort appréciable.

Traduire demande moins de temps et de talent que créer. D'autant qu'il n'est pas indispensable que la traduction soit parfaite pour être utile. Mais si vous pouvez créer, ça peut être encore plus sympathique à faire. Que ça soit une bd, une chaîne youtube régulière, des vidéos, des histoires, ou des blogs. Notons aussi que vous n'êtes pas obligé de vous exposer, montrer votre visage ou parler de votre vie. Vous pouvez parler de sujets qui vous tiennent à cœur sans vous mettre en avant.

Un des meilleurs exemples récent que je vois étant C'est ça l'histoire. On ignore d'où parlent les créateurs - à part qu'ils sont vegans et anarchistes. Mais ça reste un contenu très engagé, sur des sujets peut traité habituellement et très drôle - ce qui ne gâche rien.

Agir par des actions non sujettes à controverse

Bon, la dernière proposition demande certaines capacités. Rien qu'un blog, ça a l'air simple, c'est juste du texte. Si on a internet, on peut en ouvrir un sur word press ou tumblr sans rien payer. Mais être capable de produire un contenu qui intéressera certaines personnes, qui soit à peu près clair, réussir à coucher ces idées, dans un langage compréhensible, peut être complexe. Surtout si l'on n'est pas doué en orthographe, où on peut avoir l'air «enfantin»[3], et donc être décrédibilisé auprès de certains.

Voici donc une 3ème proposition d'action. Qui demande moins de créer soit même, et moins ennuyeux que la paperasse. Et encore une fois, une action ou presque personne ne s'opposera à vous. En fait, cette proposition est assez bête à écrire. Il s'agit d'agir pour des associations et des causes ne prêtant pas sujet à débat.

Par exemple, il est rare que des gens soient pour l'illettrisme. Il y a des associations qui luttent contre l'illettrisme. Et des bénévoles prenant de leur temps pour aller aider des gens à apprendre à lire. Je pourrai dire de même pour l'aide au devoir, l'usage des ordinateurs, ou l'enseignement du français. Et a priori, dans tout ça, il n'y a pas la violence directe qui peut effrayer. Bien sûr, on peut regretter que ce soit des bénévoles qui s'engagent. On peut regretter que c'est actions soient nécessaires. On pourrait espérer que l'état engage autant de gens que nécessaire pour mener ces actions de manière permanentes. Mais comme je disais en introduction de ce billet, je n'ai aucune idée de comment faire un changement globale et définitif.

Il y a même moyen de mêler vos actions à vos passions. Comme ceux qui font des actions pour faire découvrir et apprécier la programmation et/ou les sciences aux lycéens[4]. Ainsi l'École normale supérieure a une association qui s'adresse aux lycéens volontaires de lycées qui envoient peu d'élève faire des études avancés. Si on aime enseigner, voir naître une passion et l'aider à se développer peut être une sensation géniale.

À titre personnel, j'estime que remplir Wikipédia de contenu inédit et correct est aussi une manière d'agir. Ça peut être du contenu scientifique, histoire d'aider les futurs étudiants ou chercheurs voulant trouver ce qu'est un ensemble rationnel ou une structure de donnée purement fonctionnel. Mais ça peut aussi être du contenu niveau lycée, pour aider les lycéens à comprendre les sujets rajoutés récemment aux programme.

P.S.

J'aurai bien donner un 4ème moyen d'agir, donner de l'argent à une association défendant un but qui vous tient à cœur et qui justifie de son usage efficace. Mais j'ai rien à dire dessus.

Notes

[1] Et pour moi, tant que ça augmente le nombre d'action positive, c'est une raison totalement acceptable d'agir

[2] Au sens propre ou figuré. Répondre sur twitter, c'est déjà faire face aux gens. Le web n'est pas déconnecté du monde réel. Et la présence de gens défendant des idées est importante, pour ne pas montrer aux autres personnes qui ont les mêmes idées qu'elles sont seules. Que les *phobe n'ont pas de contradicteurs.

[3] Comme m'a dit un pote récemment

[4] On admettra dans ce billet que faire naître des passions et ouvrir un plus grand nombre de choix d'études sont des actions positives.

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