Ce que les instruments de musiques m'ont appris

J'ai joué et je joue d'un certain nombre d'instruments. Par "jouer", ça peut aller de "savoir faire des sons", ou au moins "de quoi impressionner un béotien" à avoir pratiqué régulièrement pendant des années. Je ne suis pas un virtuose, et d'ailleurs la virtuosité ne m'intéresse pas en soit, même si je sais que je suis limité. Et que je suis un peu dégoutté quand je vois des morceaux magnifique que je sais ne pas être capable de jouer.

Ce qui m'intéresse, c'est faire un bilan de ce que chaque instrument m'a appris. Dans l'ordre chronologique de mes découvertes.


Mes deux premiers instruments étaient, je crois, un accordéon pour enfant. Plus un jouet qu'un instrument. Une octave à la main droite je crois. Sans cours, forcément, je n'en ai rien fait. Et un harmonica. Plutôt joli l'harmonica, mais vieux et usé, avec le capot soulevé. J'ai parfois soufflé dedans, je ne crois pas qu'il ait jamais été jouable quand je l'ai eu.

Le premier vrai instrument, c'est la flûte à bec du collège. Ça m'a appris que je ne suis pas fait pour la musique. Enfin, je le pensais. Ça m'a aussi appris que la flûte à bec, c'est moche et ça ne sert à rien. Enfin, je le pensais, avant d'avoir un gars dans mon bureau qui en fait vraiment.


Le premier instrument dont j'ai su jouer, c'était le piano. Une petite dizaine d'année de cours, à faire surtout de la variété (car c'était tout ce que je connaissais en musique, et donc ce que j'aimais faire) et du classique, donc du solfège aussi. En fait, je ne pourrai pas vous dire tout ce que le piano m'a appris, puisque c'est l'instrument qui m'est le plus naturel, celui qui me demande le moins de réfléchir pour jouer. Je parlerai donc de tout ce que le piano ne m'a pas appris.


Ensuite, je me suis mis à la guitare. Le premier truc que j'ai appris c'est que les méthodes "apprenez à jouer en quelques semaines", ça ne marche pas. J'ai donc abandonné. Avant de reprendre plus tard avec une vraie méthode qui dit "ce livre durera au moins un an, 4 semaines minimum par chapitre" et là, ça donne quelque chose de bien. La première chose que ça m'a appris, c'est que une corde par note, au piano, c'est vraiment de la triche, on fait déjà des trucs bien à 6 cordes.

Ça m'a aussi appris que jouer de la musique, ce n'est pas juste appuyer sur les bonnes touches, et donc que l'on ne sait pas naturellement jouer une note. Je m'explique, tu vois un piano, t’appuies sur une touche, ta note sort. Si tu veux faire un accord, tu prend le temps de trouver toutes les touches, et t’appuies. Toute personne ayant au moins une main peut "jouer" du piano - parfois très lentement mais quand même. Pour la guitare, rien qu'avec les barrés, ces accords où l'index doit bloquer tout une ligne, on peut ne pas réussir, et ça vient avec l’entraînement.

Dans ma tête, une note était "piqué" ou "non piqué", mais ça influe plus la durée de la note que son rapport à la note suivante. La guitare m'a appris qu'on peut aussi changer de note sans en rejouer une autre. En levant ou abaissant vite fait un doigt. En poussant une corde sur le côté, ou sur la guitare électrique en utilisant le vibrato.


Je crois que le troisième instrument a du être un ocarina à 5 euro, acheté lors d'un voyage linguistique en Espagne. J'ai appris qu'à 5 euros, l'instrument ne vaut rien. Autrement dit, que si des gens mettaient des sous dans leur instrument, ce n'était pas par snobisme, mais parce que ça faisait une vraie différence musicale.

Mon troisième vrai instrument, c'est probablement l'harmonica. Ça m'a aussi confirmé qu'il y a des instruments où il peut être très dur de jouer certaines notes. D'ailleurs je ne sais toujours pas faire d'overblow. Il m'a aussi appris que deux instruments en théorie identiques, deux harmonicas en do par exemples, peuvent avoir des vrais différences pratique. Que les altérations sont beaucoup plus facile à faire sur certains harmonicas que sur d'autres. (Et encore une fois, j'ai appris que le premier prix, celui vendu avec les méthodes pour débutants, n'est pas le plus facile. Ce qui est absurde pour un débutant !)

Je pense que l'harmonica pourrait m'apprendre des tas d'autres trucs si je réussissais à progresser, mais mon problème n'est pas exactement technique. Je ne sais pas combien de fois j'ai commencé l'harmonica. J'ai eu deux profs d'harmonica, ça n'a pas trop collé avec le premier, un peu mieux avec le deuxième. Mais chaque nouvel essai me réapprend la même chose, je ne sais pas et n'arrive pas à jouer sans partition. Et l'écriture habituelle de l'harmonica, une ligne avec des numéros des deux côtés pour savoir dans quel trou souffler ou aspirer, c'est moche. Il n'y a pas d'indication de durée, et pas d'intuition sur la hauteur de la note à jouer.

Ou, pour dire ça autrement, la manière dont j'ai appris à jouer, avec des partitions, du solfège, et un métronome, ce n'est pas du tout l'unique manière de faire. Mais c'est dur de changer après. Et ce n'est pas la culture de l'harmonica.


Dans le désordre, j'ai fait un peu de tin whistle(flûte irlandaise), d'ocarina et de flûte à nez. L'ocarina, comme dans Ocarina of Time, je n'ai pas pu résister, j'ai du l'acheter. Le Tin whistle m'a appris que je m'étais gouré, il peut y avoir des bons instrument pour vraiment pas cher. Et la flûte à nez m'a appris qu'ils pouvaient aussi être marrant !

Mais surtout, j'ai appris qu'une musique, ce n'est pas qu'une suite de note. Je savais qu'on pouvait "lier" ou "ne pas lier" les notes, mais c'était vague pour moi, au piano ou à la guitare, la nuance me semblait surtout théorique. Les liaisons aux dessus des groupes de notes m'échappaient. Avec un instrument où il faut souffler, j'ai enfin compris cette nuance, en effet, même si on ne pique pas une note, la musique change si l'on arrête de souffler entre chaque note ou si l'on maintient le souffle.


Plus tard, je me suis mis au saxophone. Ça fait deux ans qu'on m'a prêté un saxophone, j'ai peur qu'un jour son propriétaire choisisse de le récupérer. Le saxophone m'a fait découvrir une des notations qui m'a laissé le plus perplexe dans ma vie de musicien. Un note longue avec un symbole (de)crescendo. Je m'explique: Quand tu as joué une note au piano, tu as choisi si elle était forte ou pas, et tu n'a plus le contrôle que sur sa durée. Sur la guitare, à ma connaissance, quand tu as tiré sur la corde et relâché, tu ne peux plus monter le son, ni le forcer à descendre lentement. (Ou alors c'est un instrument électronique, et tu as un bouton de réglage du son sur l'instrument). Sur la flûte, l'ocarina, la note que tu veux joué détermine la quantité de souffle, il est virtuellement impossible - à ma connaissance - de choisir si la note est plus ou moins forte. Par contre, sur le saxo, tu peux souffler plus ou moins fort, tant que les doigts ne bouge pas, tu garderas la même note ! Et pour la première fois, je découvre des exercices qui consistent à garder une note en montant/descendant/restant au même niveau.

J'ai aussi découvert que les doigtés d'un instrument peuvent être totalement, mais alors, totalement illogique. Sur la flûte/l'ocarina, plus tu poses de doigts, plus tu bouche de trou, plus la note est aigu. Sur le piano ou la guitare, les notes sont rangé dans l'ordre de la plus aigu à la plus grave. Sur l'harmonica, c'est presque rangé. Par contre, sur le saxophone, pour la première fois, j'ai du me apprendre à utiliser deux octaves globalement aussi logique que celles de la flûte. Mais une fois que l'on veut monter ou descendre un peu plus, ou même une fois qu'on veut altérer une note, on se retrouve à avoir une myriade de petit boutons sur les côtés de l'instrument, chacun ayant un effet différent, et certains pouvant même servir à plusieurs altérations possibles et différentes les unes des autres. Et réciproquement, tu peux avoir 4 ou 5 manière de faire la même note (ou plutôt, des notes qui se ressemblent et dont la différence se compte en dixième de ton), et le choix sera imposé par les notes que tu dois jouer avant et après.

Écrire ça me fait me rendre compte que ce n'est finalement pas si nouveau. La flûte et le saxo ont un doigté imposé. Pas le piano. Savoir si tu utilise un index, un majeur, ou si tu passes le pouce, par exemple, pourra dépendre des notes qui suivent et précèdent.


Ce qui m’amène à mon dernier instrument en date, l'accordéon chromatique à bouton. (En gros, c'est l'accordéon avec des tas et des tas de bouton à gauche et à droite, en hexagone à droite et en ligne et colonne à gauche. Contrairement à l'accordéon à clavier piano, ou à l'accordéon diatonique qui est plus petit et à en général que quelques dizaines de boutons)

Ça m'a appris que le clavier de piano, c'est n'importe quoi. Rajouter des boutons sur la largueur en plus de la longueur permet de faire des tas d'accord et de succession de note qui ne sont pas réalisable au piano, car les notes y seraient trop éloignée.

Bien sûr, cette disposition est entre autre une conséquence de la structure interne du piano - il faut de la place pour chaque corde et chaque marteau - mais il me semble qu'elle n'est plus justifié sur les clavier. La seule raison que je vois serait qu'il soit plus dur de contrôler la force de la frappe (je ne sais pas si c'est vrai, la force n'a pas d'importance sur l'accordéon, ce qui contrôle le volume de la note, c'est le soufflet). Mais les claviers premier prix ne sont pas capable de tenir compte de la force de la frappe, et là, ça reste vraiment une perte de place inutile.

De plus, la disposition des noirs et des blanches sur le piano, c'est absurde. On sait que les blanches permettent de jouer la gamme de do majeur. Mais qu'on ne reste pas sur do majeur toute sa vie. En particulier quand tu apprend tes gammes, tu dois réapprendre chaque gamme, et à chaque fois les passages de doigts changent en fonction de quels notes sont noir, donc surélevée, et de quels notes sont blanches. Sur l'accordéon, il n'y a pas de différence entre une noir et une blanche, donc pour chaque type de gamme (majeur, mineur, etc..) tu apprend au plus trois doigtés. Celui pour les notes qui commencent sur la première rangée, sur la deuxième rangée, et sur la troisième rangée(En fait, mon accordéon a 5 rangées, la 4ème est une répétition de la première et la 5ème une répétition de la troisième, donc je pourrai me contenter d'apprendre une seule gamme).

Je n'ai pas parlé de la partie gauche de l'accordéon, les basses. J'avoue que je ne maîtrise toujours pas. Donc je me tairai.

Commentaires

1. Le mardi 23 avril 2013, 12:06 par Athreeren

"je ne pourrai pas vous dire"
Depuis quand tu vouvoies ton public ?

Tes remarques sur le piano comparé au saxophone me rappellent le sketch "La leçon de Piano", qui est apparemment de Roland Dubillard et non de Courteline comme je l'ai longtemps cru, et pour lequel je ne peux donc pas donner de lien.