Bonne résolution

Si j'ai écris beaucoup ces derniers temps, c'est pour procrastiner sur l'écriture de celui là. Mais à un moment, ma liste de brouillon se vide[1]. Mais comme c'est à propos de ma résolution du nouvel an, faut que ça sorte avant fin janvier, logique, non ?

Ma 2ème résolution, c'est d'être vraiment un Geek du Stand-up, et ne pas me contenter de ce que j'ai autour de moi à Paris, mais découvrir aussi les anglophones. Y a tant de merveille en ligne, comment ai-je pu passer à coté de Demetry Martin et de Bo Burnham ?

Passons maintenant à la 1ère résolution. Mais avant ça, une petite(je rigole) explications. (TL/DR, la résolution est la dernière ligne de ce billet)

Note

[1] Enfin bon, il me reste 4 billets que j'ai envie d'écrire

De manière générale, je ne cite pas de nom, des gens peuvent se reconnaître ou pas dans mes billets, mais je ne dis pas qui fait quoi ou qui a dit quoi, donc on ne peut pas reconnaître les autres. Sauf pour les artistes que je recommande bien sûr, le billet précédant n'aurait pas de raison d'être si je ne mettais pas à qui les compliments étaient adressés. Eh bien, je vais faire une exception, car, même sans donner le nom, il y a trop de détails dans ce billet pour qu'on puisse ne pas savoir de qui je parle. En tout cas, si toi, lecteur, tu m'as parlé en 2014. En fait, si tu m'as parlé après que j'ai écrit le billet Peau de l'ours, ou juste si tu a fréquenté un peu le monde humoristique débutant parisien depuis 2011. Mais au moins, sans le nom explicite, google n'associera pas ce billet à son nom.

En 2011, un peu avant On n'demande qu'à en rire, j'ai découvert un jeune humoriste dont j'adore l'humour noir. Je l'ai vu au paname, et il y avait vraiment des trucs géniaux dans ce qu'il faisait. Il n'est pas célèbre, encore moins qu'à l'époque d'ailleurs vu qu'il a pas joué depuis 2012, mais il était apprécié par des gens que j'admire, ce qui est assez impressionnant.

On se croise de scène ouverte en scène ouverte, moi j'ai commencé ondar, et étonnamment, je reste. Alors je panique, et prend tout les conseils qu'on me donne, paniquant encore plus car ils sont contradictoire. Il me donne aussi des conseils, et on en arrive à co-écrire ensemble mes sketch 4[1] et 5. Pour dire à quel point je fais la bêtise d'écouter ses conseils, je retire un hommage à Robert Lamoureux, qui venait de mourir, alors que je suis sûr que ça aurait plus au jury.


Viré d'ondar, on bosse chacun de son côté, moi mon one, lui ses projets, il en a plein. Aout 2013, il me recontacte, on se voit, et il me propose de co-écrire pour lui sur un projet qu'il a. On tente, ça avance bien. Et comme j'y connais rien à l'écriture de scénario, je suis ses conseils, j'écoute. Et si je vais pas jusqu'à appliquer toutes ces méthodes, je les observe quand il les pratiques, ce qui est parfois assez bizarre. Mais ça semble lui réussir.

À la base, il me dit qu'il y en a pour un mois de boulot, grosso modo, pour ce où il a besoin de mon aide. Il a le synopsis, écrire le reste ira vite quant tout sera vraiment dans l'ordre. Il me vend une histoire formidable, mais s'il raconte super bien, ça ne passe pas autant à l'écrit quand il faut rajouter des détails. Étant plus organisé (par rapport à lui, ce qui assez inquiétant si on me connait), j'ai vérifié par exemple la crédibilité de certains fait (le dîner à Venise suivi par le bain de minuit à Nice, en auto-stop, c'est compliqué). Pour ça, j'ai fait le planning complet de tous les personnages, ce qu'il était incapable de se forcer à faire. Je donne des idées, on écrit, on voit où ça va.

C'était en aout, il me contacte le jour précis où j'ai fini la démonstration sur laquelle je bossais depuis plus de 6 mois, j'étais donc en vacances, ça m'allait bien. Je pouvais tester, prendre toutes mes vacances d'affilé, et me remettre au boulot à la rentrée. Au pire, j'ai rien à perdre à part du temps. Et un peu de sous, vu qu'il aime bosser dans les bars, alors que je ne sors jamais. Et que je me retrouve à acheter Final Draft, un logiciel propriétaire[2], car il parait que c'est le format professionnel, et aucun logiciel libre ne le lit correctement. Bref, j'accepte.

En plus il semble avoir changé, être plus sympathique, s'excuse de truc datant de 2011, ce que je trouve assez impressionnant. En particulier le fait qu'il ait exigé que je ne dise jamais qu'on a co-écrit les sketchs ondar (Lol, il insiste pour que je dise pas qu'on ait co-écrit, finalement, ça ne change pas.)

Ceci dit, je sais qu'il a bossé sur des projets filmés. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de voir des pilotes de divers projets, certains très cools, d'autres moins. Des rushs aussi. Un scénario qu'il a écrit. Tout ça pour dire, ce mec n'est pas un mythomane, ou en tout cas pas totalement. De ça au moins j'en suis sûr, quand il bosse, il a du talent, en plus d'un an, j'ai eu l'occasion de le constater.

Je dis pas totalement, car des fois, il ment, de manière évidentes. Outre 4 heures de retard quand on devait se voir à minuit, prétendant des embouteillages dans Paris entre Bastille et Républiques (de minuit à 4 heures du matin, donc...). On va dire que ça fait parti de son charme, ce jeune artiste, tellement dans son monde qu'il réalise pas ce qu'est de monde réel[3]. Il a du talent, alors je fais avec. Mais il y a aussi des fois où a posteriori, je me demande à quel point sa folie lui fait croire à ce qu'il me disait, et à quel point il... Il quoi, d'ailleurs, je sais pas ? Car s'il est vraiment un manipulateur/arnaqueur, je n'ai aucune idée de ce qu'il a pu gagner à se jouer de moi.

Enfin, si, il me doit toujours de l'argent, vu que quand j'ai déménagé, il a repris mon studio[4], avec mon bureau et mon micro onde dedans, qu'il ne m'a jamais passé les sous qu'il me devait pour ça. Mais prendre un an et demi pour gagner 150 euros et le 1er volume de la bd Sandman, c'est pas l'arnaque la plus rentable qu'il soit[5]. Même en ajoutant l'aide informatique que je lui ai parfois apporté.

Je vais donner deux exemples de ces mensonges. Il a la manie de dire: «bientôt», «dans 2 jours». «Mais attend encore un peu, ça sera demain et pas aujourd'hui, c'est pas la mort», ou plus récemment, juste «je t'appelles pour te dire où ça en est dans la semaine.» (Ce qu'il m'a dit début décembre...) Bon, ben, quand il tient paroles, c'est rare. Très rare. Mais je suis pas persuadé qu'il y croit pas lui même.

Plus important, j'ai rencontré des gens avec lui. Avec qui il est persuadé de pouvoir bosser. Je donnerai pas de nom, j'en ai déjà trop donné en parlant avec mes amis. Je n'ai pas vu la moitié des gens qu'il disait pouvoir voir pour ces projets. Et si ce billet est si dur à écrire, c'est que, non seulement je me sens idiot d'avoir pu le croire, mais qu'en plus je me sens particulièrement ridicule d'avoir répété ces mensonges - souvent en disant «si ça se fait, si ça fonctionne», donc en tentant de dire que j'ai du recul, que je suis pas certains. Mais en fait en y croyant assez pour les répéter moi-même, car j'étais plutôt heureux à leurs perspective. Alors, même si je sais que c'est un cliché, les «jeunes artistes qui croient aux merveilles promises par un agent/producteur... sans scrupule», et même si je suppose que mes amis le voyait, vu qu'ils ont plus de recul que moi. Ça m'énerve prodigieusement d'être tombé dedans.

Il faut dire qu'un de ses mantras, c'est qu'il faut pas avoir de doute, et être sûr de soit, c'est comme ça qu'il réussit à faire des trucs que je trouve assez incroyable, en en ayant le culot[6]. Donc je pouvais pas exprimer de doutes en sa présence, et ça a finit par m'influencer.

Ce qui est ennuyeux, c'est que, même si j'aimais bien certains gags du scénario, l'histoire que je voyais n'avait plus aucun des principaux intérêts que je voyais dans l'histoire qu'il m'avait raconté. Donc même si je continuais pour ne pas avoir perdu mon temps, pour voir où on pouvait aller, J'étais plus spécialement content du long métrage. Ceci dit, je suis toujours content de l'histoire du court métrage, je pense qu'il y a vraiment des idées très intéressantes dedans.

Finalement, par rapport au cliché du jeune artiste qui se fait avoir, je suis content de:

  1. n'y avoir rien perdu que je n'étais pas prêt à perdre au départ [7] À part du temps, j'aurai du mettre une limite en temps, mais je suis tombé dans ce piège abscons, et ce qui devait durer un mois a duré un an et demi... Déjà, j'aurai pas du accepter de passer du long au court métrage, soit disant «Car ça va être plus simple d'avoir les sous pour un court, comme ça quand on aura fait nos preuves, on pourrai faire le long après»
  2. d'y avoir quand même appris des choses, comme le fait d'accepter que le personnage fasses des choses avec lesquels je suis en désaccord, ne serait-ce que pour qu'il puisse se repentir. Même si ça veut dire que pendant tout ce temps, d'autres projets n'ont pas avancés.
  3. d'avoir probablement gagné en expérience.


Dans les gens que j'ai quand même rencontré, y a les producteurs. Enfin, il parait. J'ai effectivement vu des gens, dans des (très beaux) bureau, qui m'ont parlé de millions ou juste de dizaines de milliers, ce que je trouve assez impressionnant déjà. Aussi de changement à apporter au scénario, comme un placement de produit pour un autre truc où la 1ère productrice met de l'argent. Il y avait aussi dit d'autres conditions que même le co-auteur trouvaient bizarre. Mais de toute façon elle a jamais été capable de nous proposer quoi que ce soit de concret à signer. Après, j'ai plus de nouvelle. Donc je sais pas quoi en conclure.

Je précise que ne connaissant rien à rien, j'ai laissé tout le boulot de faire se réaliser et se produire le film à l'autre, après tout, il en avait déjà fait. D'ailleurs, dès le départ, c'était clair qu'il s'occupait de tout, moi je me contentais de co-écrire. Sinon je venais quand il avait besoin de moi, en particulier pour signer. Par exemple quand on a déposé le scénario à la sacd, ou quand celui qui devait être le producteur exécutif du court métrage a envoyé une demande au CNC(au dernière nouvelle, on devait avoir la réponse début janvier, moi j'ai rien). En fait, je dirai même que depuis plus de deux mois, la seule nouvelle que j'ai est : je t'appelle dans la semaine, ou exceptionnellement: «c'était quoi ton numéro de contrat EDF, ils en ont besoin pour me remettre l'électricité».

Ceci dit, celui qui devait être prod executif du court, c'est quelqu'un de sérieux, ce n'est pas un débutant, il a proposé des modifications sublimes au scénario, il a déjà produit des trucs, certains à succès, et il a eu des démarches concrètes. Mais par contre, ça a pu être décevant aussi. Le «je vous paye le court» qui est devenu «Je vous paye SI le CNC met des sous d'abord». Ceci dit, c'est lui qui a fait les papiers pour le CNC et qui a - parait-il - trouvé une boite de production pour appuyer la demande. (En espérant que ce que j'ai signé est bien pour le CNC).

J'avais dis, pour rigoler: «J'ai enfin vu l'intérêt du producteur. Il a payé les 46 euros de frais de dépôts de la SACD».

Bon, plus tard, il nous a demandé de payer un tiers chacun. C'est pas que ça me gène de mettre 15 euros, mais j'ai tendance à trouver ça un peu ridicule de la part de quelqu'un qui dit nous passer des dizaines de milliers. C'est pour ça, encore une fois, que je me demande s'il y a mensonge. Mais ceci dit, s'il y en a un, j'arrive pas à comprendre l'intérêt du truc.

Y a quand même un point flatteur, de ce que j'ai pu voir, de ce que j'ai eu comme confirmation, et en supposant qu'il y a des vérités dans ce qu'il m'a dit, l'ensemble des gens de grand talent, que j'admire, avec qui il a bossé (pas forcément célèbre), est assez impressionnante. Quelque part, c'est peut-être flatteur d’être dans une telle liste. :p Simplement, je suis pas capable de dire ce qui m'a fait croire que cette fois, il irait au bout du projet avant d’être obnubilé par un autre. (D'autant que je l'ai poussé plusieurs fois à finir les autres projets, me mettant à la place de ses anciens co auteurs.)


Ma 1ère résolution de l'année est donc d'arrêter de croire que cette personne puisse dire la vérité.

Ceci dit, si certains ont envie de lire les scénars, dites le moi, je vous le prêterai.

P.s c'est pas vrai, la résolution est sur l'avant avant dernière ligne :p

Notes

[1] ce qui explique qu'il soit si noir

[2] Eh non, c'est très loin d'être mon plus grand sujet d'énervement aujourd'hui

[3] Ouais, c'est moi qui écrit ça.

[4] Du pain béni pour l'agence, elle empoche les frais d'entrées sans avoir eu à faire faire une seule visite !

[5] En fait, y a un peu plus, du style, si on va bosser dans un bar et qu'au moment de payer il a oublié son porte feuille... Mais même en accumulant le tout, ça reste un montant dérisoire par rapport au temps passé à bosser avec moi.

[6] Et je réalise qu'en étant rentré à la Nuit Originale avec des cookies, sans invitation et au culot. En fait, j'ai suivi son modèle. J'en ai pris conscience quand un ami m'a dit «C'est peut-être normal pour toi, mais ça ne m'arrive pas trop de me faire inviter à des trucs ou des gens connus se font inviter». Car tout d'un coup, j'ai eu peur de me mettre à lui ressembler.

[7] Pour info, j'avais fixé ma limite en investissement en argent à 1000€, ce qui pouvait comprendre un aller retour à Londres où devait se passer certaines scène, et où selon lui on pourrait trouver des gens qu'il connait pour ce projet et qui pouvait nous héberger, l'achat du logiciel propriétaire, etc... Et finalement, je suis loin d'avoir atteint cette limite.

Commentaires

1. Le mercredi 28 janvier 2015, 21:32 par Subbak

Awww... C'est triste, tu avais l'air (à raison) vraiment enthousiasmé par ce projet et c'est dommage que tu n'en voies finalement pas le bout.

Et sinon, si ça peut te rassurer, ce n'était pas du tout le sens de ma remarque que tu cites à propos de la nuit originale. Je n'ai pas l'impression que tu ressembles ne serait-ce qu'un petit peu au genre de personnage que tu décris.

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