Aromantique

Ce billet vient de mon autre blog, il y a 2 mois, en fait je pense qu'il va mieux ici. (Pas la peine de googler, ça marche pas, l'autre est caché, mais je peux vous passer le lien si on se connait et que vous voulez)

Je pense de plus en plus que je suis aromantique. Je crois que c'est la 1ère fois que j'emploie ce mot, mais en pratique ça me décrit assez bien. Il est possible que ce texte finisse sur mon vrai blog quand j'aurai les idées au clair.

J'ai fait du trapèze. Une fois. Ça avait l'air simple, vu d'en bas. On monte une grande échelle, on prend la barre dans les mains, et on tiens en tombant. Sauf qu'en fait, une fois en haut, la barre est loin. Je dirai que j'ai du faire poireauter tout le monde un bon quart d'heure, plaidant en mauvais anglais pour redescendre par l'échelle (impossible pour des raisons de sécurité). Mais la barre était très loin. Et à la moitié du chemin mes mains ont lâché (normal, c'est là que le trapèze commence à remonter)

Ça serait tentant de réessayer, mais en fait, une fois en haut j'aurai très peur. Pourtant, les trapézistes restent beau à voir.

Non, je ne fais pas de hors sujet, juste un parallèle (trapèze/parallèle...), Vu comme ça de loin, ça a l'air joli, sympa, un truc à faire. Et aussi dangereux quand je vois certaine ruptures. En fait certaines sont si violentes que je ne vois pas comment une personne sensé pourrait vouloir être en couple. (Le problème dans cette phrase est «sensée»)

Certes, parfois, j'aimerai bien essayer d’être en couple. Mais en vrai, je ne vois pas comment ça serait possible, comment ça pourrait rentrer dans mon cadre de vie... C'est pas comme si ça me ferait moins voir mes amis, je ne sors déjà pratiquement jamais voir des gens, à part pour des activités précises comme les boulots ou le sport. J'aime passer 2 ou 3 jours chez moi sans sortir ni voir personne (adulte, ça devient dur à faire)

Je vois pas ou un mec se retrouverait dans le lot.

D'ailleurs, si quelqu'un me plait vraiment, je suis ravi de le savoir avec quelqu'un d'autre. Je comprend mal la jalousie, car voir l'autre en couple et heureux me procure un vrai bonheur ! (Et c'est pas juste par sympathie pour lui. Un ami qui se met en couple, je suis ravi pour lui, mais je n'ai pas cette sensation de bonheur dont je parle. )

Henry Tachan avait une magnifique chanson disant «entre l'amour et l'amitié, il n'y a qu'un lit de différence» et c'est l'impression que j'ai toujours eu, même si je sais que d'autres disent que c'est faux.
Je ne serai pas contre amener des amis au lit (l'occasion de tester le bondage[1] sans crainte par exemple), je serai ravi de partager de l'intimité avec eux, mais je ne vois pas ce que ça changerait par rapport à l'amitié. Et je n'aurai pas pour autant envie de vivre avec.

Ce qui me fait peur dans ce billet, c'est encore une fous le coté performatif de l'étiquette. Peut être que je ne pense ça que parce qu'en 27 ans, je ne peux pas dire avoir été en couple, et accessoirement, je ne connais aucune personne se disant homo/bi/pan qui ne soit pas une fille et qui me soit sympathique. Je connais des mecs gay/bi, il m'arrive de faire du militantisme avec eux, mais je n'aurai pas envie de voir un seul d'entre eux en dehors des heures qu'on passe en lycée, ou qu'on passe à préparer nos interventions en lycée. À partir de là je vois pas comment j'aurai vraiment une envie réaliste d’être en couple romantique.
Je ne peux pas savoir et ce mot me fait donc peur.

Note

[1] Faudra aussi que je parle du bondage, la différence entre les clichés, et la pratique calme, artistique et tendre que c'est en vrai et hallucinante.

Commentaires

1. Le vendredi 19 septembre 2014, 01:48 par Arthur Milchior

En fait, j'aime vraiment pas ce mot. Je ne suis pas aharpiste car je ne joue pas de harpe, même si ça a l'air sympa la harpe. Simplement, la harpe et le couple semblent prendre tellement de place sans apporter fondamentalement quoi que ce soit de plus que le piano/la guitare les amis/mecs d'un soir, que je ne me vois pas chercher à en avoir.

2. Le vendredi 19 septembre 2014, 09:45 par Subbak

Euh, au cas où tu ne serais pas au courant, le trapèze normalement on ne commence pas par un truc où il y a besoin d'une échelle... Juste tu attrapes la barre en levant les bras et tu te soulèves. Si tu vas au cirque à Nanterre où vont certaines de nos connaissances communes, je sais qu'il y a des jours avec des cours de trapèze.

Cependant je vais te répéter ce que je dis souvent : les aériens (trapèze, tissus, cerceau aérien...) c'est un truc de masochiste. Ça fait mal aux pieds, dans le cas du trapèze, mal aux cuisses, mal aux mains. Et ça fait mal même si tu fais la figure correctement, du moins jusqu'à ce que tu aies tué toutes les terminaisons nerveuses de la zone en question...
Après ça a l'air cool, donc de temps en temps j'essaye, et je me souviens que c'est un truc de maso donc je n'essaie pas longtemps.

3. Le lundi 22 septembre 2014, 00:23 par Typhon

« c'est l'impression que j'ai toujours eu, même si je sais que d'autres disent que c'est faux. »

Pour moi c'est typiquement un exemple de cette façon de généraliser aux autres sa propre expérience, sa propre perception. J'ai déjà posté le texte de Scott Alexander sur le sujet ( http://slatestarcodex.com/2014/03/1... ).

Et oui, certes, dans l'opposition "romantique"/"aromantique", y a tout le côté ridicule de faire rentrer des expériences humaines très diverses et très complexes dans une opposition binaire de plus, sans compter que le mot "romantique" est déjà un peu trop polysémique.

Mais je vois quand même une utilité à ce mot, c'est de permettre de bien souligner que cette "expérience humaine universelle" n'est pas si universelle que ça.

En ce qui concerne la performativité du mot, tu as absolument raison d'avoir peur, c'est tout à fait logique.

Quand je vois ce que ça a fait à ma vision de moi-même de commencer à me présenter comme "linguiste", alors que précisément je devrais être en bonne position pour relativiser la puissance des étiquettes, je frémis de penser à ce qui se produirait si je m’accolais d'autres étiquettes à la légère, a fortiori si elles portaient sur quelque chose d'aussi central.

Et c'est peut-être aussi tout simplement une question de moment, ou de croiser la bonne personne, ça peut arriver à tout âge. Il y a une jolie histoire à ce sujet dans 'L'Orme du Caucase'.

Typhon

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