Trans-lover

Ce billet a été publié en 2016 sur mon autre blog. J'ai retiré quelques passages un peu explicite, j'ai aussi mis à jours/rajouter quelques anecdotes, mais ça ne devrait pas changer le fond du propos.

Je m'étais récemment posé la question de savoir si je ne donnais pas l'impression d'être un trans-lover. I.e. en gros, quelqu'un qui cherche spécifiquement à être en relation (quelque soit le sens de ce mot) avec des personnes trans. Et si j'en parle, c'est qu'un ex, qui est trans, m'a confirmé que pendant un moment il a cru ça.

Je me posais la question, car je me rendais bien compte que si je regardais de l'extérieur, c'est l'impression que je me donnerai à moi-même. Je m'étais fait la reflexion quand, pour la troisième fois en huit jour, je me retrouve le seul cis d'un groupe d'au moins 3 personnes[1]$. Quand quelqu'un m'a présenté à quelqu'un d'autre, cette personne a même cru bon de rajouter «il est cis» - ce qui est quand même pas courant dans la plupart des milieux que je connais.

Plus précisément, la majorité des relations que j'ai eu qui ont comptés ont été et sont avec des personnes sont non-cis. Non-binaire pour la plupart. Concernant les gens avec qui j'ai peu échangé, j'imagine que la plupart sont cis, vu que c'est le choix par défaut, il ne me viendrait pas à l'esprit de demander à quelqu'un s'il/elle/... est trans/NB si ael/ol/... ne le précise pas d'ellui-même.

Dans l'absolu, je devrai m'en ficher de cette proportion de cis/non-cis. Parce que en pratique, sexuellement/kinkyment, ça change que pouic à l'immense majorité qu'on peut faire ensemble.. Et puis, je devrai m'en fiche ne serait-ce que pour ne pas être transphobe, ne pas imposer à la totalité des non-cis que je suis le fait que ce côté d'eux même soient mis plus en avant que d'autres pans important de leurs personnalités, alors que même mentalement je ne sépare pas mes relations entre informaticien/scientifique et non-informaticien/scientifique - et j'ai pourtant une majorité de relation scientifiquement inclinés. J'aurai bien tendance à dire que la notion de transidentité revient souvent dans mes discussion avec mes relations non-cis, ce qui justifierait de faire attention à cette distinction entre tel et tel classe de relations, mais les blagues scientifico-informatique reviennent aussi souvent, et ne me poussent toujours pas à compter le nombre de relation informatico-scientifique. Et en y repensant, la transphobie revient bien plus souvent que la transidentité dans les discussions.

Je ne m'en fiche pas de cette proportion de cis/non-cis pour la raison qui suit. Si j'ai bien compris, être trans-lover est problématique car cela consiste à fétichiser la personne - et que c'est souvent la vision principale que des gens auraient des trans. Bref, c'est pas très cool d'être trans-lover, car il paraitrait que ça ne serait pas cool pour les sujets de leurs désirs d'avoir tout le temps l'impression d'être pris pour un objet de fétichisme avant d'être pris pour une personne.

Ce n'est pas cool d'être trans-lover, et par extension, ce n'est pas cool d'en donner l'impression puisque la personne trans dragué par un supposé trans-lover sera gêné de toute façon. D'autant que, je suppose que si quelqu'un de trans tombe sur un énième trans-lover, iel ne cherchera pas à vérifier si c'est bien le cas et bloquera direct pour ne pas perdre de temps et d'énergie. I.e. je suppose que c'est pas cool de donner l'impression d'être un trans lover. Déjà pour mon égo de gars qui voudrait être pas trop problématique.

Comme souvent, j'arrête ce billet en cours de réflexion. Je ne sais pas quoi en conclure. Je n'ai pas d'idée pour moins donner l'impression d'être un trans-lover. Il n'y a aucun-e de mes relations dont j'ai envie de me passer, ni envie de les cacher(Et me séparer à cause du côté non-cis serait transphobe, l'opposé du but recherché). J'augmenterai bien mon nombre de relations cis, mais e me prend presque que des râteaux avec ielles- et j'ai pas non plus d'idée de comment changer ça (même si ça serait cool !). Ou alors, il y a la «proposition» faites par une relation: être non binaire. Vu qu'il semblerait que ça diminue le côté suspect lié au fait d'être surtout avec des non-binaire. Sauf que j'ai 31 années d'habitude à me dire homme, donc je le reste par habitude, par manque de besoin de changer. Même si, en supposant qu'il existe une société où les non-cis ne sont pas juger, et qu'on me demanderait mon genre, je répondrai sûrement que je m'en fous.

Pour finir l'histoire commencé plus haut, la relation en question m'a dit qu'il a ensuite vu la population de la Place des Cordes[2] et du café poly, et qu'il a compris que c'était surtout que j'avais rencontré mes relations dans ces lieux là(en vrai, j'ai aussi chercher à rencontrer du monde par okCupid, mais seul des trans ne m'ont pas posé de lapin, pour une raison inconnue à ce jour). Mais je peux pas non plus amener tout le monde au café poly/à la place des cordes pour prouver ma bonne fois, ça n’intéresse pas forcément tout les relations potentiels.

P.S.: il est aussi envisageable que je sois trans-lover sans l'assumer et que je cherche à rationaliser ce fait par l'«excuse» des lieux que je fréquente. Voir que je fréquentais ces lieux car plein de gens trans y vont. Je peux pas jurer que ça serait pas le cas vu que je n'ai pas accès à mon subconscient. Mais franchement ça m'étonnerait, pour des raisons qui seront censuré sur ce blog là.

Notes

[1] $Je suis le seul cis des groupes où je suis tout seul, et un groupe de deux, c'est pas encore un groupe.

[2] Pour rappel, je parle de 2016

Commentaires

1. Le mercredi 16 janvier 2019, 06:43 par Athreeren

"je ne sépare pas mes relations entre informaticien/scientifique et non-informaticien/scientifique"

Euh... C'est possible de ne pas faire ça ?Rien que pour savoir avec qui je peux discuter des détails de la vie académique sans avoir à expliciter le contexte, je trouve ça bien pratique. Il va falloir que j'y réfléchisse...

2. Le mercredi 16 janvier 2019, 09:13 par Arthur Milchior

@Athreeren
Ton commentaire m'étonne. À la fin du paragraphe que tu cites, j'explique que savoir si quelqu'un est informaticien changera les blagues que je fais.
Effectivement, en vrai, ça changera plein d'autres détails, le niveau de technicité du dialogue, ce que je dis de ma recherche, etc...

Mais je crois qu'avec la totalité de mes relations, j'ai aussi des discussion et activités non lié à l'informatique. Et pour les autres activités, la distinction «informaticien ou non» est peu pertinente.

3. Le vendredi 18 janvier 2019, 12:39 par Matoo

J'aime bien ton honnêteté intellectuel à ce propos. Au moins tu poses les choses avec lucidité et même candeur. Le sujet reste super complexe, et je crois pas que tu trouveras donc une solution simple. :)) Moi j'aime bien savoir à qui j'ai affaire, et réciproquement, donc j'exprime rapidement mon identité gay-cis, et une fois que l'échange d'infos est réalisé, je trouve qu'on peut l'oublier. Sinon, on passe son temps à se poser des questions, et la discussion perd en intensité selon moi. Il y a aussi comme tu le précises l'aspect "référentiel" qui permet aussi d'adapter son discours à autrui, autant par politesse (emploi des bons pronoms) que par souci de compréhension réciproque (blague d'informaticien ^^).

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