Pourquoi je ne me dis pas féministe

Je ne me dis pas féministe.

Ce qui est quand même assez paradoxale, pour quelqu'un qui prend de son temps libre pour aller parler[1] de sexisme dans les écoles. Après tout, la démarche est l'acte est probablement qualifiable de féministe, en tout cas partage les même but, et des moyens aussi employés par des associations féministes: la discussions avec les élèves.

Note

[1] entre autre

Mais à part ça, je n'ai pas l'impression d'avoir d'action féministe. Certes, je tente de faire attention à pas couper la paroles aux femmes depuis que je sais que statistiquement si un homme et une femme commencent à parler en même temps, la femme s’interrompt plus souvent. Mais c'est ma seule action consciente.

Tout d'abord car je suis depuis longtemps dans des milieu principalement masculin. Il me semble que sur ma promotion à l'ENS en informatique il n'y avait pas de fille dans les 11 élèves, sur l'année d'après une seule, et dans mon laboratoire je viens de compter entre 19 et 21 femmes[1] sur 111 chercheurs. Il y a beaucoup moins d'hommes que de femmes humoristes, et il y a encore moins de femmes/filles active dans le monde de la saga MP3. Et sur une vingtaine d'élève, je dois avoir 4 filles au maximum. Cependant, je ne fais rien pour remédier à ça, et d'ailleurs, je n'ai pas la moindre idée de comment je pourrai commencer à le faire. Je n'ai aucun pouvoir décisionnaire à l'université[2], encore moins parmi les humoristes où j'ai des amis mais pas de légitimité. J'ai mes étudiants 6 heures par semaine et ne croit pas avoir remarqué de comportement sexistes durant les cours. Et je ne sais pas comment dire à des filles de faire de la saga MP3, outre le fait que ça serait assez méprisant de leur dire de le faire «parce que elle est une fille».

Mais surtout, il y a un point où le féminisme semble forcément impacter la majorité des hommes: La drague. Ne pas faire harcèlement de rue, ça c'est simple. Mais aussi accepter que «non c'est non», ne pas revenir dessus, et même ne pas initier de drague juste parce que quelqu'un est une belle fille alors qu'elle est pas forcément là pour ça. Savoir que faire un compliment sur le physique, c'est pas «juste un compliment», c'est quelque chose qu'une femme peut se prendre à longueur de journée, ça peut être lourd, répétitif, énervant. Et rappeler des fois où la «drague» a été suivi de conséquence désastreuse.

Et c'est là où je me trouverai hypocrite en me disant féministe, car ne pas faire ça, pour moi, c'est évident puisque en général les femmes ne m'attirent pas. Et surtout, que ça, je le fais très souvent avec des hommes. Ainsi, il est pas rare que je réussisse à glisser à un garçon qu'il est mignon si tel est le cas. Typiquement, à la 2ème rencontre, en vérifiant le prénom, et si j'ai juste en expliquant que je me souviens souvent des beaux garçons. Ou alors récemment, on m'a dit «C'est qui Fitz[3]», et je répond «c'est le mec mignon à ta droite». Un dernier exemple, si je sors mon harmonica et qu'on me demande de le prêter, je répond «pour des raisons d'hygiène il faudrait pas, mais bon, comme de toute façon je serai prêt à te rouler une pelle.».

Certes, je n'harcèle pas de gens dans la rue, je vais pas commencer une conversation dans la vie de tous les jours en disant à quelqu'un que j'aimerai coucher avec lui. Mais il y a quand même une partie du comportement qui, envers une fille, serait machiste. J'avais commencé, d'abord car ça aide à un moment de s'affirmer gay, de pas le caché, c'est donc une manière de le dire. Aussi comme manière un peu militante, me dire à moi même que je fais ce que les garçons hétéro font. Sauf que je ne savais pas à l'époque que ce n'était pas tous les garçons, et que ce n'était pas acceptable.

Cependant, une partie de ce qui rend ce comportement inacceptable, c'est le fait qu'il soit répétitif, régulier. Alors que souvent, des hommes me disent que c'est la 1ère fois qu'un homme leur fait un compliment[4]. Voir, mais c'est moins courant, qu'ils ne connaissaient aucun homo. La situation est dons suffisamment différente pour avoir l'impression de pouvoir me permettre de ne pas devoir arrêter. Même s'il faut bien avouer que ça ne sert à rien, puisque je n'ai jamais fini avec qui que ce soit comme ça. Mais bon, je reste membre du club inutile !

Alors, je sais pas à quel point tout ça, c'est de la rationalisation, à quel point c'est vraiment correct. Mais ça me pose une question étrange. Je réalise que je saurai pas comment exprimer de l'intérêt pour une femme. C'est certes extrêmement rare que des femmes me plaisent, mais je peux compter 5 femmes qui m'ont plus depuis que je suis majeur[5]. Simplement, outre le fait que ça surprendrait, car même si ça fait un moment que je ne me dis plus gay, beaucoup de gens pense encore que je le suis sous prétexte que je ne m'intéresse qu'aux hommes, il y a aussi le fait que je n'ai pas envie de rajouter à l'oppression, et je ne saurai pas comment exprimer l'attraction sans risquer de tomber dans ce cas là.

Notes

[1] Je ne connais pas tout le monde, certains noms ne me parlent pas

[2] Enfin, si, de loin, par des instances élues

[3] Prénom inventé, inspiré par ma lecture actuelle. D'ailleurs: Action ou Vérité Loinvoyant ?

[4] Quoi que je pense à un très joli ami hétéro, qui aimerait bien ne pas plaire qu'aux garçons.

[5] Je ne compte pas les petites amies que j'avais à l'école primaire

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