Pourquoi je préfère le rationalisme à la zététique

Je compte comparer zététique et rationalisme (celui que j'ai vu, côté lesswrong). Et expliquer pourquoi j'ai clairement une préférence pour le second.

Tout d'abord, je tiens à préciser que ce billet ne parlera que de ce que j'ai pu observer des textes/vidéos se réclamant de la zététique, et de ceux se réclamant du rationalisme. Je vais commencer par tenter de décrire la zététique de façon relativement charitable. Je ne prétend pas réussir un test de Turing idéologique sur la zététique(i.e. je ne pense pas qu'un zététicien pensera que ma description ait été écrit par l'un des leurs). Mais au moins expliquer ce qui m'a fait me dire «tiens, ça pourrait m'intéresser», quoi que sans me pousser à les rejoindre sérieusement. Je décrirai ensuite ce que j'ai pu voir du milieu aspirant rationaliste, et qui m'a convaincu à me rendre à Berlin participer à un meet-up de trois jours. Enfin[1], je tenterai de comparer ces deux sujets. D'expliquer pourquoi il me semble pertinent de les comparer. Et pourquoi l'un me plait bien plus que l'autre.

Note

[1] Je tiens à noter que c'est un effort pour moi de ne mettre cette partie qu'à la fin. Ayant connu la zététique avant le rationalisme, je vois tout de suite les différence, et j'avais donc envie dans le paragraphe parlant de rationalisme d'expliquer «voyez, ça, c'est tellement mieux !»

Zététique

Mon dernière paragraphe précise que je me limite à ce «que j'ai vu», parce que je suis forcé de reconnaître que je suis loin d'avoir parcouru toute l'œuvre consacré à la zététique. Le site zetetique.fr est relativement gros, et même si j'apprécie leur chaîne youtube Hygiène mentale, je ne prétend pas avoir tout vu. Récemment, quand j'entend parler de zététique, j'ai beaucoup entendu parler de la Tronche en Biais[1], et un peu de leur site «la menace théoriste». J'ai beaucoup aimé la Tronche en Biais à leur début, j'ai même participé à leur patreon. Je dois par ailleurs avoir un roman de Mendax dans ma bibliothèque, puisque je les ai connus à l'époque où ils créaient une saga mp3 parodie de star trek - qui était bien faite d'ailleurs, je ne peux pas leur retirer leur sens de la mise en scène. Quant aux autre sites, comme le laboratoire de zététique, le Cercle zététique (qui est un magasine d'ailleurs), etc... je suis bien forcé avouer n'avoir pas fait plus que regarder leurs pages d'accueil. Bref, faire un billet de fond sur la zététique n'est pas mon propos ici. Peut-être que je découvrirai (via vos commentaire ?) qu'une branche de la zététique est fort différent de ce que je décris. Mais si c'est le cas, je peux au moins noter que cette branche a le défaut d'être fort mauvaise en communication.

Tel que j'ai compris les gens se réclamant de la zététique, leur but est de comprendre comment les humains se font avoir. Que ça soit par des manipulations honnête, comme celle des magiciens. Malhonnête comme celle de pick-pocket. Que ces manipulations soient physique, comme ces dernier cas, où dans les raisonnements, comme le font les charlatans qui se prétendent aussi efficace que les médecins. Et aussi comme les humains se trompent eux-même systématiquement. Pour cela, les zététiciens décortiquent quelques trucs utilisés par des magiciens et pick-pocket, comme le détournement d'attention. Quelques discours utilisés par des charlatans pour faire passer des produits quelconques pour des remèdes miracles. Et comment on se trompe soi même en restant enfermé dans les réseaux sociaux dans une bulle de gens pensant comme nous.

Ils illustrent aussi ses biais avec des textes démontrant que la terre est plate, l'homéopathie est bonne, les OGM sont mauvais, la lune influence les naissances. Divers fautes de raisonnement courantes sont nommées. Connaître ces fautes n'empêche pas de les commettre, mais aide à les reconnaître, et à se corriger. Une fois ces techniques connues, il sera ensuite plus simple de les appliquer en écoutant des discours politiques, des promesses de vendeurs, etc... et aussi en rédigeant ses propres textes.

Une seconde branche de la zététique consiste à trouver des moyens de diffuser ce savoir, afin d'éviter que d'autres gens se fassent avoir, et élever le niveau de réflexion des discours. Ainsi, si tu convaincs un de tes proches/ton public de consulter un médecin plutôt qu'un homéopathe, tu peux peut-être l'aider à mieux guérir. Et certains espèrent même qu'avec une réflexion plus saine, avec moins d'avis tout fait, tu combattras des préjugés et améliorera le vivre-ensemble. Cela peut aussi permettre de dire à quelqu'un avec qui tu discutes pourquoi tu n'es pas convaincu. Avoir accès à la grammaire des biais de raisonnement permet de montrer que ce n'est pas juste toi qui refuse son argument, mais d'expliquer qu'il y a un problème de fond, qui fait que cet argument n'est pas convainquant.

Rationalisme

Tout comme avec la zététique, je suis bien forcé d'admettre que je n'ai vu qu'une infime parti de ce qui se nomme «rationaliste». Je suis entièrement conscient que pleins de philosophes ont écrit sur cette questions. Pire, la seule «philosophe» que j'ai lu parlant de ce sujet est Ayn Rand, dans son livre la grève. Et même si j'ai déjà dit tout le bien que je pensais de ce livre, ce n'est pas sa philosophie qui m'a convaincue. Pire, son «rationalisme» me semble être tout le contraire de ce que devrait être le rationalisme. Chez elles, les gens rationnels sont sûr d'eux tandis que les gens irrationnels disent que tout ce vaut et qu'il n'y a pas de vérité. Ma maigre expérience du monde me fait croire que l'inverse est vrai. Son banquier rationaliste a fait fortune en ne faisant jamais fait un mauvais investissement - alors que tout ce que je connais du rationaliste (et dans une moindre mesure de la théorie économique) m'indique que la raison d'être du banquier est de prendre des risques, pour gagner en moyenne. Qu'il a forcément du refuser des investissement qui aurait pu rapporter, et qu'il a donc perdu de l'argent. Bref, je me contenterai de parler de ce que j'ai pu lire sur lesswrong, slate star codex, et d'autres blogs de ce milieu, et de parler de ce que j'ai entendu chez les gens qui tournent autour. Ainsi que de l'avis que je me suis fait en parlant à d'autres gens s'intéressant au mouvement rationaliste de manière active.

Je vois aussi deux branches de ce rationalisme. La première est le rationalisme épistémique. Il s'agit de trouver comment démêler le vrai du faux. Ou plutôt, comment donner une probabilité raisonnable à diverses affirmations. La seconde branche consistant à trouver le moyen le plus efficace de réaliser un but donné. Il est souvent supposé que bien connaître l'état du monde permettra d'atteindre plus facilement son but. Et réciproquement, connaître la vérité peut-être un but en soit. Donc les deux branches se complètent souvent.

Il existe des exemples où les deux branches ne se complètent pas. Encore que je n'ai que des exemples de fictions - ce sont les plus simple. Cassandre connaît la vérité. Cassandre a été maudite et personne ne la croît. Elle remplit donc parfaitement la première branche du rationalisme, sans remplir la seconde. Pire, si on suppose que Cassandre aurait aimé être heureuse, son savoir ne peut que la gêner. À ce sujet, je rêverai de lire une fiction rationaliste autour de Cassandre. Après tout, au lieu de conseiller les siens, elle devrait conseiller ses ennemis. Puisque personne ne la croit, ses ennemis ne pourraient que se tromper et sa malédiction la servirait. Pour un second exemple, Funes, personnage de Borges, a gagné une mémoire parfaite qui n'oublie jamais rien. Cela lui coûte presque tout, il devient incapable d'abstraction et par la même, presque incapable de penser. Réciproquement, on peut imaginer qu'un personnage puissant accepte de t'accorder une faveur seulement si tu restes à jamais ignorant de la façon dont il a réalisé ce que tu demandes. Dans ce cas là, atteindre ton but demande de réduire ton rationaliste épistémique. Ces exemples, quoi que fictif, illustrent pourquoi les deux branches du rationalisme sont distinctes. En particulier, il est totalement permis de «tricher», et de réaliser son but sans comprendre comment ce but a été atteint. Ce fait très connu des développeur, dont le code tombe en marche sans qu'ils soient capable d'expliquer ce miracle.

Le but du milieu rationaliste que j'ai pu voir est donc de développer des méthodes pour se permettre à soi même de s'évaluer, d'atteindre ses buts, et de moins se tromper. Ces méthodes pouvant s'appliquer seul, ou bien s'appliquer avec d'autres gens s'intéressant au rationalisme. D'autres gens qui se sont aussi formé à ses méthodes. J'ai déjà narré une de ses méthodes. Une autre viendra dans un billet où je parlerai du meet-up lesswrong. Celui que je pense avoir le plus utilisé avec un-e ami-e proche est le tabou rationaliste, un «jeu» qui force à s'interdire un mot, afin de comprendre quel est la différence sous-jacente à notre désaccord. En particulier, ses méthodes doivent être itératives, pouvoir s'améliorer selon divers retours. L'important n'est pas tellement le fait de disposer de méthodes, l'important est de disposer de méthodes efficaces.

De ce point de vue là, le rationalisme ressemble pas mal aux bouquins de self-help. Avec quelques différences tout de même. Le cliché du livre de self-help est un livre relativement cours, accessible, avec une jolie couverture bien vive pour les têtes de gondoles. Et surtout avec des solutions clés en mains et relativement simple à certains problèmes de notre vie. Je pense que ça ne décrit pas rationality, from AI to Zombie, avec ses 2400 pages(50 heures en version audiobook), ses formules mathématiques non triviale (Bayes), et des exemples approfondi issu de la physique théorique (différentes interprétation de la décohérence)[2]. Personnellement, j'aurai tendance à lui faire plus confiance, en ce que ce livre semble faire un effort pour ne prendre que deux types de self-help:

  • soit ce qui a effectivement fait ses preuves dans des expériences
  • soit ce qui est assez simple pour que le lecteur puisse aisément tester par lui-même pour voir si c'est intéressant ou non.

Notons que rationalisme ne s'oppose pas à self-help. Une thèse de l'auteur du livre cité précédemment est qu'il faut prendre ce qui est intéressant partout ou des bonnes idées se trouve. La difficulté est de découvrir ce qui est efficace et ce qui est contre-productif parmi tous les livres, que ce soit du self-help, des traités de méditation, des méthodes de développements, des œuvres de fictions, etc...

Comparaison

Je vais commencer par comparer zététique et rationalisme, afin d'expliquer pourquoi ça me semble pertinent d'en parler ensemble. Ensuite, j’expliquerai ce qui les différencie selon moi.

Les rapprochements

Ces deux domaines partent de constatations très similaires. La notion de vérité à un sens. Il existe des méthodes pour trouver la vérité. Il y a des points sur lesquels je peux être certain de mon opinion. Et par conséquent, où je peux être certains que les gens ayant une opinion opposé (et accès au même données) se trompent. Par ailleurs, l'humain n'est pas naturellement doué pour trouver la vérité, et peut donc très facilement se tromper.

Cette description est assez effrayante a écrire, parce que je peux totalement imaginer un religieux parler de la vérité, expliquer que les non croyants se trompent. J'ai déjà vu lesswrong qualifié de culte. D'ailleurs, Yudkowsky semblait craindre que cela puisse arriver. Prenant pour exemple comment le mouvement «objectiviste» serait devenu un culte en hommage à Ayn Rand. Il s'ensuit que rationalisme et zététique ont en commun d'expliquer pourquoi leurs notions de vérités est la bonne. Pourquoi ils se trompent certainement en ce moment, et ces mouvements auront à évoluer quand de nouvelles découvertes seront faites. Ces deux milieux tentent de justifier à leur lecteur qu'ils ont des raisons convaincantes de penser qu'ils ne se trompent cependant pas trop. Tout du moins que leur croyance actuelle est hautement plus probable que d'autres croyances concurrentes.

Une amie m'a signalé qu'elle trouvait la communauté less wrong trop prétentieuse. Je ne pourrai pas lui reprocher, c'est indéniable. Parce qu'il me semble dur d'embrasser le rationalisme sans accepter de dire «j'ai raison, et d'autres ont tort», ce qui est socialement peu admis. D'autant qu'il ne s'agit pas de dire «j'ai plus raison que d'autres sur un point de détail», mais de dire qu'on a méta-raison - qu'on a raison dans sa manière de penser. Après tout, si je disais que je suis meilleur en math que la plupart des gens que je connais, c'est totalement acceptable puisque c'est un domaine précis, dans lequel j'ai mené des études universitaire, que j'ai publié dans un journal mathématique, et surtout que la plupart des gens n'en ont rien à faire. Là, je dis: je suis meilleur dans quelque chose de fondamentale à l'humanité, la réflexion. Cependant, je pense que le même reproche pourrait être totalement fait à la communauté zététique. Après tout, ils pensent pouvoir expliquer à autrui comment penser, comment moins se tromper. J'aurai malheureusement plus de mal à ettayer l'avis que je ressens en ayant vu cette communauté. Il faudrait pour ça que je fasse une compilation de tweet, de message de blog, etc... trop de petite chose pour que ça vaille le coup.

Les différences

Je peux maintenant parler de ce qui différencie ces deux communauté. Je vais d'abord donner ce qui me semble être le point le plus positif de la zététique.

Aller vers les autres

La zététique a pour volontée explicite d'aller vers autrui, de livrer un discours accessible. Ce discours pouvant être porté dans les écoles, sur youtube, en podcast, dans des médias qui les invite. Il porte donc aussi un travail énorme de communication, pour convaincre les écoles de faire venir des gens qui expliqueront la démarche scientifique aux élèves - j'ai moi-même participé à une telle activité en tant que jeune docteur. Et surtout, si on accepte l'hypothèse que croire aux médecines alternatives tue, alors ces zététiciens tentent littéralement de sauver des vies quand ils tentent de convaincre d'aller voir un médecin traditionnel, moins glamour, mais basé sur la science. Et je suis bien forcé de reconnaître que, cette volonté de combattre des charlatans pour sauver les vies est totalement louable. D'autant qu'il faut mener cette action en amont, avant qu'il soit visible que cette action soit nécessaire. Bref, les zététiciens doivent agir au moment où les charlatans auront beaucoup de facilité à tenir un discours fort sympathique, et expliquer que les zététiciens sont juste des gens vendus aux labos pharmaceutique. À ce sujet, je regrette de ne pas réussir à retrouver un billet que j'avais lu il y a quelques mois. En gros, ce billet, écrit par un médecin, posait la question: «que dire aux parents qui ont refusé de faire vacciner leur enfant, et dont l'enfant est mort d'une maladie contre laquelle le vaccin protège.». La réponse de ce billet était essentiellement «rien». Parce que même si tu pouvais te faire plus facilement écouter à ce moment là - ce qui est loin d'être sûr - c'est aussi bien trop tard pour que ça ait le moindre intérêt.

Aller vers les autres a cependant un coût énorme. Il faut motiver son auditoire. Je parlais plus haut de communication: prospecter et convaincre les gens que notre propos est intéressant à un coût. Et ce coût va être d'autant plus élevé qu'il doit s'opposer au budget communication des charlatans. Une fois que les zététiciens sont devant des élèves, il faut encore motiver les élèves. Il faut leur faire passer des idées alors qu'ils ne sont pas spécialement intéressés. Bien sûr, certains élèves seront intéressés, voudront peut-être aller plus loin, avoir des conseils de livres ou de sites. Mais le but de la zététique serait de convaincre tout le monde pour élever globalement le niveau de réflexion de la société. Et convaincre juste quelques élèves qui auront un attrait pour cette réflexion, ce n'est qu'une petite partie du travail.

Ma maigre expérience de l'enseignement me convainc assez facilement qu'il est bien plus simple d'enseigner à des gens motivé qu'à des gens présent car ils sont forcé d'être physiquement dans la salle. En laissant tomber les autres, le mouvement rationaliste gagne un avantage énorme sur la majorité de la didactique, il permet de chercher à être efficace auprès de gens qui ont eux même la volonté de faire un effort, et qui ont l'envie de le faire. Je donnais plus haut des exemples d'activités qu'on peut faire entre rationaliste. Certes, je ne peux pas faire de «rationalist taboo» avec tout le monde. Mais je peux le faire avec des gens avec qui je suis proche, qui pensent relativement similairement à moi, qui acceptent de voir l'intérêt de ce jeu, et donc ma discussion avec eux je pourrai mieux interagir avec eux en cas de désaccord.

J'ai des proches que j'aime, qui utilise de l'homéopathie de temps en temps. J'admet pouvoir regretter de ne pas savoir spécialement comment leur en parler. D'un autre côté, les proches dont je parle voient aussi des médecins traditionnels. Lorsque des maladies graves sont survenues, ils n'ont pas hésité à recourir à des hospitalisations, donc je suis pas spécialement effrayé non plus pour eux.

Je crains d'ailleurs que si mon but était réellement de les convaincre d'arrêter l'homéopathie, les manuels de rhétoriques, et même de manipulations, seraient bien plus efficace que les manuels de zététiques. Ils serait probablement considérablement plus facile d’amener quelques personnes à croire quelque chose en ne se restreignant pas à lui dire uniquement la vérité, et toute la vérité. Après tout, si la recherche aride de la vérité était le seul critère important à leurs yeux, ils ne prendrait pas d'homéopathie. Notons que, comme je l'ai dit plus haut, le rationalisme accepte de prendre ce qui fonctionne partout, donc la rhétorique, la manipulation, peuvent être indirectement un outil acceptable pour un rationaliste. Quoi qu'il soit loin d'être certain qu'à long terme, la personne se servant de ces techniques y gagnerait réellement.

Bref, indépendamment de savoir si utiliser des techniques de manipulations pour faire quitter l'homéopathie est efficace ou non, il y a tout de même un truc qui me semble très probable: Si j'étais aussi virulent contre l'homéopathie que je vois beaucoup de gens l'être, je ne serai pas plus à même de convaincre les gens à qui je tiens que l'homéopathie est une mauvaise idée est une mauvaise idée. Et de manière générale, dans tous les exemples que j'ai vu, en vulgarisation, je me demande toujours qui les zététiciens voulaient convaincre. À ce titre, j'aime beaucoup un épisode récent d'Axiome, qui revenait sur une vidéo ou des youtubeurs ont fait un crop-circle. Axiome s'est questionné sur l'intérêt de cette vidéo. Plus précisément, leur questionnement semblait similaire au mien, ils se demandaient qui est-ce que cette vidéo pourrait convaincre. La vidéo youtube montrant la création d'un crop-circle permet de répondre à la curiosité toute naturelle: comment est-ce que les crops-circles ont été créé ? Des tas de vidéos sur le net illustrent comment des tas d'objets sont créé, des crayons, des bouteilles, des figurine en chocolat, etc.. C'est vidéo sont souvent passionnantes (au moins pour moi), et celle sur le crop circle l'est aussi. À ce titre, j'apprécie aussi de voir la création de Crop Circle. Mais, comme signalait Axiome, il semble peu crédible que ça convainque les gens qui étaient persuadé d'avoir une preuve de la vie extraterrestre. Je dois même admettre que si mon prior était de croire que les crop circles sont lié à cette vie extraterrestre, cette vidéo ne baisserait rationellement que très peu ma croyance. Après tout, une vidéo qui m'expliquerait comment créer des fausses traces de roues dans la boue ne me convaincraient pas de l'inexistence des voitures.

Plusieurs moyens d'obtenir le bon résultat

Il me semble que la zététique considère la notion de causalité comme étant la base de la vérité. J'ai l'impression que les rationalistes seraient prêt à considérer bien plus d'hypothèse. J'ai d'abord écrit «méthode scientifique» au lieu de «causalité», mais je n'ai pas d'exemple qui soit réellement «non scientifique». Si l'on disposait d'une Cassandre, disant systématiquement la vérité de façon non-ambigu, alors on pourrait difficilement dire que «poser la bonne question» «cause» «la bonne réponse». Par contre, on pourrait facilement tester que par le passé, Cassandre ne s'est jamais trompé. Ça serait une expérience scientifique qui justifie le fait de faire confiance à Cassandre. Encore qu'il reste possible de soupçonner que Cassandre ait un intérêt à mentir, si le gain de ce mensonge justifie de détruire sa réputation de fiabilité. Dans Alvin le faiseur (ici, il y a un spoiler jusqu'à la fin du paragraphe), une héroïne est télépathe. Elle participe à un procès. Un juge lui demande, afin de lui prouver sa télépathie "À quoi je pense". L'héroïne répond: «vous pensez que même si je sais réellement lire les esprits, vous ne pouvez pas savoir si je vous lis sincèrement l'esprit de l'accusé. Par conséquent, vous ne pouvez pas considérez que ce que je vous dit est une preuve.»

Cette idée - chercher à découvrir qui a la vérité, même si on ne sait pas pourquoi - donne lieu à metaculus, une communauté cherchant à découvrir à quel point des gens sont bon à faire des prédictions. Il y a aussi le concept de «marché de prédiction», consistant grosso modo à parier sur des faits qui seront testable ultérieurement. Ces prédictions sont faites sans explications, donc ne rentre dans rien de ce que j'ai pu voir en zététique. Pourtant, scientifiquement, il est possible de tester si cela donne des résultats meilleurs que la méthode expérimentale classique. Et si ce succès est autre chose qu'une éventuelle anomalie statistique.

Notez que je ne dis pas que les méthodes mentionnée plus haut fonctionnent, je n'en sais rien. Je crains malheureusement qu'il soit difficile pour moi, un particulier, d'utiliser ces méthodes pour quoi que ce soit, donc je n'ai pas d'intérêt à me renseigner énormément dessus. Mais ça me parait difficilement pire que les éditorialiste, ou même que beaucoup de journalisme, qui sont sélectionné non pas pour la véracité des analyses, mais pour la capacité à raconter une histoire faisant qu'on veuille suivre leurs propos.

Réflexivité

Mon impression est que les rationalistes s'interrogent bien plus sur le rationalisme que les zététiciens sur la zététique. Puisque le rationalisme prétend vouloir être efficace, il est tout naturel que les rationaliste se demandent si utiliser le rationalisme est efficace. Les bouquins de self-help sont plus court, plus clair. S'ils devaient arriver qu'un bouquin de self-help apportent presque autant que le rationalisme, autant délaisser le rationalisme[3]. J'ai l'impression que j'ai souvent vu les zététiciens prendre le savoir et la science comme une fin en soi. Propager ce savoir, cette vérité, est un but noble. Mais je les ai rarement vu se demander si leurs méthodes sont efficaces. En particulier, est-ce qu'ils optimisent leurs notoriétés, ou est-ce qu'ls optimisent l'état de leur audience après que celle-ci les ai lu/entendu. Et à quel point optimiser l'un permet aussi d'optimiser l'autre simultanément.

Je reprend l'exemple de la médecine. Du côté rationaliste, j'ai lu des conseils[4] du style: noter systématiquement tout ce que je mange, mes horaires de sommeil, mon état de fatigue/faim à différent moment de la journée, etc... Puis analyser les données pour voir si je découvre des patterns simples. Similairement, puisque je suis sensible à la lumière, d'essayer de jouer avec différent type d'éclairage, dépenser un peu d'argents en lampe, et utiliser ces données pour voir si je peux me rendre plus heureux en hiver pour quelques centaines d'euros. Ce genre de conseil nécessite un travail ennuyeux. Mais puisque ça n'a pas vocation à être généralisé et à devenir une vérité scientifique, cela permet d'améliorer sa vie à faible coût. En particulier, à un coût qui, pour moi, est considérablement plus faible que si je tentais de créer une étude sur un grand ensemble de gens pour voir ce qui marche en général. Notez que je ne prétend pas que ces conseils soient révolutionnaires ou inédits, par principe, le rationalisme peut prendre ce qui est bien n'importe où.

Toujours sur la médecine, du côté zététicien, un but super important semble être de convaincre tout le monde de l'importance des vaccins et du mal que fait indirectement l’homéopathie (i.e. non seulement en coût, mais aussi en gens qui évitent de se soigner correctement quand c'est nécessaire. Et pire, qui évitent de soigner leurs personnes à charges. Et qui contaminent leurs proches). Comme je disais plus haut, vouloir améliorer la santé et sauver des vies et louable. Mais j'aimerai bien voir des zététiciens s’interroger plus sur les raisons de la méfiance envers la médecine. Mettre autant d'énergie à demander aux médecins de changer qu'ils en mettent à demander aux patients de changer. Mettre autant d'énergie à convaincre l'administration, les centre hospitalier universitaires, les profs, qu'ils doivent permettre à la médecine d'être crédible. Comme tout un chacun, j'ai quelques idées de changement que j'aimerai[5], j'ignore ce qui serait plus ou moins efficace, mais je suis vraiment pas persuadé que toute ces idées soient moins efficaces que s'attaquer aux croyances des patients.

Pour prendre un exemple hors de la médecine: les discours de politiciens. C'est une banalité de dire que les politiciens mentent. Qu'une fois élus, ils ne tiennent pas leurs promesses. Que leur discours utilisent des biais de raisonnement qui seraient inadmissibles chez un étudiant en fin de première année d'université[6] tellement ces raisonnement sont basiquement insensés[7]. Il se trouve donc que, comme tout un chacun, je ne crois aucun candidat aux élections que j'ai suivi. L'enseignement zététique me permet de nommer les biais de raisonnement, et peut-être d'en repérer certains que je n'aurai pas vu sinon. Je dois dire que je ne sais pas à quoi ça sert. Parce qu'une fois que j'aurai vu tout ces problèmes, rien ne m'indique pour qui voter. Après tout, je ne vote pas pour que quelqu'un ne me mente pas. Ou qu'il mente moins que les autres. Je peux envisager un élu[8] dont j'apprécierai le travail indépendamment de ces mensonges. Bref, je crains que sur la question du choix du vote, comme sur tout un tas d'autre dilemme de la vie courante, la zététique me soit en pratique inutile.

Je prétendais être charitable en décrivant la zététique. Je ne sais pas à quel point c'était le cas. J'écrivais que la grammaire des biais de raisonnement permet d'expliquer à quelqu'un pourquoi tu n'es pas convaincu par son argumentation. Malheureusement, je pense que c'est une idée qui a l'air meilleure qu'elle ne l'est réellement. Pour deux raisons. Beaucoup de textes cherchent à convaincre le plus grand monde. Si un auteur a le choix entre convaincre les zététiciens et convaincre les gens prêt à payer pour lire cet auteur (abonnement à un journal, voter pour lui, etc...), alors il est dans l'intérêt économique de l'auteur d'ignorer le zététicien. Je crains donc que les zététiciens s'épuisent assez inutilement ici. Par ailleurs, tout comme avec l'exemple précédent du vote, lister les biais sera peu utile à la longue. D'abord, parce qu'il y a une tendance naturelle à rechercher les biais quand on est en désaccord, et donc connaître les biais à un fort risque de nous renforcer dans nos positions. Et aussi parce que si deux thèses opposées sont toutes les deux défendues dans des textes très biaisé, la zététique est assez inutile pour décider qu(o)i croire à la fin. C'est d'ailleurs un gros problème que j'ai avec le fait que les exemples courants en zététiques soient les vaccins et les phénomènes paranormaux[9]. Les arguments sont tellement fortement en faveur de l'efficacité des vaccins et de la création des crop-circles par les humains que durant tout le processus de raisonnement illustré par les zététiciens, il n'y a aucun vrai doute sur le résultat final. En conséquence de quoi, je soupçonne fortement que tenter d'appliquer re processus de raisonnement illustré par ces exemples classiques ne permettra pas de conclure quoi que ce soit pour les questions où l'on a de bonne raison de douter entre une chose et son opposé.

J'ai dit ne pas avoir été très charitable plus haut. Pour me rattraper et être un peu charitable, je ne m'attarderai pas sur ceux qui utilisent «tu as tel biais» comme insulte. Ce qui, avec l'effet réseau de twitter peut amener à un harcèlement momentané de gens s'opposant à la zététique. Je dois admettre qu'en cherchant un peu, je trouve beaucoup moins d'exemple que ce à quoi je m’attendais. Ou en tout cas, avec le système de recherche de twitter, ils sont dur à retrouver. Par ailleurs, j'ai des échos comme quoi des gens se réclamant du rationalisme ne sont pas mieux du tout de ce côté là. Cependant, comme le rationalisme est moins ancré en France, je n'ai pas eu l'occasion de voir ces exemples directement.

Les gens

Mon dernier point est de considérer les gens se réclamant des deux branches dont je parle. Je met ce point en dernier; déjà que je ne sais pas si mes lectures sont représentatives, je suis encore moins sûr que les gens que je connais le soient. Et surtout, je peux imaginer garder les principes du rationalisme et de la zététique tout en changeant les gens que j'ai vu dans ces deux groupes.

Zététiciens

La bande annonce de la tronche en biais demande «Pourquoi votre tante Genevieve dit-elle autant d'ânerie. Et pourquoi votre voisin Paul se figure t-il qu'il comprend tout, alors que manifestement il ne comprend rien.» La page zététique du laboratoire de zététique/centre d'analyse zététique de l'Université Nice Sophia-Antipolis commence par présenter une personne ayant noyé son enfant pour des raisons «mystique prônée par un gourou». J'aurai tendance à me méfier très fortement de gens qui prétendent m'aider à m'améliorer, commençant par tourner d'autres gens en ridicules. Tentant par la même de me donner un sentiment de supériorité. En tout cas, je ne pense pas que ces gens soient des gens que j'aurai envie de fréquenter. L'honnêteté me pousse quand même à préciser que l'épisode 1 d'Hygiène mentale commence par préciser explicitement qu'ils se donnent pour but de ne pas se moquer. Sans pour autant être fan de cet chaîne, je la préfère de loin à ceux que j'ai cité plus haut. Et je reconnais volontiers que le narrateur a fait un très grand effort pour garder un ton neutre. Il y a certaines phrase qui sous-entendent qu'il pourrait se moquer mais se retient. Malheureusement, je considère que son choix d'exemple est pratiquement une moquerie à lui toute seule. Comme je disais plus haut, il a choisi comme premier exemple où le résultat final est certain à la fin pour tous les spectateurs.

Accessoirement, même si je décide de ne pas tenir compte de ces moqueries, du fait de prendre les gens de haut. Je ne serai pas intéressé par l'idée de fréquenter des gens perdant un temps considérable - une semaine dans le cas d'hygiène mentale - à s'attaquer à des sujets comme vérifier la véracités des affirmations paranormales. Si c'est ce que les zététiciens offrent comme activité, j'aurai trop l'impression de perdre mon temps.

J'ai tenté, un jour, de participer à une association de vulgarisation scientifique. Je suis allé dans un collège. Ce fut catastrophique, mais je ne garderai qu'un exemple ici. Les collégiens ont eu à lire un article racontant qu'une étude, financé par Coca-Cola, montre l'absence de lien entre obésité et la consommation de sodas. L'association demande diverses questions comme «y a t-il un conflit d'intérêt.» Un élève a répondu «non. Coca-Cola est content du résultat, donc il n'y a pas de conflit.» Je pense que ça montre bien à quel point l'intervention était mal préparé. Ou plutôt, était très bien préparé dans le but de rapporter des sous à l'association avec des jolis questionnaire validé par des instances qui trouve que cette question fait bien. Mais n'était pas bien préparé dans le but de passer des idées aux élèves.

L'association a donc expliqué que, quand on lit quelque chose, c'est bien de savoir quel est la source, pour découvrir à quel point on peut faire confiance. Un élève dit qu'il sait que c'est faux, après tout, on sait que les sodas font grossir. Je me suis donc permi de demander à l'élève comment il le sait. Qu'est-ce qui lui permet d'être si certain d'avoir raison. Moi-même, j'admet volontiers que je ne remet pas cette affirmation en doute, alors que je serai en difficulté pour la justifier. Ou plutôt, je pourrai justifier en disant que si c'était faux, je pense que j'en entendrai beaucoup parlé (Coca à un énorme budget com', et mettrait ça considérablement plus en avant.) Donc c'est probablement vrai. Je me suis vu reprocher de poser cette question, de complexifier inutilement l'activité. Et qu'en plus ça faisait sortir du temps imparti pour cette question précise.

J'ai quitté cette association après deux journées avec eux, je n'en ai aucun regret.

Rationalistes

En septembre, je me suis rendu à un meet-up Less-Wrong, à Berlin. Il était vraiment extraordinaire pour moi. Il y a plein de gens avec qui j'ai pu sympathisé, qui malheureusement sont souvent loin de Paris et de Bruxelles, donc que je verrai pas souvent. Mais j'avais l'impression qu'on avait des modes de raisonnement relativement similaires. J'avais rarement autant l'impression de trouver plein de gens proche, et je ne l'avais plus découvert ça depuis mon arrivé à l'ENS en 2008.

L'idée générale semble être de savoir comment s'améliorer soi même. En particulier, cela peut passer par des gens qui ont aussi chercher à s'améliorer eux-mêmes. Et qui ont eu des moyens de s'améliorer qu'on considère aussi comme étant une amélioration. Partant de là, on cherche à obtenir des autres des conseils pour s'améliorer. On se retrouve donc à conseiller aux autres des trucs à faire. Cependant, contrairement au cas des zététiciens que je mentionnais plus haut, on dit aux autres quoi faire après que les autres aient demandé cette information, différence très importante. Par ailleurs, un certain nombre de ses conseils supposent qu'on est prêt à mettre du temps et de l'énergie à les appliquer. Par exemple, je suis près à changer ma méthode d'apprentissage pour une méthode plus lente sur le court terme, donc pas évidente à utiliser pour préparer un examen - surtout si on s'y prend au dernier moment - mais plus efficace sur long terme. J'estime que ça m'améliore car ça correspond à ma manière de fonctionner. Je n'irai pas faire de la propagande pour qu'on utilise cette manière d'apprendre dans les écoles, ça n'aurait aucun sens de dire «c'est efficace pour nous autres, des dizaines de personnes qui nous réunissons volontairement pour parler de rationalisme, donc ça doit être efficace pour tout les élèves et étudiant-e-s.»

Par ailleurs, et même si je ne sais pas nécessairement l'expliquer, c'est une communauté contenant beaucoup de polyamoureux. De pratiquant du shibari. De participer à des grandes piles de câlins en groupe. Le fait d'avoir voulu tester des choses, remettre en question les normes, doit aider. Ça aide à obtenir un lieu que j'apprécie. Même si je ne suis pas capable de comparer au zététique sur ces points là. Je ne connais pas assez personnellement de zététicien pour savoir si tout ces trucs que je trouve cool se retrouvent souvent chez eux.

Notes

[1] J'ai un très long billet depuis des mois dans mes brouillons, sur un de leur épisode..

[2] Quoi qu'il y reste nécessairement un léger doute, après tout, l'auteur a peut-être simplement écrit un best-seller pour une catégorie précise de personne qu'il visait. Ce qui en retour, lui a donné de la crédibilité dans son milieu, et pourrait avoir contribué à son succès professionnel/au succès de l'institut qu'il a créé.

[3] Cette volonté d'efficacité à un coût d'ailleurs. J'ai voulu regarder le manuel du centre pour la rationalité appliqué. L'intro du manuel explique qu'il semble que les gens ayant lu le manuel avant d’assister au séminaire ont plus de mal à profiter de ce que le centre à développer. Donc ils déconseillent de commencer par le manuel. Ils ont trouvé le moyen efficace de m'empêcher d'utiliser ce raccourci que je pensais avoir pris pour éviter de payer un séminaire. Je suis pas encore convaincu que je me payerai un séminaire un jour, mais ça ne me semble pas exclu.

[4] que j'ai toujours pas appliqué alors que je me dis qu'il faudrait que je le fasse

[5] Par exemple, que les docteurs soient formés aux questions de sexisme. Ne pas faire de «point du mari», en particulier sans en parler en avance à la parturiente, ne pas proposer aux étudiant-e-s en médecine de toucher le corps d'une patiente anesthésié (même si c'est uniquement à titre pédagogique) sans le consentement préalable de la patiente. Ne pas rejeter tous les troubles sur le surpoid, de façon à ce que quand un médecin dise «c'est le surpoids qui cause le problème», ça devienne crédible. Ne pas exiger des personnes trans de se conformer absolument à des stéréotype pour oser les respecter. À ne pas refuser de traiter les patients avec le VIH. Etc...

[6] Je ne précise pas la matière. C'est fait exprès, les biais de raisonnements sont dénoncé dans énormément de matière, scientifique, juridique, philosophique, etc...

[7] J'imagine qu'un but cohérent pour des zététiciens, ça serait de rendre ces mensonges et ces biais inutile. Après tout, s'ils ne convainquaient personne, et devenaient inacceptable, on pourrait espérer que les politiciens seraient bien forcer d'arrêter. Je ne suis pas confiant en le fait que ce moyen ait la moindre chance de succès. En particulier, j'ignore ce qui ferait que les zététiciens réussiraient enfin alors qu'ils ont échoués jusque là.

[8] Il faut pour ça que j'envisage être à droite.

[9] C'est littéralement ce que propose l'observatoire zététique sur la page d'accueil de son site. C'est aussi l'objectif du cercle zététique.

Commentaires

1. Le dimanche 18 novembre 2018, 08:21 par ReHelbig

Cool article ! Je me retrouve dans plusieurs de tes réflexions et critiques; même si je pense que je peux toujours me qualifier de zététicien malgré tout. J'ai quelques remarques (un peu en vrac, tu m'excuseras ;):
- Tu l'évoques à peine, mais le Cercle Zététique (à ne pas confondre avec Cercle zététique du Languedoc-Roussillon) est très décrié dans le milieu sceptique : l'assoc s'est effondrée d'elle même quand ses dirigeants ont tournés négationnistes. Ils sont au banc du milieu zététique que je connais (i.e. TEB, Hygiène mentale, Groupe FB, etc.). C'est sûr que c'est pas la page la plus glorieuse de la zététique en France :( .
- je trouve ta définition de la zététique un peu limitée par rapport à ce que je connais (après tu avais prévenu dans l'intro). Le terme "charlatan" est d'ailleurs assez critiqué, étant donné qu'une large partie des gens sont de bonne fois. Il existe une zététique moins militante et plus "érudite", plus à fouiller dans les forums et les podcasts.
- À ce sujet, si tu ne connais pas, je te conseillerai le podcast Scepticisme Scientifique de JM Abrassar et J Royaux. Ils sont moins justement "dénoncer les charlatans", et plus dans un aspect d'érudition ou d'aspects culturels liés à la zét. J'aime beaucoup en particulier l'approche de JM Abrassar sur le paranormal qui est totalement à l'opposé de la critique habituelle des sceptiques. J'ai appris pleins de choses très cool sur des sujets assez délaissés par les sceptiques habituels.
- Je te rejoins sur "on ne prêche que des convaincus" de la zététique. Mais c'est malheureusement toujours le cas dans le discours un minimum militant. Je pense que les zét en sont conscients et qu'ils/elles n'ont pas de solutions. J'imagine qu'ils/elles diraient qu'au moins, on crée un contre-discours avec beaucoup de références.
- HMentale s'explique de son choix de sujets qu'on pourrait dire facile : il veut des exemples "faciles" pour pouvoir éduquer les gens comment appréhender les informations. S'il prenait les sujets polémiques (genre vaccin, OGM, homéo), il perdrait directement beaucoup de son audience. C'est un compromis qu'il fait, pour justement toucher plus de gens.
- Je suis totalement d'accord sur les grandes questions que je me pose quand des gens autour de moi son fan d'homéo. Le dire ou se taire? Et beaucoup de gens dans le monde zét se la posent…
- Je ne connais pas vraiment le milieu LessWrong, et ce que tu en dis ça a l'air bien plus cool que l'image que j'en avait (qui provenait principalement de la critique de Dirty Biology dans sa vidéo sur les enfers artificiels: https://www.youtube.com/watch?v=Jdx...). Maintenant je suis curieux ^^
- Quelque chose que tu n'évoques pas, mais que je trouve être un importante critiques vis-à-vis de la zététique c'est la condescende ambiante, ou au moins la méconnaissance totale vis-à-vis des sciences sociales ou des mouvements militants (alors que par la zét en est un par bien des aspects).
- Mes ressources dans l'ordre décroissant de préférences: Podast Scept. Scientifique > HMentale > M Sam > TEB (ils font bcp de bourdes, je suis gêné à plein de moment, mais c'est du live, c'est moins facile).

2. Le dimanche 18 novembre 2018, 15:31 par Arthur Milchior

-J'ignorai que le cercle était décrié. Je ne connais vraiment pas ce milieu, donc j'ignore qui pense quoi de qui.
-Je ne connaissais pas cet autre zététique. S'il faut fouiller, je suis assez perplexe, ça me semble s'opposer à ce que je pensais être un but de la zététique: se faire entendre.
-Non. Je ne connais pasJM Abrassar et J Royaux. J'admet n'avoir aucune idée de ce que signifie «un aspect d'érudition ou d'aspects culturels liés à la zét. »
-Concernant le fait de prêcher les convaincus dans le discours militant, je suis totalement en désaccord pour deux raisons. Si on parle de vidéo youtube, je partage ton point de vue. Quand quelqu'un arrive à se faire inviter dans une école, une conférence un peu généraliste, voir un média de masse, alors la personne a accès à plus de gens. Ainsi, en parlant de LGBTphobie en école, en plus des convaincus, j'espère au minimum que certains jeunes se reconnaîtrons un peu dans ce qu'on raconte, se questionneront, ou s'ils se questionnaient déjà, auront des pistes à explorer pour tenter d'aller plus loin. Par ailleurs, en demandant aux élèves d'imaginer le coming-out d'un ami, puis en discutant de ce qu'ils imaginent, j'espère que lorsque ce coming-out arrivera en vrai, leur première réaction ne sera plus la même, puisque l'idée n'est plus entièrement nouvelle pour eux.
Le deuxième point de désaccord, c'est que si quelqu'un sait ne s'adresser qu'à des convaincu, alors je vois pas pourquoi rester sur les exemples «faciles». Je l'ai déjà écrit dans le billet, mais dans ce cas, j'ai l'impression que le zététicien essaye de s'assurer qu'on va nul part, mais tous ensemble. J'ai justement l'impression que le rationalisme accepte l'idée qu'on est tous convaincu pour ensuite aller plus loin.
Je reconnais quand même que la création de contre discours est importante. Ce que disait Axiome: il est cool que si un francophone tape «crop-circle» sur youtube, il tombe sur plein d'explications créé par la communauté scéptique, et pas forcément que sur des vidéos complotistes.
-Je ne reproche pas à Hygiène Mentale son choix. Peut-être à t-il raison. À la limite, je lui reprocherai de ne pas avoir réagit quand en commentaire d'une de ses vidéos, je lui ai expliqué une erreur dans un calcul mathématique qu'il a fait, mais bon, ça reste du détail. Je dis juste pourquoi je me suis rapidement désabonné de sa chaîne. S'il tentait d'appliquer le même raisonnement aux OGM, par exemple, je pourrai peut-être considérer de prendre le temps de regarder la vidéo en espérant qu'il prenne en compte les raisonnement qu'on peut réellement faire quand on y connaît rien. Et je douterai qu'il fasse ça, puisque quand il parle de l'influence de la lune sur les naissance ou du paranormal, on sent qu'il a déjà un avis fort, quand bien même il essaye de le suspendre.
-Si j'en crois https://wiki.lesswrong.com/wiki/Rok... , d'une part, Yudkowsky, a banni le fait de parler de la basilique de Roco pendant un bon moment. Et par ailleurs, doutent fortement que ça soit dans l'intérêt de l'AI. Accessoirement, je n'apprécie pas la présentation de LessWrong par DBY. Je ne dis pas qu'il aurait du vraiment s'attarder. Mais dire que LessWrong se base sur la logique et les mathématiques me semble réellement faux. D'abord, parce que la logique est rapidement limité, dans un monde sans certitude, les probabilité sont bien plus utiles que «vrai,faux». Ensuite parce que les seuls maths que j'ai vraiment vu dans les séquences sont justement les calculs de probabilité, pour te faire une opinion. Mais ce site parle énormément de science humaines, biologique, sociale. Ne serait-ce que parce que pour mieux penser, ça serait très pratique de comprendre notre cerveau. Personnellement, je regrette parfois de ne pas être un outil de raisonnement formel, mais j'ai été convaincu par le fait que si je voulais faire des trucs, fallait que j'accepte ce fait.
-J'ignore ce que tu entend par «condescendant». J'ai l'impression forte que les deux milieux penseront être supérieur. La différence étant que je n'ai pas l'impression que les rationalistes se donnent pour mission d'aller toucher du monde pour leur dire «je suis supérieur à vous». J'ai l'impression que les critiques que j'ai lu de la zététique se portent sur des zététiciens qui viennent hors de leur milieu dire aux autres «vous pensez pas bien». Alors que les critiques que je lis sur les rationalistes vont chercher les textes à critiquer dans les blogs rationalistes, textes qui ne cherchait pas à sortir de ce milieu à la base.
-J'ai essayé deux épisodes de Scépticisme Scientifique avant d'arrêter. Un des deux épisodes étant sur les mavériques. De mémoire, quelqu'un avait lu un peu sur les mavériques, puis tentait d'expliquer à l'autre ce que c'est. Je suis totalement incapable de comprendre ce qu'est sensé être l'intérêt de ce format. Si ma mémoire est bonne, celui qui parlait avait une connaissance assez superficiel, il restait des questions auxquels même moi j'aurai pu répondre. Si je veux entendre parler de ça, autant inviter une personne mavériques alors. Et surtout, je n'ai pas réussi à voir ce que ça faisait dans «scepticisme scientifique.» Je n'ai pas l'impression que la communauté mavérique, pour autant qu'elle existe, ait de prétention falsifiable. Si quelqu'un défend l'idée qu'il est un loup, par exemple, il est trivial que la personne ne vit pas à 4 pates dans la forêt, couverte de poil, etc... Ni même que cette personne prétend être un loup-garou. Si quelqu'un se considère comme chat, on peut à la limite regarder à quel point son comportement ressemble vraiment aux spécificités d'un chat plutôt qu'à celle d'un lion ou d'un chien. Mais il me semble que c'est surtout basé sur une question de ressenti, de comment la personne a envie d'être considéré par ses proches, d'interagir avec eux. Où j'ai pas l'impression que la science ait grand chose à dire. À moins que la personne prétende subir une discrimination mesurable à cause de son état mavérique, mais je n'ai rien vu qui me laissait supposer d'une part qu'il y avait de fortes revendication de ce côté là, d'autre part que les sceptiques les analysait.

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