Stonewall et celui qui donne une mauvaise image

Je commence à voir des tweets sur Stonewall, le film. Sur la réécriture de l'histoire.

Je suis pas historien, j'ai donc pas moyen de vérifier qui a raison. Pas vraiment de documents, de sources, pas moyen de vérifier la fiabilité des sources qu'on me montre. J'ai donc beaucoup de mal à discuter d'autre chose que du présent quand je parle avec des gens qui s'intéresse à ces sujets.

Pourtant, j'ai du mal quand je lis "vous n'avez pas de mémoire", pour justifier de refuser à un parti politique ou un syndicat d'aller à une gay pride/marche des fiertés. Car historiquement, on peut toujours remonter à un moment ou tel parti/syndicat ne voulait pas parler des questions LGBT, ou alors pour les criminaliser. J'avais vu sur le panneau de l'hômonerie un vieux tract syndicaliste regrettant la présence d'homosexuel dans le syndicats, qui sont des gens égoïste qui pensent qu'à leur plaisir, donc forcément bourgeois, au lieu de penser à repeupler la France après la guerre. Bref, si on avait vraiment de la mémoire, seul les groupes récents auraient le droit de marcher.

Ce qui ne veut pas dire qu'il faut accepter tout le monde. Il peut y avoir d'excellente raison de refuser un parti raciste - en fait, c'est une excellente raison en soit - mais la raison historique me semble être un argument fallacieux.

J'ai discuter récemment avec quelques personnes. L'une d'elle avait peur d'être un mauvais exemple pour les polyamoureux, car il tomberait dans plein de clichés (bi, kinky,...) et donnerait une mauvaise image. Ce à quoi, sans vouloir lui dire quoi faire, j'ai dit qu'historiquement, ça a été grâce à des gens donnant une mauvaise image que les droits des homos on pu avancer.

Les premiers militants, ceux et celles à l'origine de la gay pride - entre autre - , n'étaient pas les gens respectables, mais des gens qui étaient dans un bar, à priori pour passer un bon moment, s'amuser - ce à quoi sert un bar - c'était des trans, des drag-queens, des butchs... aussi des gens racisé, mal vue par la société raciste, des gens qui étaient déjà visible, ceux dont certains disent aujourd'hui[1] qu'il nous donnent une mauvaise image. Des gens, qui, quelque part, n'avaient pratiquement pas le choix, car déjà visible. Donc, si je transpose au contexte actuel, c'est pas grave de "donner une mauvaise image" des polys, ça empêche pas d'avancer sur ces sujets, et au moins, ça sera une première représentation, qui pourra aider ceux qui se reconnaissent plus dans ce genre de relation que dans les relations plus traditionnelles. Plus tard, d'autres images pourront être données.

Une autre personne de la discussion a répondu, pour longuement expliquer[2] que, non, la marche des fiertés, c'est pas un lieu pour drag-queens et pour s'amuser, c'est une manifestations et qu'elle se bat contre cette image qui empêche que la marche soit prise au sérieux.


Et ça m'énerve, car, factuellement, à part ma bonne foi, j'ai rien pour argumenter du fait que je dis pas de bêtise. J'ai pas de document historique ou d'article à lui faire lire en pleine discussion. Et ça m'attriste qu'elle rejette le problème sur ces gens "non respectable" au lieu de l'attribuer aux LGBTphobes.

Parce que, de toute façon, si c'était pas "eux" qui étaient les plus extravagants, ben... ça finirait par être "nous" les plus extravagants, et qu'on se prendrait les remarques que "ils" se prennent, parce que les intolérants seront toujours là et que ils vont pas "nous" dire "Ok, c'est bon, vous êtes un peu marginaux, mais vous, ça va". Or aujourd'hui "nous" pouvons aussi entendre "Eux, je les aime pas, mais toi, ça va, t'es pas comme eux". Ce qui fait que, paradoxalement, ces "eux" nous protègent, ils font paratonnerre, c'est parce qu'ils sont là que les intolérants ne déversent pas toutes leur haine contre "nous".

Je met des guillemets, car c'est pas clair qui sont "eux" et qui sont "nous". Par exemple, si je parle d'homosexualité, alors "eux", c'est les gays efféminé, maniéré... mais vu que dans la rue on me dit parfois "madame" depuis que j'ai les cheveux long, je ne sais pas définir est "nous". Mais pour donner l'exemple du jour où ça m'a marqué. J'étais allé au cirque, habillé plus bizarrement que d'habitude; j'avais décidé de mettre un sarouel[3], une chemise "médiévale" (qui ressemble au costume de Link, fermé par des lanières), et un tout petit chapeau de quelques centimètres de diamètre, avec une voile, acheté à geekopolis. J'étais avant passé chez mes parents; et ma mère dit que ce qui la gène, c'est le voile du chapeau. Or, honnêtement, même si c'est le voile le plus visible, je ne crois pas une seule seconde que s'il n'était pas là, elle n'aurait pas critiqué ce chapeau (qui est inutile, même si je le trouve joli), ou refait la critique qu'elle avait déjà sorti sur le sarouel. Encore une fois, c'est illusoire de penser qu'il suffit de faire comprendre aux plus visible d'arrêter d'être visible, puisqu'il y aura toujours un "plus visible", et que si le plus visible actuel disparaît, ça veut juste dire que ça sera son tour.


Et ce qui est dommage, avec ce film Stonewall; tout comme avec le film sur Harvey Milk avant, c'est que ça va donner une vision si parcellaire[4], voir déformé, que ça complexifiera encore la tâche de ceux qui ne veulent pas être "respectable" et qui continueront de se faire critiquer par ceux qui obtiennent des droits grâce à eux. En effet, ça donnera un argument à cette femme, qui m'a longtemps expliqué que je n'avais rien compris, puisqu'elle pourra naturellement me dire de voir ce film.

Notes

[1] J'ai écrit "certain", troisième personne, car moi je le disais hier. Désolay.

[2] Elle explique longuement. J'ai quand même eu le droit à 5 minutes d'explication de la part de cette personne, qui est prof, et qui tenait à me dire ce qu'était une intervention en milieu scolaire, car elle en a vu une, et que, eux, c'est des bénévoles !

[3] mauvaise idée pour les acrobaties, je l'ai appris ce jour là.

[4] sans vouloir remettre en cause l'oeuvre de Milk, d'autres activistes mériteraient un film et un intérêt comparable à celui qu'il a eu. Un film mainstream et pas réservé aux cinéclub et aux festivaux militants.

Commentaires

1. Le vendredi 3 juillet 2015, 12:38 par Typhon

Pour moi Stonewall c'est un général sudiste.

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