Ce que représent(ait) ma bibliothèque

Disclaimer: j'ai écrit ce billet l'été 2017. Mon avis à un peu changé. Je publie ce billet pour pouvoir le lié dans un billet plus récent qui arrivera plus tard.

Au moment du déménagement, la question de la pertinence de garder ses livres est lourde de sens. Je me souviens avoir lu, sur twitter, quelqu'un qui regrettait qu'avec les liseuses, les gens ne peuvent plus regarder notre bibliothèque. Quelqu'un lui répond que, comme ça, les livres servent à être lu, et pas de marqueurs social. Ça m'a vraiment questionné. Voici donc ce que représente ma bibliothèque pour moi.

Déjà, ma bibliothèque est une partie importante de mon identités. J'ai toujours un livre sur moi. Même si ce livre est maintenant sur mon téléphone, je suis souvent en train de lire[1]. Déjà, parce que j'avais pas d'amis à l'école, donc si je lisais pas à la récré je faisais rien. Aussi parce que j'ai toujours vu mes parents lire. Et puis parce que je suis extrêmement curieux, et j'ai envie de savoir ce que ces livres ont à raconté. Qu'est-ce qu'ils vont me faire découvrir du monde, que ce soit le mien, celui de l'auteur, ou un monde imaginaire. Donc, cette bibliothèque est un fétiche représentant ma curiosité partiellement assouvie.

Quand quelqu'un vient chez moi, j'ai tendance à trouver très bon signe qu'il/elle regarde ma bibliothèque; moi-même, je serai incapable d'aller chez quelqu'un, dans une pièce avec une bibliothèque, et de ne pas tenter de lire tous les titres - ou au moins le style des livres. C'est, je pense, un des meilleurs moyens de se connaître qu'on ait. Bien plus que les descriptions de réseau sociaux ou site de rencontre, puisque on voit ce qui intéresse assez l'autre pour qu'il y mette des sous - et du temps (ou au moins, il compte y mettre du temps). Bien sûr, il est envisageable que quelqu'un achète ces livres juste pour faire bien, sachant que ça influera le jugement de ses invités. Après tout, il existe des libraires vendant du livre au mètre comme objet de décoration. Et j'ai déjà lu des commentaires sur le choix des livres qui apparaissent sur les photos officielles de certaines personnalités. Je doute fortement que ça soit le cas des gens chez qui je vais.

Mais, le plus important dans cette histoire, c'est que des livres se prêtent. Si quelqu'un vient chez moi, et que nous ayons un intérêt en commun, il est totalement crédible que je prête à cette personne mon livre. Ou que je note le titre pour l'acheter et le lire plus tard. Je crains vraiment que, si je me débarrassais des livres physique, c'est ce qui me manquerait le plus. Bien sûr, je pourrai dire à telle personne, «tiens, je te conseille ce livre» ou «tu me conseille quoi comme livre», mais ça ne me semble pas naturel à faire, ça nécessiterait une démarche active, choisir à qui demander, dire quel sujet nous intéresse. Alors que là, c'est une démarche passive, où on a rien besoin de planifier en avance. Comme quand on invite plusieurs amis, on invite tout un tas de monde, et on espère que chacun-e s'entendra au moins bien avec une personne et passera un bon moment. Les rencontres finales pouvant d'ailleurs êtres différentes des rencontres qu'on aurait prédites. En tout cas, c'est beaucoup plus simple à faire que de devoir planifier en avance et se dire «tiens, A devrait vraiment rencontrer B».

Hypocrisie

Et pourtant, maintenant que j'écris ce dernier paragraphe, je me rend compte de l'hypocrisie de la chose. Pour deux raisons. D'abord, je me fiche du prêt. Il n'est jamais arrivé que la valeur du livre prêté soit supérieur à ce que je suis prêt à faire pour procédé au prêt et à la récupération du livre. J'ai quelques amis, dans d'autres villes, qui ont des livres à moi. Si je tenais à avoir le livre dans la bibliothèque, je pense qu'il serait bien plus rentable pour nous que je le rachète - qu'importe qui le paye - plutôt que de le poster où faire un détour la prochaine fois que l'un-e d'entre nous est dans la ville de l'autre. Les livres que j'ai, que je prête, ont souvent une valeur financière que j'ai le privilège de pouvoir considérer comme négligeable, d'autant que j'achète presque uniquement d'occasion.

Ensuite, parce je n'ai pas vraiment de raison de supposer que la bibliothèque de mes potes, ou que ma bibliothèque, soit un lieu pertinent pour découvrir un livre tellement bon qu'il vaille la peine d'être le prochain livre à lire parmi tous les bons livre qui existent. Disons que je découvre un livre sur le processus de création de jeux vidéo - un sujet passionnant même si on ne compte pas en créer soit même - ce n'est pas parce que mon pote a lu et aimé ce livre que c'est forcément LE livre que je dois lire. Il y a peut-être de biens meilleurs livre sur le sujet, alors que lui n'en a lu qu'un. Si je décide de m'intéresser assez à ce sujet pour passer quelques heures à lire un livre à ce sujet, je peux bien passer quelques dizaines de minutes via des moteurs de recherche pour voir quel livre est conseillé à ce sujet, et lire les critiques de ce livre. Et optimiser ainsi les heures que je passerai à lire le livre sur ce sujet.

Bien sûr, refuser les conseils d'une personne unique pour lires des compilations de critiques pose trois problème. D'abord, concernant les romans, il y a un avantage considérable à avoir lu le même livre qu'un ami. Cela permet d'échanger sur le livre - mais c'est quelque chose qu'en pratique je fais très rarement, donc c'est pas trop un problème pour moi. Ensuite, ne pas demander de conseil exclut de la recherche les livres géniaux qui sont inconnus. Quand je fais confiance aux commentaires sur amazon, ça suppose que le livre soit assez connu pour que des gens aient commenté - sans que ça soit le pote de l'auteur. De même, ça exclut de ma recherche les livres trop neufs, qui n'ont pas encore d'avis en ligne. Mais c'est un risque que je suis prêt à prendre, parce que la probabilité que le dernier livre soit vraiment meilleur que tous les autres sur un sujet est faible[2].

Le dernier problème serait que j'échoue dans ma recherche sur internet. Par exemple, quand je cherche le meilleur livre sur la création de jeu vidéo, il y des centaines de livres, et des livres sur des sujets très spécifiques - par exemple des livres sur le sound design, d'autres sur la créations des personnages, d'autres sur le rendu graphique, d'autres sur le style graphique, etc... si bien qu'à la fin, je ne sais plus quoi lire. Finalement, avoir un choix bon mais non optimale aurait pu être un gain de temps

Prêt d'ebook

Notons que des services comme kindle ont un système de prêt. Mais ça force l'autre à lire le bouquin vite, puisque le prêt ne dure pas longtemps - comme à la bibliothèque. Le problème reste cependant que je n'envisage pas de dire à quelqu'un venant chez moi de regarder le contenu de mon kindle. Ne serait-ce que parce ça n'a pas de sens de lui proposer spécialement quand l'ami-e vient chez moi. Après tout, la liste des livres électroniques peut se montrer n'importe où, voir carrément s'envoyer par email.

Ce qui pose la question subsidiaire: comment rendre une liste de livre aussi simple à lire que quand on regarde les titres des couvertures de livre.

Cause de cette reflexion.

À la réflexion, vu toute la place que prennent les livres, par rapport au volume d'un studio, la question de garder ses livres est importante aussi. Je me suis rendu compte que c'était peut-être ridicule un jour précis. En 2014, j'ai quitté mon petit studio pour un plus grand studio. Dans celui ci, j'avais la place pour tous mes livres. Je les ai donc récupéré de la cave de mes parents. Et, la place gagné dans la cave a été immédiatement utilisé par mon père, qui y a rangé les livres que lui même avait laissé chez ses parents à lui. Cependant, s'il n'avait pas touché à ces livres pendant 3 décennies, il est possible qu'il ne soit pas nécessaire de les garder, peut-être qu'il n'y retouchera jamais[3]. Et peut-être que je fais la même erreur, de garder et déménager ces livres inutilement.

Notes

[1] Bon, en vrai, je suis surtout en train de faire du anki sur mon téléphone. Mais comme les cartes viennent de mes lectures, j'estime que ça compte.

[2] Ça veut dire que mon algorithme ne doit pas être universel, car ces livres ne seraient alors jamais commenté. Par chance, mon blog n'est pas influent, donc pas de risque que vous donner mon algorithme change quoi que ce soit à l'état des choses.

[3] Je le suppose car il n'a toujours pas ouvert les cartons de livres

Commentaires

1. Le dimanche 11 novembre 2018, 11:48 par Athreeren

Je suis plus heureux quand je suis entouré de mes livres, et personne ne vient ma chambre : mes livres n’ont donc pas de fonction sociale (en tant qu’objets, je parle des livres que j’ai lus avec mes amis, mais la conversation serait la même si je les avais lus sur une liseuse), et je ne les apprécie pas seulement parce que je peux les lire. Il y a des livres que j’ai lus plusieurs années après les avoir achetés, il n’est donc pas impossible que je finisse par lire des livres qui sont restés inutilisés dans ma bibliothèque pendant longtemps, mais il est vrai que la plupart de mes livres ont la même fonction que des tableaux : ce sont des supports de souvenirs.

Quand j’ai déménagé au Royaume Uni, j’ai dû décider quels livres garder et lesquels stocker chez mes parents (j’ai hâte de m’installer définitivement quelque part pour enfin avoir ma bibliothèque entière réunie en un endroit accessible). Mon choix a été : les livres que je n’avais pas encore lus (sauf s’ils étaient trop gros et qu’il y avait peu de chances que je les lise) ; les livres que je pensais relire, ou juste parcourir, ou où chercher une information ; les livres que je comptais prêter aux amis que je me ferai ici (ce n’est finalement jamais arrivé).

Je suis sur le point de quitter le pays, et j’ai déjà déménagé la plupart de mes possessions. C’est la première fois de ma vie que je n’ai pas de livres autour de moi, et j’en souffre.

2. Le dimanche 11 novembre 2018, 14:12 par Typhon

Je suis confronté exactement au même problème en ce moment et de multiples façons. Les livres sont sans doute ce que j'ai de plus volumineux et lourd à déménager et je n'arrive pas à envisager de m'en séparer. Beaucoup de ces livres ont une valeur sentimentale (par exemple, on mes les a offerts à Noël). Il y en a une bonne part que je n'ai pas encore lu.

Et je viens d'une famille de gros lecteurs, ce qui signifie qu'en me confrontant à ce problème, je me confronte aussi au fait que mes parents ont chacun le même problème en pire.

Vais-je jamais avoir le temps de lire les milliers de livres de mon père et de ma mère ?

Paul Graham a aussi écrit là-dessus http://www.paulgraham.com/stuff.htm...

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