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dimanche 2 juin 2013

Mais c'est quoi ces lycées ?

Bonsoir, est-ce qu'il y a un homophobe dans la salle ?

Ça le fait comme début de sketch ? aujourd'hui je t'offre un petit résumé de ce qui s'est passé depuis le dernier épisode.

Le Mag s'est mis à citer des "perles d'élèves" sur ça page facebook. Si tu n'es pas amis avec le mag tu ne peux pas les voir, désolé pour toi. MAG, c'est Mouvement d'Affirmation Gay. En dehors de toute question de sexisme, je regrette que ça ne soit pas le mouvement d'affirmation lesbien. J'aimerai dire aux élèves "Bonjour, on représente le mal[1]".

CherryCoke s'est aussi mis à twitter des morceaux d'IMS. Et elle au moins utilise le même hashtag - pardon, mot-dièse - que moi. Je suis contagieux !

Et puis Nicole Ferroni en a un peu parlé, j'ai eu le droit à deux #ff [2] de sa part. Si vous ne la connaissez pas, Nicole Ferroni est une humoriste, et on lui doit une chronique géniale sur l'homo/arachnophobie où elle décrit en fait quelque chose qui ressemble à nos IMS.

Humoristiquement, j'adore son monde déjanté ! Mais je ne peux m'empêcher de me demander: je dois le prendre comment qu'une humoriste que j'admire me fasse un #ff pour autre chose que pour mon humour ? Ou alors, ça confirme ce que je pensais déjà, il faut que je prenne tout ça et en fasse un stand-up. D'où la question de début de billet.

Allez, on attaque les citations d'élèves.


Je commence par la citation qui m'a probablement le plus révolté: "Pourquoi vous aimez pas les femme ? Non mais allô quoi les homos réveillez-vous ! 2013 quoi !". Plus sérieusement j'ai eu "Comment comptez vous perpétuer l'espèce humaine dans sa vraie nature, c'est à dire un père et une mère et pas 2 pères ou 2 mères." mais heureusement aussi "pourquoi faut-il un débat alors qu'il ne s'agit que de gens qui s'aiment ?"

J'ai envie de faire une conjecture: le nombre de non-hétéro dans un lycée qui s'assument ne suit pas un processus de Poisson. J'ai vu au total 3 lycée où cet événement s'est produit. Un lycée où dans une classe très homophobe, une fille écrit "je suis bi, chut" sur le questionnaire après débat. Un collège où un jeune me demande si je n'ai jamais voulu essayer avec une fille - et quand l'autre intervenante lui demande s'il n'a jamais voulu essayer avec un garçon, il répond que si - et à la question de sa voisine, il a confirmé qu'il était bi[3]. Dans ce collège, j'ai aussi une bie le marquer sur le questionnaire[4] après débat, et une fille nous questionner sur le mag après le débat. Et enfin, mon dernier lycée avec un(e) trans (ancienne élève, et je ne sais pas quel est son genre), deux gays qui s'affirment dans deux classes différentes, 2 personnes qui se marquent "bi" sur le papier, une en personne après le débat, et une fille élevé par deux mères. Et malgré tout ça, on avait de vrais morceaux d'homophobie dans ces classes, ça m'a étonné, du style "mais si vous aimez les hommes, c'est que vous êtes une femme en fait".

On demande aux élèves s'ils savent ce que portaient les homosexuels sous le régime nazi. L'un propose "Un arc-en-ciel ?", c'est pas drôle, mais presque.

Tiens, encore des citations de questionnaires: "ça n'a rien changé, hétéro et fier de l'être", "aucun avis sur le débat car j'ai trois amis gay" (et comme répond CherryCoke: "Et moi j'ai 1 chat du coup j'ai aucun avis sur le végétarisme"), "je suis pour l'homosexualité" (je sais pas ce que ça veut dire en fait, mais ça semble bien :) ), et "je n'ai pas d'avis car c'est une abomination" (heureusement que l'élève n'a pas d'avis) "Je suis croyante, donc je ne juge personne"

On a des génies en biologie: En France, vous savez qui peut bénéficier de la PMA ?
Réponse d'un élève: uniquement les femmes.

Une élèves nous demande s'il y a aussi des homosexuels vieux. Ça me travaille, j'aimerai comprendre la logique de la question. Je vois trois possibilités et aucune ne me plaise:

  • les homosexuels meurent jeune
  • l'homosexualité est un phénomène récent
  • c'est un passage et on devient hétéro en vieillissant.

Je me moque, mais le pire c'est les questions pertinentes qu'on reçoit. On n'est pas préparé à y répondre. Par exemple, une élève a demandé s'il y a des animaux homo, on a dit que oui, elle a demandé s'il y avait aussi des animaux homophobe - et ça honnêtement je n'en sais rien. Un élève demande "comment on fait pour draguer un homme", et ça pour être honnête, je ne sais pas vraiment non plus. Et puis un en collège nous a dit qu'on devrait parler du coming-out à l'adolescence; il a totalement raison, mais je ne serai pas non plus quoi en dire.

Le dernier lycée était très geek; je l'ai d'abord vu grâce à une trousse Tardis. Et puis parce qu'un élève nous a demandé si les "trans" on parlait de transformer. Le même a d'ailleurs trouvé que "goudou"[5], ça fait nom de pokémon. Et je trouve qu'il a bien raison, même si je lui dois un fou-rire en intervention, ce qui ne fait pas sérieux ! Mais surtout, quand on leur a demandé les orientations sexuelles qu'ils connaissent on a eu "homo, bi, hétéro, extra", et dans la classe suivante quand on a listé les genres qu'ils connaissent, on a eu "masculin, féminin, extraterrestre".

-moi:Selon vous, est-ce qu'on peut reconnaître un homosexuel rien qu'en le voyant ?
-une élève: Oui, si ils s'embrassent. (C'est pas faux)

-moi:comment vous définissez l'homophobie
-un élève : être un bâtard. (ça m'a fait mal au coeur de le corriger)

Quand on parle de l'homophobie, on fait la comparaison avec le racisme, la xénophobie, le sexisme... et on demande aux élèves de nous lister les discriminations qu'ils connaissent. Pour la première fois j'ai eu "misanthropie".

-Moi: comment vous réagissez si un ami vous disait qu'il est homo
-Un élève: Je ferai une blague.
-Moi: Pourquoi ?
-L'élève: Pour le mettre à l'aise.
Moi, je finis par oublier que c'est dur de faire son coming-out au début. Il a bien fait de me le rappeler, me rappeler que ça peut faire stresser. Et ça fait vraiment plaisir de voir que certains y pensent et veulent bien réagir et aider :) !

Je finis par une perle d'une autre intervenante, qui a voulu expliquer la différence entre "sexe" et "genre". "Le genre, c'est le sexe qu'on a dans la tête". Ça ne m'a pas surpris que la classe ait rit !

Notes

[1] Heureusement, le nom complet se rattrape avec "Mag jeunes LGBT", mais quand on expense, ça donne "Mouvement d'Affirmation Gay jeunes Lesbienne, Gay, Bi, Trans"

[2] follow friday, la coutume où l'on dit à ses suiveurs qu'il faut suivre quelqu'un d'autre, en expliquant pourquoi il faut suivre cette personne

[3] Je trouve ça super mignon, à 13 ans, je savais même pas ce que mot voulait dire, et c'était cool de voir que personne ne réagissait

[4] le questionnaire demande ce qu'ils ont pensé de l'intervention et comment leur opinion a évolué, on ne demande par leur orientation, mais je suppose que parfois ça doit faire du bien de pouvoir l'écrire et le dire à quelqu'un

[5] on parle d'insulte homophobe pour les déconstruire, donc on leur demande de nous les citer

lundi 1 avril 2013

Intervention contre l'homophobie

Et encore un billet sur les interventions en lycée. Le dernier a même pas deux mois, mais comme j'en ai fait un certains nombre d'autres, j'ai de quoi raconter. J'ai juste peur d'être moins drôle que d'habitudes car les perles ne se renouvellent pas, et maintenant j'ai envie de partager aussi une partie du pire de ce que je vois.

Je commence avec le léger. On nous a demandé si le mag est le même que le "mag" des anges de la télé-réalité. Un autre élève croit m'avoir vu à la télé et m'a demandé si je n'ai pas fait The Voice. Et puis j'ai parlé de "code pénaux", on m'a appris qu'un élève a cru que c'était un code parlant de pénis.


Niveau biologie, j'ai eu beaucoup de surprise avec la notion de PMA. L'une demande s'il faut du sperme d'homme. Je n'ai pas osé demander par rapport à quel autre type de sperme (à moins que je fasse du cissentrisme et qu'elle pense au sperme que pourraient avoir certaines femmes transgenre, mais je doute).

Un autre demande si "médicalement assisté", c'est un médicament, s'il faut avaler quelque chose pour tomber enceinte.

Un troisième d'une classe différente demande si ça marche aussi pour que les gays tombent enceintes (sic).


Mais on n'a pas des discussion si construite partout. Dans l'une, on n'a pas progressé très loin, déjà car des élèves traitaient l'intervenante de menteuse quand elle disait qu'elle était lesbienne(moi je n'ai pas ce problème, il parait que ça se voit).

Dans une autre, une élève s'énerve et a les larmes aux yeux car on essaye de convertir sa classe à l'homosexualité. On explique bien sûr qu'on ne peut pas "convertir", qu'on ne la fera pas aimer les filles. Elle explique que, elle, non, elle n'aimera jamais les filles. Mais on pourrait peut être convertir des élèves plus influençable. Dans la même classe, sur le questionnaire après débat, je trouve un bon résumé de la discussion avec "Restez dans votre coin comme vous l'avez toujours fait n'essayé pas de changé le "monde" vous n'ête que des "homos" !!! ". Et le pire, c'est qu'elle pensera peut-être qu'on a converti quelqu'un, car un autre questionnaire contient "je suis lesbienne, chut"

Pour finir par le pire que j'ai eu, vendredi dernier:
Moi: "Être homo, c'est puni de peine de mort dans 7 pays".
Un lycéen: "Normal"
Moi: "Donc ça serait normal qu'on me guillotine car j'ai été avec un homme?"
Lui: "Normal"
Je ne comprend pas toute la suite du raisonnement, puis il nous parle des fours nazis. Mon tout premier point godwin ! (Mais à part ça, l'élève était très sympathique)

Dans la même classe, un élève a une argumentation imaginative pour défendre l'homophobie, en reprenant mes arguments pour défendre l'homosexualité. Il m'explique qu'on ne choisit pas d'être homophobe, j'explique qu'on choisit de proférer ou non des insultes, il m'explique que c'est comme l'homosexualité, on peut choisir ou pas de l'assumer, et que comme moi, il assume.

 

Je me répète, tout ça, c'était le pire de ce que je voyais. Il y a des classes où je ne vois (pratiquement) aucune homophobie. Mais c'est comme les trains qui arrivent à l'heure, on ne peut pas en parler. Quoi que... on a aussi des élèves qui sont content de cette IMS, et pas seulement car on leur fait sauter deux heures de cours.

On propose à une classe de compter le nombre de "pd" qu'ils entendent dans la journée au lycée. Un élève dit qu'il ne sait pas compter jusque là. Et dans certaines classes on avance vraiment.

Un élève dit qu'être homo c'est pas normal, on cherche à obtenir une définition de "normal", on obtient "majoritaire", et une fois reformulé en "les homo, ce n'est pas majoritaire", le problème semble avoir disparu. L'élève était même suffisamment cohérent - ce qui est rare - pour dire que comme il est gaucher, il n'est pas normal.

Et enfin, certains sont totalement à côté de la plaque. Sur le questionnaire, "quel est votre avis sur l'homosexualité" on a eu un "ça ne m’intéresse pas de le faire". Et un autre (ou le même d'ailleurs, le questionnaire est anonyme), nous avait expliqué que si un copain lui disait qu'il était homo, il s'éloignerait. Car si le copain le drague et qu'il le rejette, on pensera peut-être que ce rejet serait pris pour de l'homophobie[1].


Quand j'y pense, je trouve le principe des IMS assez magique. Pouvoir parler pendant deux heures à des homophobes. Alors que quand j'en croise dans la rue, ce n'est pas pareil du tout. Ce week-end, dans le métro, j'ai croisé un jeune homme, plutôt joli hélas, avec un pull "manif pour tous" (i.e. la manif contre le mariage pour tous), donc a priori homophobe. Je me suis contenté de le regarder et sourire, je crois que je l'ai mis mal à l'aise, ça ne lutte pas contre l'homophobie, c'est mesquin, mais c'est bien drôle. (Et ceux qui me connaissent savent que draguer des hétéros, c'est une seconde nature chez moi)

Note

[1] Je ne vous dit pas mon nombre d'ami hétéro et homophobe alors !

samedi 23 février 2013

Statistique et homophobie

Durant les interventions en milieu scolaire sur l'homosexualité, j'entend souvent "il y a de plus en plus d'homo". Ce qui est assez marrant dans la bouche d'un gamin de 15 ans qui n'a aucun moyen de constater cette augmentation par lui-même. On a souvent aussi un élève qui répond "non, c'est juste qu'ils s'assument plus"[1]. Et s'ils ne le disent pas, nous le disons.

Un cas particulier de cet argument est:
-Si l'on permet aux enfants d'être élevé dans un couple homosexuel, ça va l'influencer et il aura plus de chance d'être homosexuel[2].
-J'ai été élevé par deux parents de sexe différent. Pourtant je suis homo, donc à priori je n'ai pas été influencé pour ça.
-Ils ne le seront pas tous, mais peut-être que 90% le seront.
-La remarque est tout à fait pertinente, ça serait peut-être possible. Mais non. Ces couples existent déjà, on a pu faire des études, et il y a le même pourcentage d'homosexuels chez leurs enfants. Par contre, il y a moins d'homophobes. Mais même si la probabilité d'être homosexuel augmente en étant élevé par des parents homosexuels, pourquoi est-ce que ça serait un problème ?
-Si tout le monde devient homosexuel, c'est la fin de l'humanité

Là, on répond bien sûr qu'être homo ne signifie pas être stérile, et qu'avoir des rapports homos n'interdit pas d'en avoir des hétéros, les bis existent. Mais surtout, je vous livre ici la vraie réponse que j'ai envie de leur faire.

Si un enfant à 90% de chance d'avoir l'orientation sexuelle de ces parents, soit p la proportion d'homo a une génération[3] alors à la génération suivante la proportion est de p*0.9 +(1-p)*0.1=0.1+p*0.8. Le seul point fixe de cette équation est 0.5, donc même si tu as raisons, il n'y aura pas plus de 50% d'homosexuels. En supposant qu'à notre génération il y ait 10% d'homosexuels (ce qui est la statistique la plus généreuse que je connaisse) alors dans les prochaines générations il y aura 18, 24.4, 29.5, 33.6, 36.8, 39.5, 41.6, 43.3, 44.6, 45.7, autrement il faudrait de toute façon au minimum 10 générations pour dépasser les 45% d'homosexuels. Autrement dit, on a le temps de voir venir !

Notes

[1] Systématiquement à la troisième personne. Je me demande d'ailleurs comment faire si un lycéen s'assume homo dans la classe, ça ne m'est encore jamais arrivé

[2] au passage, j'adore que le lycéen emploie le mot "chance" ici !

[3] pour simplifier le calcul on suppose qu'il n'y a pas de bis, qu'un enfant a exactement deux parents et que le nombre d'enfant est indépendant du type de couple.

samedi 2 février 2013

Lutte contre l'homophobie, 2

Suite du premier billet. J'ai continué à faire des interventions en lycée avec le Mag et j'ai donc d'autres anecdotes à partager.

-Intervenant: un garçon homo c'est un garçon qui aime les garçon. Une fille homo c'est quoi?
-une fille qui aime les garçons?

-Il y a les homos, les hetero et les?
-zoophiles
Je sais, je l'avais déjà sorti dans le dernier billet, mais là c'est aller plus loin. Un élève ne savait pas ce que signifie "zoophile", avant qu'on ait le temps de réagir un autre élève lui explique. Et forcément, le premier a été très surpris. Mais poussé par une curiosité légitime il nous a demandé si ça marchait aussi avec les fruits et légumes.

Il faut savoir que l'on explique qu'on ne peut pas mettre homosexualité sur le même plan que la zoo/pédophilie car on parle de consentement, ce qu'un animal ou un enfant ne peut pas valablement donner. Lélève nous a donc tout naturellement posé des questions sur le consentement des carottes. Et pour la première fois, je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire avec le reste de la classe.

-Mais puisqu'on n'a pas le droit de coucher avant le mariage, comment vous faites ?

-Il y a l'homophobie, l'handiphobie, la transphobie, l'islamophobie, et... ?
-l'arachnophobie
-non. Enfin, oui mais non... sauf à la limite si tu discrimines Spiderman[1].

On en profite pour signaler que les actes homophobes que l'on dénonce peuvent s'appliquer aux autres discriminations. Il n'y a pas une discrimination moins grave qu'une autre, d'ailleurs légalement, elles sont toutes punies de la même façon. Cependant elles ne sont pas toutes identiques dans leur effet, par exemple il y a plus de famille qui rejettent leurs enfants car il est homo/trans qu'à cause de sa couleur de peau.

Un autre point qui relie toutes ces discriminations: les clichés. Quand on parle de couple gay, souvent on nous demande qui fait la femme. J'emprunte ma réponse à Jéromeuh: dans une paire de baguette, qui fait le couteau.

Quand quelqu'un nous parle du rôle du père et de la mère, on leur demande systématiquement de préciser ce qu'ils entendent par là. On essaye de faire une liste avec le rôle du père et de la mère. Et à chaque fois, les élèves réagissent car pour certians, leurs parents ne sont pas comme ça, ce qui nous permet de dire qu'il n'y a pas de vrai rôle défini pour chacun. Ce qui nous a valu la question étonnante:
-Mais dans un couple gay, est-ce qu'il y a forcément un homme qui fait la cuisine ?
(Je souhaite au garçon qui a posé la question de ne jamais vivre seul, il va avoir du mal à se nourrir)

Si on parle de cliché, une remarque classique est "ça se voit qu'il est gay", donc on demande s'ils croient savoir l'orientation sexuel des 2 intervenants. Forcément, des petits malins nous répondent que si on était pas homo, on ne serait pas là. Personnellement, ça me permet de jauger à quel point tel ou tel habit fait gay. En général on me prend plus pour un hétéro si je viens pas rasé en t-shirt que si je viens glabre en chemise.


Et si vous vous demandez à quoi servent ces interventions - et quand le réveil sonne à 6 heures du matin je me pose la question - cet article explique bien ce qu'on combat. Cependant, les interventions n'ont aucun rapport avec le débat sur le mariage pour tous, puisque cela fait au moins 9 ans que le mag fait des IMS, et qu'on devra probablement encore continué plusieurs années.

D'ailleurs, je partage assez le point de vue d'Ad Virgilium, même s'il n'est pas agréable à entendre, en démocratie, heureusement qu'il y a débat. Le plus gros problème que ça m'a posé en IMS, c'est surtout comment répondre à une élève qui me demande
-Monsieur, pourquoi il y a des homophobes. Pourquoi des gens sont opposés au mariage gay ?

P.S.: Si toi aussi tu penses que les IMS, c'est utile, et t'as envie de lutter contre l'homophobie auprès des jeunes, contacte le mag, ou sos homophobie, ou une association lgbt locale, et bouge toi. Le mag couvre grosso modo l'île-de-France, c'est gros, on est quelques dizaines, et même si on n'intervient pas dans autant de lycée qu'on voudrait, on est déjà trop peu nombreux à nous relayer, alors s'il te plait, viens. Et si ça t'effraye, rassure-toi, tu ne seras pas lâché tout seul devant une classe, tu es formé théoriquement, puis tu observes devant les classes comment les autres font pour gérer et parler à la classe, et enfin tu le fais en duo avec un intervenant expérimenté. Et ça m'attriste, mais c'est beaucoup plus que ma formation de chargé de td à l'université.


suite

Note

[1] Un garçon m'a un jour précisé que c'est pas possible car Spiderman n'existe pas

vendredi 18 mai 2012

Lutte contre l'homophobie

En ce lendemain de journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie, après la lecture de ces magnifiques planches, j'ai envie de te raconter quelques anecdotes vécues durant mes interventions(IMS) avec le Mag, mouvement d'affirmation des jeunes gais lesbiennes bi et trans.

En gros, je vais avec une fille dans une classes de lycée pour parler d'homophobie, d'homosexualité, de sexisme et de transexualité.

Mon but c'est d'établir une discussion et de les faire réfléchir. On commence par se mettre d'accord sur les termes.

"Un homosexuel, c'est un garçon qui aime les garçons. Donc une homosexuelle c'est ... ?
-Monsieur, moi je sais. C'est une fille qui aime les garçons !"

"C'est quoi un "coming-out" ?
-C'est quand un hétéro dit qu'il aime les garçons"

"Il y a l'homosexualité, l'hétérosexualité et là ?
-Zoophilie"
Un copain à l'humour noir m'a répondu que c'est dommage à leurs ages qu'ils ne connaissent pas la pédophilie en plus.

Ensuite, on alterne entre les remarques factuelles:

"Quelqu'un peut nous donner des différences entre le pacs et le mariage ?
-Avec le pacs, on ne peut pas divorcer"[1].

-On ne se pacse pas à la mairie, quelqu'un sait où l'on se pacse ?
-- À l'église ?"

et les questions plus personnelles. Par exemple, comment ils réagiraient si leur meilleur ami leur disait qu'il était homo. Les réponses vont en général de: "je lui demande s'il rigole" à "ça ne me dérange pas", en passant par "Ok. mais je ne veux pas sortir avec toi". (En général, quand quelqu'un me sort la dernière réponse, c'est même pas un beau gosse en plus !)

En fait, on espère aussi que s'il y a des homos dans la classe, ça les aidera, plus tard, à s'assumer et ne pas le cacher. C'est encore souvent un sujet tabou, alors ça peut faire du bien d'en entendre parler. Après, comme on le dit parfois, on n'est pas là pour les "convertir", d'ailleurs on ne sait pas rendre quelqu'un homo (quoi que ça ne m'a jamais empêcher d'essayer[2]).


Enfin, on leur demande s'il reste des questions, et on y répond. Par exemple:

"Mais madame, votre copine aussi est lesbienne ?"

Pour conclure, j'avoue que je ne sais pas à quel point on aide vraiment à combattre l'homophobie. Mais nous, ça nous permet de combattre l'homophobephobie, c'est déjà un pas pour qu'on se comprenne.

suite, resuite mais pas fin.

Notes

[1] Formellement, c'est vrai, mais il semble qu'il voulait dire qu'on ne pouvait pas le rompre. Vraiment très homophobe ce type, être forcé d'être en couple pour la vie !

[2] ça je le pense très fort, mais je préfère éviter de le dire

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