Shades of A, Place des cordes et Asexuel/Agenre/Kinky

Voilà trois sujets reliés, les uns servants d'illustrations aux autres.

Shades of A est un roman graphique (je sais toujours pas en quoi ça diffère d'une bd), de Tab Kimpton, auteur de Khaos Komix. C'est parti comme une parodie de 50 Shades of Grey, mais avec un monde plus réaliste et sans les problèmes qui rendent le roman inacceptable dans le cas d'une vraie relation BDSM. D'ailleurs, cette bd est à peu près «safe for work», beaucoup de sujet sexuels sont évoqués, mais ne sont jamais montrés.

Tab m'a donné l'autorisation de traduire cette bd, d'ailleurs, j'ai déjà les pages, j’attends des retours de relecteurs. Tu peux me contacter à arthur@milchior.fr[1] si tu veux relire. En particulier, j'aimerai l'avis de personne asexuel/genderqueer[2] ou kinky, puisque c'est des sujets centraux de cette histoire, et que la manière de s'adresser à un-e genderqueer est un sujet abordé, complexe à traduire correctement.

J'aimerai bien, dans l'idéal, que ça sorte tant que le film est au ciné, ça pourrait aider à communiquer dessus.

Je ne peux pas parler de mon expérience genderqueer/asexuel, puisque je ne le suis pas. Il n'empêche que j'ai des amis qui le sont, et vu les préjugés à ces sujets, les moqueries, ça me semble important d'en parler. Aussi de dire à ces gens, lecteurs potentiels: vous n'êtes pas seul, voyez, y a des gens comme vous. Voir à des gens qui ne connaissaient pas ces termes, mais s'y retrouveront et auront alors une épiphanie.

Par contre, un sujet récurrent de l'histoire sur lequel je peux témoigner, c'est un «Kink club», un lieu privé où des gens peuvent pratiquer des pratiques ayant mauvaises réputation, donc un lieu que l'imaginaire - y compris le mien - rend effrayant. Sauf qu'en fait, c'est aussi un lieu où tu peux prendre un verre, et parler de la maladie de ton chien ou de Dr Who avec les potes que tu t'y fais. Personnellement, je n'ai pas de chien, mais j'aime bien Dr Who, et effectivement, il m'est déjà arrivé de parler de Dr Who dans un tel lieu, Place des Cordes.

Déjà, y a du thé à la menthe à volonté, donc c'est un lieu sympa. Y a des cordes, des gens qui attachent, et logiquement des gens qui se font attacher. Et en fait, c'est super relaxant, se laisser aller, avec la petite musique de fond de la salle et les gens qui ne parle pas fort. Et puis ça donne une bonne excuse pour câliné/être câliné, puisqu'il y a une proximité quand la main de l'attachant met bien la corde en place sur le corps de l'autre. Et puis y a des gens cools. Bon, ce dernier point est un avis très personnel, mais pour quelqu'un de bavard, c'est une bonne chose de pouvoir échanger sur des sujets qui ailleurs serait considéré comme gênant, et se donner des conseils. Puisqu'il y a une corrélation forte entre ceux qui aiment les cordes, et ceux qui aiment d'autres pratiques non conventionnels avec leurs partenaires.

Je ne sais pas si je décris bien le lieu, c'est pour ça que Shades of A est intéressant, on le voit, et ça dédiabolise ce genre d'établissement.

Ce qui amène à mon troisième point, pourquoi vouloir en parler. Ça, il a fallu qu'on me l'explique. En effet, si je sais très bien pourquoi je milite contre les LGBTphobies, contre la kinkophobie, ça me parait moins évident. Si tu changes de genre, ça se voit forcément, sauf à ne plus fréquenter tes contacts d'avant, et il faut l'aide de médecin, de chirurgiens, et même de l'état pour les papiers. Si tu veux avoir des enfant avec ton amoureux-se qui est de ton genre, si on veut vivre ensemble aux yeux de la loi, pour avoir la protection légale accordé aux époux, il fallait obtenir les droits égaux, il fallait lutter, expliquer et expliquer, pourquoi c'est important.

À priori, disons pour le bondage, je vois intuitivement moins bien de raison d'aller casser les préjugés. On est libre de le faire chez soi, ou Place des Cordes, ou ailleurs. Il n'y a rien à demander à personne à part à ses partenaires.

Sauf que, et je remercie l'ami qui me l'a expliqué. Je suis souvent au théâtre, et quand j'y suis, je peux pas être ailleurs. Mais je peux dire sans souci «désolé, je suis pas dispo, je vais voir telle pièce». On peut aussi détester mentir ou cacher des trucs, et avoir envie de dire, «je vais au kink club», ou «je vais place des cordes», et expliqué ainsi honnêtement pourquoi on n'est jamais dispo le dimanche soir.

Je rajouterai en plus que, une fois ces mystères détruits, ça poussera peut-être des gens curieux, où qui étaient peureux, à vouloir y aller. Donc ça augmentera le nombre de gens avec qui on peut jouer, et ça c'est cool.


Edit:

D'un autre coté, je peux comprendre que des gens soit mal à l'aise avec des notions. Pour la meme raison que je suis mal à l'aise à l'idée de manger des insectes. C'est culturel, je m'imagine à la place, c'est bête mais le cerveau marche comme ça, et j'en aurai pas forcément envie. La différence, c'est que j'irai pas insulter des gens qui mange des insecte. Alors qu'une doctorante en psychologie m'a récemment expliqué que les gens aimant le SM sont malades.

C'est donc une nuance sur laquelle je tiens à insister. Je dis que j'aimerai qu'on puisse dire qu'on va au kink club, je ne m'attend pas à ce qu'on dise en détail ce qu'on y fait, juste que ça passe facilement. De la meme façon que si je vous dit qu'il y a un homme que j'aime, je ne vous dirai pas ce qu'on fait ensemble au lit, et si vous vous imaginez des trucs, ça devient votre problème est plus le mien.

Sur ce sujet, j'ai une règle que je me suis donné, je n'irai pas parler de truc kinky avec des gens, sauf si je sais qu'ils aiment ça. Mais si les gens se mettent à commenter des pratiques, souvent d'un air dégoutté, j'estime avoir le droit de leur répondre. C'est des choses qui existent, quand on parle de choses que les gens font, que ça soit kinky, ou du diabolo[3], ça me semble naturel de se douter qu'il y a potentiellement des gens concernés. Donc c'est trop tard pour qu'ils me disent qu'ils veulent pas de détails. Si c'est quelque chose que je fais, ou que des amis font, et qu'ils jugent qu'il faut être taré pour le faire, alors c'est ils m'insultent moi ou un de mes amis. Et pour la meme raison que je laisse rarement passer une remarque homophobe, je me donne le droit de répondre à une remarque insultante sur le monde kinky.

Mais le but, à long terme, avec ces bds comme avec les ims, c'est que de toute façon, ça n'existe plus.

Et oui, je suis optimiste. :)

Notes

[1] Le corrcteur orthographique a voulu remplacer par archimillionnaire... Non

[2] Et là par Gendarmesque. Non plus

[3] J'ai entendu un humoriste se moquer de ceux qui font du Diabolo

Commentaires

1. Le mercredi 18 février 2015, 15:29 par Entremel

Merci de transmettre mes opinions ! J'en profite pour compléter : un autre petit truc que je te disais, c'est que ça peut être chiant (en tous cas, je trouve personnellement ça assez chiant) de se faire continuellement insulter par des gens à leur propre insu. Se faire expliquer que "Non mais pour aimer attacher des gens, faut vraiment être taré, ces gens là sont souvent des pervers, etc.", par des gens qui ne savent pas que tu es précisément visé par leurs insultes, c'es assez désagréable. Enfin je trouve. Et ça fait une raison de plus de lutter contre la kinkophobie.

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