Problème pour se mettre à la cuisine végétarienne

Niveau cuisine, je ne suis pas spécialement doué. Plus totalement débutant, mais clairement pas expert. D'abord, je vis dans un studio parisien, j'ai un coin «cuisine à l'américaine», et un tout petit plan de travail, la plupart du temps encombré par des machines (robot mixeur, machine à faire des bulles dans l'eau, Brita, bouilloire, théière). Ce qui fait que j'ai toujours peur de ne pas arriver à faire une nouvelle recette par manque de place ou de matériel. Par exemple, je n'ai pas de friteuse, ni de machine pour le riz, ni de machine à pain, et même si je pensais que ça valait le coup d'en acheter, je n'ai nulle part où les ranger. Enfin, pas sans jeter des trucs, et même si c'est inutile d'avoir plusieurs centaines de bouquins chez moi, et que je sais qu'il y en a que je ne relirai plus jamais, je n'ai pas l'envie de m'en débarrasser. Ne serait-ce que parce que je ne sais pas lesquels je ne relirai plus jamais.

En fait, il m'arrive souvent de passer plus de temps à chercher une nouvelle recette que je suis capable de faire dans ces conditions, que de temps à préparer la recette. Typiquement, au moment où j'écris ces lignes, ça fait déjà une heure que j'ai le nez dans un bouquin de cuisine. Par contre, une fois que j'ai fait une recette une fois, j'ai pas trop de problème pour la refaire, ça me rassure de faire ce que j'ai déjà fait. Comme en acrobatie, la 1ère fois est la plus dur, après je vois que même si j'ai peur, je ne tombe pas, et j'ose recommencer.

Pour l'anecdote, un soir, j'avais réussi à ramener chez moi un garçon qui me plaisait beaucoup depuis quelques semaines. J'avais préparé un pot au feu, histoire de lui faire un truc bon. Et il me rappelle au moment où je lui demande s'il veut dîner qu'il est végan....

Ayant pas mal d'ami végétarien, j'ai voulu tenter d'apprendre des recettes bonnes et végétarienne, voir véganes. Et c'est compliqué, mais je vais expliquer pourquoi, ce n'est pas la raison bateau habituelle qu'il faut des protéines, ou que la viande c'est bons, etc... Je fais déjà trop peu attention à mon alimentation, je vais pas prendre l'excuse des protéines sous prétexte que tout le monde la sort, alors que je ne suis même pas capable de dire si j'en mange trop, pas assez. Et de toute façon, ce n'est pas que je pense devenir végétarien - même si de fait ces derniers temps ma consommation de viande à nettement diminué - l'idée de base était juste que j'aimerai pouvoir aussi leur faire un bon plat s'ils viennent chez moi.

J'ai demandé à ces amis s'ils conseillaient un livre de recette, la réponse a été unanime, «veganomicon». Mais plusieurs d'entre eux ne l'avaient pas lu, ils en ont juste entendu beaucoup de bien. J'ai fait confiance, j'ai acheté sur amazon, et... non. Déjà, Veganomicon est en anglais, et comme j'en avais peur, déjà que je comprend pas la plupart des mots des recettes en français, en anglais c'est pire. Outre le fait que les noms de produit ne sont pas les mêmes, et qu'en plus, forcément, ce n'est pas des produits courant qu'on trouve par dizaines de version dans le franprix du coin.

Pas découragé, j'ai découvert un rayon cuisine végétarienne chez Gi(l)bert[1], j'ai donc acheté «Le manuel de cuisine alternative» et «Cuisine vegane pour carnivoire», qui, après un rapide coup d'œil, m'ont paru les plus sympathique. Après tout, de par le titre, le dernier est sensé s'adresser à moi.

Et je retrouve le même problème dans les trois ouvrages, une introduction longue qui explique pourquoi ce type de cuisine est important, intéressant[2], comment cuisiner divers types de légumes de manière à ne manquer de rien, ce qui faut mélanger ensemble pour avoir toute la protéine nécessaire, comment préparer tel aliment non traditionnel... Sauf que j'aimerai déjà ne serait-ce que faire un plat, bon et végé, pas qu'on m'explique comment je dois adapter ma vie, n'acheter que du bio local et de saison... Ou en tout cas, pas tout ça à la fois, ça fait trop d'un coup, et je suis rapidement perdu.

Je suis pas chimiste, je suis informathématicien, j'aime bien comprendre un ou deux grands concepts, pas une énorme liste de truc, avec chacun leurs propriétés, et ce que ça fait quand on les mélange. Donc quand le manuel de cuisine alternative se contente de dire pour l'étouffé de légume que «l'important est de respecter l'ordre des familles» (hein?) et que «Légumes fleur... ou légumineuses fraîches... rejoignent l'étage des racines», faudrait que je me souvienne ce que sont ces deux catégories.

Quand au manuel pour carnivore, il prétend en couverture qu'il explique comment remplacer peu à peu les produits animaux par autres choses. Mais dès qu'on commence le livre, il expliquer qu'il vaut mieux toujours avoir chez soit 42[3] produit en bocaux différents. Je n'ai pas la place, je ne vois honnêtement pas où je stockerai 5 types de farines différents, trois types d'haricots, etc... Sans parler du matériel, dans la section pâtes, il explique comment se faire des pâtes, ce qui est très simple, il suffit d'avoir la machines à pâte et de tourner. Bon, passons, on va tenter d’assaisonner des pâtes acheté en supermarché, ou même en magasin bio si ça leur fait plaisir. Sauce «Puttanesca», ça a l'air bon. «Videz les tomates de leur pulpe et hachez-les grossièrement». Alors, vider la tomate, comment on fait ça sans détruite totalement la tomate ? La hachez ? C'est mou une tomate, en faire de la purée je veux bien, mais hachez, je vois pas, sauf à la congeler d'abord... Bien sûr, je suis sur que je peux trouver tout ces détails sur internet, où dans «la cuisine de l'étudiant pour les nuls» (qui est pas si mal fait comme bouquin pour débuter, surtout quand on a pas beaucoup de matériel.). Simplement, si je décide de me faire à manger, autre chose qu'un surgelé picard, j'ai bien envie d'avoir tout dans un seul endroit, de ne pas avoir à regarder dans le livre un renvoi vers une autre section, voir vers internet, puisque ce bouquin pour carnivore n'explique nulle part ce que signifie «réservez» (à ce sujet, regarder l'excellent -et trop sexiste hélas- sketch de Gilles Détroit).


En fait, pour l'instant, mes livres de recettes préférés sont la collection «Les bonnes saveurs», où chaque étape est montrée, photo après photo, avec un petit commentaire. C'est le seul cas où je vois ce qu'il faut faire. Bien sûr, ça prend beaucoup plus de page, il y a dans n'importe quel livre de recette standard de cette taille 10 fois plus de recettes. Bien sûr, il y a des étapes dont aujourd'hui je pourrai me passer, car c'est très détaillé et que maintenant il y a des choses qui me semblent évidentes, voir qui sont répété d'une recette à l'autre, comme la manière de faire sauter des oignons. Mais ça ne gène pas, et au moins, je sais ce qu'il faut faire, et ça fait moins peur de s'y mettre. Malheureusement, il n'y a pas de «Les bonnes saveurs, végétariens». Et je n'ai trouvé pour l'instant de livre végétarien qui respecte cette règle de tout expliquer, qui ne compte pas sur mon intelligence, ma connaissance, et me donne juste un algorithme.

En passant, je regrette toujours l'absence d'un livre de recette similaire aux livres de programmation, qui entraîne progressivement à faire des trucs de bases(qui fait un hello world), puis rajoutes un autre truc par dessus(qui rajoute une condition), puis un autre truc (une boucle), et enfin mélange le tout (utilise if ET for). Intuitivement, je me dirai que ça serait le plus simple pour apprendre, non ? Ce n'est même pas fait dans Cooking for geeks, - qui n'est ni une liste de recette de pizza/chips/coca, ni un guide pour copier paint cakes. En fait, j'aurai dit que c'est cooking for nerds, c'est pour comprendre la science qui se déroule derrière la cuisine, et c'est marrant.


P.S. Comme j'ai dit, je mange moins de viande ces dernier temps. Mais c'est presque par hasard. En effet, je me dis d'une part «Tant qu'à manger de la viande, tant qu'à faire tuer des animaux pour mon plaisir[4], autant que ça soit vraiment bon.» Or si je tente de faire une recette sophistiqué, je me dis: «autant en découvrir une nouvelle végétarienne, il y en a plein que je n'ai pas testé dans ces bouquins». Et voilà comment je me retrouve à avoir peu de viande chez moi. Ce que pour l'instant, je n'ai regretté surtout une fois, en sortant de Histoire sans faim, une seul en scène extrêmement émouvant que je ne peux que conseiller à tout le monde, qui parle/met en scène, la jeunesse de l'auteur interprète, qui était anorexique. Je ne connais(sais) rien à ce sujet, et c'est très instructif. Par contre, je n'ai jamais eu aussi faim et autant envie d'un gros morceau de viande qu'en sortant de cette salle de théâtre.

Notes

[1] Je confond toujours les deux librairies.

[2] Un indice, si j'ai acheté ce type de bouquin, c'est qu'on m'a déjà expliqué tout ça.

[3] J'ai compté

[4] J'assume

Commentaires

1. Le mardi 3 mars 2015, 23:17 par Typhon

Quand il te manque un ingrédient, tu peux essayer de faire sans, ou alors de remplacer : http://dilbert.com/strip/1997-12-28

2. Le lundi 9 mars 2015, 15:35 par LCF

De manière générale, avec une poêle et une casserole, tu peux cuisiner l'essentiel. Un four permet les gâteaux/autres cussions lentes sèches, une cocotte minute permet les cuissons humides lentes et/ou haute pression. Le reste, c'est du bonus. (Genre, une machine qui fait des bulles dans l'eau?)
J'avoue avoir besoin du micro onde pour réchauffer des trucs en vitesse (un bol de café le matin...), mais c'est juste Moi.

Recette iranienne,
A base de riz et de lentilles,
Nommée Adas Polow, exceptionnellement sans viande.
Pour deux personnes raisonnablement affamées.

Préparation: Un demi-verre de riz, un demi-verre de lentilles, un oignon, du cumin en poudre (et/ou tout autre épice convenable), de l'huile d'olive, du poivre, du sel, des fruits secs divers (dattes, abricots, raisins...). Une casserole, une poêle.
1) Faire cuire le riz. Faire cuire les lentilles séparément (les temps de cuissons sont différents. Croyez-en mon amère expérience).
2) Faire cuire les rondelles d'oignon dans la poêle, avec une quantité généreuse d'huile d'olive et une cuillère à café de cumin. Quand elles sont dorées, les retirer.
3) S'assurer que la poêle est bien huilée, étaler une bonne couche de riz, une couche de lentille, etc. Au-dessus, remettre les oignons, avec des morceaux de fruits séchés.
4) Ménager un trou pour voir le fond de la poêle (CAPITAL!). Verser de l'eau (ni trop ni trop peu) pour servir de tampon anti-carbonisation. Faire cuire une demi-heure à feu doux ou 20 minutes à feu moyen, avec couvercle.
5) Dans tous les cas, surveiller la cuisson! S'il n'y a plus d'eau au fond (cf le trou), en rajouter un peu.

Assavoir que l'on peut y mettre du bœuf hasché à l'étape deux, ou toute autre viande de ruminant (veau, mouton, agneau, chèvre...).

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet