Lutte contre l'homophobie, 2

Suite du premier billet. J'ai continué à faire des interventions en lycée avec le Mag et j'ai donc d'autres anecdotes à partager.

-Intervenant: un garçon homo c'est un garçon qui aime les garçon. Une fille homo c'est quoi?
-une fille qui aime les garçons?

-Il y a les homos, les hetero et les?
-zoophiles
Je sais, je l'avais déjà sorti dans le dernier billet, mais là c'est aller plus loin. Un élève ne savait pas ce que signifie "zoophile", avant qu'on ait le temps de réagir un autre élève lui explique. Et forcément, le premier a été très surpris. Mais poussé par une curiosité légitime il nous a demandé si ça marchait aussi avec les fruits et légumes.

Il faut savoir que l'on explique qu'on ne peut pas mettre homosexualité sur le même plan que la zoo/pédophilie car on parle de consentement, ce qu'un animal ou un enfant ne peut pas valablement donner. Lélève nous a donc tout naturellement posé des questions sur le consentement des carottes. Et pour la première fois, je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire avec le reste de la classe.

-Mais puisqu'on n'a pas le droit de coucher avant le mariage, comment vous faites ?

-Il y a l'homophobie, l'handiphobie, la transphobie, l'islamophobie, et... ?
-l'arachnophobie
-non. Enfin, oui mais non... sauf à la limite si tu discrimines Spiderman[1].

On en profite pour signaler que les actes homophobes que l'on dénonce peuvent s'appliquer aux autres discriminations. Il n'y a pas une discrimination moins grave qu'une autre, d'ailleurs légalement, elles sont toutes punies de la même façon. Cependant elles ne sont pas toutes identiques dans leur effet, par exemple il y a plus de famille qui rejettent leurs enfants car il est homo/trans qu'à cause de sa couleur de peau.

Un autre point qui relie toutes ces discriminations: les clichés. Quand on parle de couple gay, souvent on nous demande qui fait la femme. J'emprunte ma réponse à Jéromeuh: dans une paire de baguette, qui fait le couteau.

Quand quelqu'un nous parle du rôle du père et de la mère, on leur demande systématiquement de préciser ce qu'ils entendent par là. On essaye de faire une liste avec le rôle du père et de la mère. Et à chaque fois, les élèves réagissent car pour certians, leurs parents ne sont pas comme ça, ce qui nous permet de dire qu'il n'y a pas de vrai rôle défini pour chacun. Ce qui nous a valu la question étonnante:
-Mais dans un couple gay, est-ce qu'il y a forcément un homme qui fait la cuisine ?
(Je souhaite au garçon qui a posé la question de ne jamais vivre seul, il va avoir du mal à se nourrir)

Si on parle de cliché, une remarque classique est "ça se voit qu'il est gay", donc on demande s'ils croient savoir l'orientation sexuel des 2 intervenants. Forcément, des petits malins nous répondent que si on était pas homo, on ne serait pas là. Personnellement, ça me permet de jauger à quel point tel ou tel habit fait gay. En général on me prend plus pour un hétéro si je viens pas rasé en t-shirt que si je viens glabre en chemise.


Et si vous vous demandez à quoi servent ces interventions - et quand le réveil sonne à 6 heures du matin je me pose la question - cet article explique bien ce qu'on combat. Cependant, les interventions n'ont aucun rapport avec le débat sur le mariage pour tous, puisque cela fait au moins 9 ans que le mag fait des IMS, et qu'on devra probablement encore continué plusieurs années.

D'ailleurs, je partage assez le point de vue d'Ad Virgilium, même s'il n'est pas agréable à entendre, en démocratie, heureusement qu'il y a débat. Le plus gros problème que ça m'a posé en IMS, c'est surtout comment répondre à une élève qui me demande
-Monsieur, pourquoi il y a des homophobes. Pourquoi des gens sont opposés au mariage gay ?

P.S.: Si toi aussi tu penses que les IMS, c'est utile, et t'as envie de lutter contre l'homophobie auprès des jeunes, contacte le mag, ou sos homophobie, ou une association lgbt locale, et bouge toi. Le mag couvre grosso modo l'île-de-France, c'est gros, on est quelques dizaines, et même si on n'intervient pas dans autant de lycée qu'on voudrait, on est déjà trop peu nombreux à nous relayer, alors s'il te plait, viens. Et si ça t'effraye, rassure-toi, tu ne seras pas lâché tout seul devant une classe, tu es formé théoriquement, puis tu observes devant les classes comment les autres font pour gérer et parler à la classe, et enfin tu le fais en duo avec un intervenant expérimenté. Et ça m'attriste, mais c'est beaucoup plus que ma formation de chargé de td à l'université.


suite

Note

[1] Un garçon m'a un jour précisé que c'est pas possible car Spiderman n'existe pas

Commentaires

1. Le lundi 4 février 2013, 20:35 par LCF

"-Mais puisqu'on n'a pas le droit de coucher avant le mariage, comment vous faites ?"
J'avoue que celle-ci M'a bien fait rire.

"Selon lui, vu mon t-shirt et ma tête (la barbe ?) il a dit que j'étais sûrement geek et me voyait bien devant mon ordinateur - ce en quoi il a bien raison - et donc m'imagine mal avec une fille."
Woh. Fusillé!

2. Le mercredi 6 février 2013, 11:15 par Typhon

« Si on parle de cliché, une remarque classique est "ça se voit qu'il est gay", »

En l'occurrence, il y a même des fois où ça s'entend :
http://www.erik-satie.com/francis-p...

Et la question, c'est de savoir si ce ton extrêmement affecté, ce style précieux, est un tic, ou résulte d'une décision consciente.
Et pourquoi il paraît dénoncer l'orientation sexuelle de celui qui parle, alors que tout les homosexuels ne parlent pas comme ça, et qu'il doit y avoir des hétérosexuels qui parlent comme ça.

Typhon

3. Le jeudi 7 février 2013, 07:35 par Arthur RAINBOW

Fusillé ?

Typhon, si on va par là, je vais être honnête. Je rêverai de pouvoir parler de corrélation. 

On n'explique, grosso modo, qu'il n'y a pas d'implication, on peut être dans le cliché et/ou homo, l'un n'implique pas l'autre et l'autre pas l'un. De même, on dit qu'on peut être né homme/femme/interesexe et se considérer comme masculin/féminin/androgyne, il n'y a pas d'implication. J'aimerai que le niveau en proba/stat soit assez bon pour être sûr d'être clair si je dis qu'il y a sûrement une corrélation et que ce n'est pas indépendant au sens statistique (et dans le deuxième cas, c'est même certain)

4. Le vendredi 8 février 2013, 23:24 par LCF

"Fusillé"
Au sens "mort de rire".
Il est vrai, Je ne suis pas toujours très clair.
#Labise

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