Ce que m'a appris les cheveux longs

Petit historique de mes cheveux pour d'éventuels lecteurs de ce blog qui ne me verraient pas dans la vraie vie. En novembre 2011, je me coupe les cheveux très courts, pour un sketch à On n'demande qu'à en rire, où je joue un prisonnier. Je les ai laissé poussé jusqu'à juin 2016, où ils faisaient plus de 40cm. En juin, ils ont été coupé. Pour ceux qui s’inquiètent du gâchis, sachez que j'ai essayé de les vendre. Puis de les donner à solid'hair[1]. Une coiffeuse habilité solid'hair m'a engueulé car je ne prenais pas assez soin de mes cheveux, et les considère comme inutilisable. Finalement, une amie me les a coupé, elle tentera de les mettre sur un chapeau, car elle n'arrive pas à utiliser perruque et chapeau à la fois.

Voici donc quelques choses que j'ai appris grâce à ces cheveux. Et grâce à des expérimentations physiques plus ou moins liées. Déjà, contrairement à ce que tentent de faire croire Dixie et Tiny Kong, des cheveux longs ne permettent pas de voler où de ralentir une chute.

Note

[1] Ce n'était pas mon premier choix. Parce que Solid'hair ne donne pas mes cheveux, mais les revends. Puis utilise cette argent pour rembourser des perruques de cheveux à des personnes cancéreuses. Or, si je devais décider de donner de l'argent à des malades, je préférai que ces gens soient libre de choisir le meilleur usage pour l'argent.

Difficile de changer d'avis

Depuis un moment, je ne gardais pas les cheveux longs parce que j'aimais les cheveux longs. Je les gardais, car j'avais peur de changer d'avis et de les regretter. D'ailleurs, je regrette, en y repensant, j'aurai bien gardé une toute petite tresse fine de cheveux, je trouve ça assez beau. Mais, hélas, c'est bien trop tard pour recoller les cheveux coupés. Et plus je les gardais, plus j'avais peur de les couper. Parce que, si je préfère les cheveux courts, alors c'est ridicule de ne pas les avoir coupé plus tôt. Alors que si je les gardais longs, personne ne saurait que je les préférait court. Plus ça allait, plus ma peur du ridicule m’empêchait de les couper. Car, malheureusement, les gens allaient forcément voir que j'avais coupé les cheveux, et m'en parler, moi qui déteste qu'on me signale que j'ai changé.

Je remarque aussi, ce que je savais déjà théoriquement, que des gens permettent de juger le changement que tu fais ou compte faire. Et que c'est assez désagréable, parce qu'alors, mon choix d'action ou d'inaction ne se fera pas que pour moi, mais prendra en compte ce que je m'attend à avoir comme retour de la part d'autrui. Ne serait-ce que la charge mentale de devoir décider si je répond ou non, et ce que je répond.

Entretien

D'abord, 40cm ou 0,5 cm, c'est une différence d'entretien énorme. D'ailleurs, je ne me suis pas encore réhabitué à diminuer la dose de shampoing, j'en gâche énormément ces dernières semaines. De temps en temps, j'aime bien prendre soin de mon apparence, pour des occasions particulières. Mais c'est un jeu, du déguisement, du maquillage comme dans les kermesse quand j'étais enfant. Je comptais aussi prendre soin de mon apparence pour draguer. Parce que, on ne sait jamais quand on peut rencontrer une personne intéressante[1]. Je suis maintenant sûr que, les cheveux longs, c'est un investissement en temps et en action beaucoup plus grand que celui que je suis prêt à mettre.

Pour dire ça autrement, je suis geek, je préfère largement la culture qui demande à s'entretenir le moins possible, à faire au plus rapide, pour garder du temps pour des activités intéressantes. Je suppose que, entretenir son look, créer des styles, pourrait être une activité intéressante[2], mais je ne m'y investissais pas assez pour que ça vaille le coup de garder les cheveux, avec lesquels de toute façon, je ne faisais rien de bien créatif.

De manière plus générale, ça m'a fait réaliser à quel point le physique se travaille. Je sais bien que, une belle apparence, le maquillage, être mannequin, c'est un métier. Mais mon instinct ne savait pas que, s'il voyait quelqu'un de sexy, ou de classe, ce n'était pas une caractéristique intrinsèque de la personne, mais le fruit d'une volonté de ressembler à ça. C'es absurde d'ailleurs, parce que ça me semble plus cohérent d'apprécier une personne pour ce qu'elle choisit de faire que pour ce qu'elle est par hasard. Mais l'attirance physique ne fonctionne pas comme ça, pas logiquement. C'est comme quand tu apprends à bricoler. Avant de savoir bricoler, tu vois des meubles, le mur, les portes, comme un tout fonctionnel. Puis tu apprends comment c'est créer, et quand tu regardes attentivement, tu vois que chaque objet est composé de plusieurs morceau, chacun ayant été fait d'une façon précise. Façon que tu ne connais pas, en général. Mais finalement, t'as pas un objet «placard à porte coulissante», mais tu as tout un tas de petit objets, qui tiennent ensembles. Et j'ai l'impression que c'est de la triche, le placard où la «personne sexy» n'existent plus.

Féminité

Pendant quelques temps, je m'amusais à ne m'occuper que du côté gauche de moi-même. Je le rasais, mettait du vernis sur les ongles de la main gauches, .... Des gens ont cru que je voulais faire mi-homme, mi-femme. Alors que à la base, je voulais faire juste moitié entretien, moitié naturel. Ça m'a vraiment fait réalisé à quel point, être «féminine» prend du temps et était lié à des actions.

Quand je suis entièrement rasé, on me disait madame. Ma voix n'étant pas très masculine, certaines personnes ne se corrigeait pas. Je suis donc sûr que je suis totalement indifférent au fait qu'on me dise monsieur ou madame. Qu'on me parle au féminin ou au masculin. Que, être considéré comme un homme, n'est pas quelque chose auquel j'attache de l'importance. Pour l'anecdote, un soir, j'étais avec deux hommes trans, et une personne non-binaire, et l'on m'a interpellé en me disant «madame». Tant qu'à mégenrer quelqu'un, je trouve assez drôle que ça tombe sur moi.

J'assume ondar

Ce point semblera probablement très étrange. Mais couper mes cheveux veut dire que j'assume d'avoir fait «On n'demande qu'à en rire». C'était là la dernière fois où l'on m'avait coupé les cheveux, et le moi au cheveux court était celui qui avait été vu par plus d'un million de gens. Je ne suis pas très fier de mes passages. Et surtout, avec la télé, des gens te reconnaissent dans la rue. C'est un truc dont Palmade, Robin, Desproge, Dédo[3], Patrick Sébastien,Serge Lama ont parlé sur scène, ce que ça fait quand on te reconnait. Mais c'est un truc que je n'ai compris qu'une fois que je l'ai moi-même vécu. J'ai rit aux sketchs de ces humoristes[4], parce que l'on voyait bien que les gens qui parlent aux humoristes sont des crétins. C'est drôle les crétins. Mais je n'ai vraiment pu commencer à comprendre ce que vivait ces gens qu'en le vivant à mon tour. Et c'est vraiment pas quelque chose d'agréable. Surtout quand tu sais que les gens te connaissent pour une création que toi même tu n'apprécies pas. Donc, j'avais besoin d'avoir un physique différent de celui d'ondar.

Aujourd'hui, que je reprend petit à peu la scène, le stand up, que j'ai changé de style, que j'écris des choses dont je suis content, j'arrive à assumer les erreurs passé, à assumer ondar comme une bêtise de jeunesse, et donc à réavoir les cheveux courts.

Notes

[1] En fait, si. Statistiquement, ces rencontres ont lieu, pour moi, au café poly.

[2] J'ai tenté de lire des sites et livres d'introduction à la couture, parce que ça pourrait être marrant de savoir me créer des costumes fantaisiste, et pas juste des t-shirt à gags. Mais tout ce que j'ai trouvé supposait que tu avais déjà une machine, et quelqu'un pour te montrer les bases avec la machine. Ce qui gâche un peu l'intérêt des livres.

[3] Bon, lui, c'était sur facebook; mais c'est similaire.

[4] Sauf pour Serge Lama, qui a écrit «être star» qui n'est pas drôle.

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