Ce que je n'écris ni ne partage

Je ne sais pas pourquoi je ne partage jamais ces articles, ces témoignages, que je trouve captivant, et que j'aimerai que plus de monde connaisse afin que, le poids de la foule aidant, ces choses ne soient plus admise. Donc, je vais lister quelques raisons pour lesquelles je ne le fais pas. Sans savoir s'il y a une véritable raison dedans.

Il y a un mot-croisillon qui a beaucoup de succès en ce moment[1] [2]: #onVautMieuxQueÇa, Je suis bavard et pourtant je n'ai rien dit à ce sujet, ni ici, ni sur le site qui demande des témoignages. J'ai quelques petites contrariétés, comme le fait de devoir utiliser une partie des vacances d'été[3] pour préparer un cours[4] pour le 12 septembre. Mais franchement, rien de comparable à ce que je peux lire sur ce site. En fait, à part le fait que d'je ne sais jamais ce que je ferais en septembre avec plus de 3 mois d'avances, je trouve que j'ai un boulot vraiment génial !

Alors, certes, je ne parle pas de #onVautMieuxQueÇa. Mais ici, je parle parfois un peu d'activisme, des textes légèrement engagés sur des sujets très précis. En général, en rapport avec mes activités, ou avec ce que j'entend dans les milieux que je fréquente. Mais je n'aborde jamais la jungle de Calais, la loi travail, les attentats dans des pays qui ne font pas la une des journaux... Sur le blog, c'est pas vraiment surprenant, après tout, je n'ai rien à dire à ces sujets. Pas de réflexion personnelle. Je pourrai tout au plus répéter ce que je lis et m'indigner.

Mais sur les réseaux sociaux, je n'en parle pas non plus. Et non seulement je n'en parle pas, mais je ne partage rien, je retweet extrêmement rarement des choses non-drôles. Tout au plus je like sur facebook (sur twitter, mon like signifie juste que je veux garder le tweet avec un lien pour le lire plus tard). Parfois, je m'en sens un peu coupable, parce que si j'apprend tant de trucs en lisant ce que des amis[5] partagent, peut-être que mes amis seraient intéressé par des trucs que je trouvent intéressants.

Pour prendre juste un exemple, narrant des anecdotes d'intervention en milieu scolaire sur twitter, j'abordai la question des gay camp, ces colonies de vacances ou les parents mettent leurs enfants gays pour les faire redevenir hétéro. Numa Chassot, quelqu'un que je connais du monde de la saga mp3, et pour autant que je sache pas spécialement dans le milieu activiste LGBT, s'était étonné dans un tweet: «Wow. Y a pas beaucoup de gens qu'en parlent, c'est dommage. C'est pas normal que ça existe.» Donc j'ai probablement bien fait de partager un lien à ce sujet. Et je suppose que, cette remarque, marcherait pour tout un tas d'horreur que je lis, mais qui ne font pas la une des médias traditionnels. S'il n'existait qu'une dizaine d'horreur au monde, on pourrait déplorer que la 10ème soit ignorée. Mais vu le nombre d'injustices, il n'est juste pas possible de tout connaître. Et, pourvu qu'on ait envie d'agir, il est impossible d'agir pour toutes les causes.


D'abord, il y a le fait que j'ai des doutes. J'ai toujours peur de partager un hoax. Je ne fais pas spécialement confiance aux journaux, ne serait-ce qu'à cause du nombre d'erreur que j'ai vu dans les rares articles où j'étais compétents. Et j'ai besoin d'une grande certitude, d'être vraiment totalement convaincu, avant de songer aller partager quelque chose. En particulier, quand il s'agit de témoignage d'une personne que je ne connais pas, car alors ma confiance repose sur la bonne foi d'un inconnu. Et même s'il y a plein d'inconnus de bonne foi, je soupçonne qu'il y a des tartufes. Il est bien trop simple de créer une histoire pour que personne ne s'en serve pour avancer leur agenda.

Et puis, j'ai un défaut, qui est horrible pour un prof. J'ai tendance à supposer que ce que je connais, tout le monde est déjà au courant depuis longtemps [6]. Après tout, les trucs important, je les vois passer et repasser, alors il n'y a pas de raison que la majorité des autres n'en aient jamais entendu parler.

Je crois que j'ai aussi peur des désaccord. Beaucoup des sujets que je pourrai partager sont polémiques. Et j'aurai énormément de mal à partager un article si je ne suis pas capable de le défendre contre des attaques construites. Pour prendre un premier exemple, j'ai récemment écrit un article sur la non-mixité, où je disais pourquoi ça m'avait semblé choquant, et pourquoi ça ne me le semblait plus. Mon propre article, j'ai eu du mal à le défendre, puisque la plupart des commentaires que j'ai reçu (sur facebook), n'abordaient pas l'article elle-même, mais la notion de non-mixité. Et pourtant, dans l'article, je ne prétend pas que la non-mixité soit une méthode efficace ou indispensable. Juste que ça me choquait moins qu'avant. Pour un autre exemple, un ami facebook partage régulièrement des articles du strass, le syndicat du travail sexuel. C'est typiquement un sujet à polémique. Et si, à priori, les opinions du strass me semblent en général assez argumenté pour me convaincre, et me dire qu'il y a des situations tellement choquantes qu'il est bon de les faire connaître. Je n'ai cependant pas cherché à me renseigner suffisamment sur les gens qui attaquent les idées du strass pour être certains de n'avoir pas laissé passer des failles importantes auxquels je ne pensais pas.

Un dernier point. J'aurai peur que, par ma faute, ces articles tristes tombent sous les yeux de gens pas prêt à lire ça. De rajouter une couche négative à quelqu'un qui ne va déjà pas bien. Dans l'absolu, je préfère que quelqu'un aille se renseigner par lui-même quand il est prêt à découvrir comment est une partie du monde; sauf que ce n'est pas possible de se renseigner partout. Ainsi, typiquement, moi-même, je sais que je n'avance dans le podcast cases rebelle que si je suis suffisamment en forme pour pouvoir encaisser les nouvelles horreurs que je vais forcément entendre.

Notes

[1] Ce qui vous donne une idée de combien de temps ce billet a été dans mes brouillons

[2] Je crois que j'insiste sur mes brouillons dans ces derniers billets, pour réaffirmer à un ami qu'il a tort quand il me dit que je ne me relis pas

[3] J'ai pas passé 3 jours sans écrire d'article/thèse depuis l'été 2014, autant dire que j'avais hâte d'avoir ses vacances

[4] le premier cours que je donne, la 1ère fois que je ne suis plus cantonné aux TD/TP

[5] au sens facebook, je ne le repréciserait pas ici. Et on peut dire que ce mot englobe les followers twitter.

[6] à part pour mes créations, que je suppose que personne ne connaît.

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