Du fait de ne pas cacher l'homosexualité.

Un article auquel je pense depuis un moment, pour répondre à une question que j'ai entendu plein de fois.
Rien que le titre est dur à trouver... peut être:

Pourquoi je ne cache pas mon homosexualité

Encore que on m'a plutôt demandé pourquoi j'« affichais » mon homosexualité.

Ça me fait un peu de bien d'y penser et de mettre le fruit des réflexions par écrit, et au moins la prochaine fois je saurai quoi répondre... De plus, ce n'est pas si dure, plein de personne on déjà réfléchie à la question avant moi, et je peux faire plein de citation!
« l'art de la citation appartient à ceux qui n'ont pas assez d'esprit pour penser par eux-mêmes » aurait dit Voltaire[1], c'est probablement encore vrai... Mais je ne prétends pas être un grand penseur.
Enfin, je précise qu'aucun nom ne correspond à une personne réelle... Donc tous les garçons s' appellerons Arthur, et toute les filles Zoé[2].

On peut très bien vivre sans se poser la question «Je suis homo, je le dis ou je fais comme si de rien n'était », surtout si on est hétéro. En fait, uniquement si on est hétéro, un gay se la posera forcément d'une manière ou d'une autre, voilà pourquoi:

Si j'en crois les personnes d'un certain age, quand elles étaient à l'école, les discours entre élèves étaient très prudes... Je n'apprendrai rien aux élèves d'aujourd'hui en disant que ce n'est pas toujours le cas, et que écrire qu'on peut parfois entendre des allusions ayant potentiellement un double sens est une énorme litote.

Sans aller extrêmement loin, si l'on me demande par exemple: « qui est-ce que tu trouves jolie dans la classe », avec le e de joliE sous-entendu... Je n'y ai pas réfléchi, mais je peux à la limite trouver un nom... Dans un lycée avec deux filles pour un garçon, il y en avait des belles. Mais ensuite vient, "tu voudrais sortir avec ?", plusieurs solutions sont possibles: mentir et dire oui... au risque d'ailleurs que ça aille plus loin sans qu'on le veuille. Dire non, et être insultant... Ou rester évasif, ce qui a toujours été ma méthode, arguant que Figaro disait « Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. », et je ne veux insulter personne, donc j'ai toujours refuser de répondre à la première question.

Cela m'a donné une réputation de benêt, de sot, que j'ai un peu cultivé parce qu'elle m'amusait. Elle étaient d'ailleurs mérité, puisque si j'avais remarqué que je ne ressentais envers les filles aucune de ces envie décrite par les autres garçons, il a fallu attendre la première pour que je réalise que les garçons me plaisent, et que j'apprenne ce qu'est l'homosexualité.

Enfin, il existe une dernière réponse, ce que j'ai fait, un jour, en terminale, et que je n'ai jamais regretté:
« Avec qui tu voudrais sortir?
-Arthur »

Soit dit en passant, Arthur, qui ne s'appelle pas Arthur, l'a très bien pris, m'a dit que j'étais sympathique mais qu'il était hétéro... Presque comme s'il s'excusait. C'est à ce moment là que j'ai compris la citation entendue sur le disque de Nicolas Bacchus. « Il avait dit non ou quelque chose comme ça. Pire, il l'avait dit si gentiment qu'on aurait jurer avoir entendu le contraire. »

Mais ça, certains l'appellent « afficher » son homosexualité, et certains disent qu'il ne faut pas. Soit parce que la personne est homophobe, ce qui est un autre problème, soit simplement parce que ça peut gêner, c'est de la vie privée et ça c'est sacrée... C'est à ça que je tente de répondre.

Alors, venons au fait: pourquoi je ne me cache pas. Tout d'abord par égoïsme, car, comme disait Ruquier, « ça ne se voit pas forcément et ça fait rater des occasion, c'est bête. ». Encore quel les résultat ne soient pas flagrants.

Plus sérieusement, je disais plus haut que souvent, on avait le choix entre mentir, éluder, ou jouer à l'hétéro. Je vous assure que c'est très très dur mentalement, et quand je dis ça, je parle vraiment d'une sorte de douleur, ainsi que d'impression de chose honteuse à cacher, et je ne connais aucun gay qui ne soit pas de mon avis. Aujourd'hui encore, entendre que je devrai me taire me donne soit envie de pleurer soit me met dans une rage folle, souvent les deux. Je n'ai aucune explication rationnelle, je vous livre les fait bruts.
« Ce n'est pas comme avouer un mensonge
d'ailleurs, je n'ai pas honte de moi
c'est crever l'abcès qui me ronge
et finir en paix avec moi » Le privilège, [3].

Je ne me cache pas, aussi, pour des raisons « communautaire », mais pas dans le sens où une communauté vivrait ensemble, tel qu'il peut y avoir au Village ou dans le Marais. Simplement dans le sens « pour les autres ».

Je n'apprendrai rien à personne que l'homophobie a existé, et existe encore, et c'est d'ailleurs pour se « protéger » d'eux qu'on conseille de se cacher. « Oui mais, tu comprends, avec google, n'importe qui peut faire une recherche avec ton nom, ils vont trouver ce billet, et si le DRH est homophobe, t'auras pas le boulot ». Certes, c'est possible, il y a forcément un peu de risque... J'ose les assumer, ce qui d'ailleurs n'est pas une tache énorme.

Je ne suis pas un expert de l'histoire de l'homosexualité, mais j'ai cru comprendre que beaucoup ont du se battre pour permettre une avancée de nos droits, en payant parfois un très lourd tribut. Harvey Milk avait dit « Si une balle devait traverser mon cerveau, laissez-la briser aussi toutes les portes de placard », et il est effectivement mort par balle.
Je n'ai rien d'un martyr, en ce lieu et en ce temps, je doute fortement qu'on me tue à cause de ça, mais j'aime à penser que c'est un hommage à eux, de vivre une vie gay sans avoir à se cacher. Un peu comme l'élection d'Obama n'a pu se faire sans penser à Luther King.

Si l'on vit sans se cacher, les gens voient qu'on n'est pas différent, et ça aide à faire accepter... c'est ma petite lutte.
D'ailleurs, il y a des choses en retour qui fond vraiment chaud au cœur, comme cette personne qui m'avait fait comprendre que c'est en me voyant m' « assumer » (sic), et en voyant qu'il n'y avait pas de problème, qu'il a osé faire son « coming-out ».
Cela donne vraiment l'impression d'être utile et d'aider.

Notes

[1] D'après un spectacle de Gerald Dahan, qui l'aurait piqué à Ruquier.

[2] Début et fin de l'alphabet, j'ai pas mieux... et je ne connais aucune Zoé

[3] chanson au répertoire de Michel Sardou, avec des paroles de Didier Barbelivien

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